Imaginez-vous à 35 ans, découvrant l’élite d’un sport que vous pratiquez depuis des années, face aux meilleurs du monde, dans des stades vibrants d’énergie. C’est l’histoire de Cyril Blanchard, talonneur du RC Vannes, qui, à un âge où beaucoup envisagent la retraite, savoure chaque instant du Top 14. Son parcours, fait de persévérance, de passion et d’un lien indéfectible avec la Bretagne, est une ode à la détermination. Comment cet ancien joueur de Fédérale 1 est-il devenu un pilier de l’élite rugbystique ? Plongeons dans son aventure.
Un Talonneur Tardif dans l’Élite
Cyril Blanchard n’est pas un novice du rugby, mais son arrivée dans le Top 14, à 35 ans, a quelque chose d’exceptionnel. Originaire d’Arras, ce colosse de 1,75 m et 111 kg a rejoint Vannes en 2017, après des années en Fédérale 1. Aujourd’hui, il foule les pelouses des plus grands stades, de Toulouse à Bayonne, avec une joie communicative. « Je prends tout ce qu’il y a à croquer », confie-t-il, un sourire dans la voix, lors d’une pause café au centre d’entraînement vannetais.
Sa saison 2024-2025 est une révélation. Avec 21 apparitions en Top 14, dont 12 comme remplaçant, il incarne le rôle de finisseur, prêt à entrer en jeu pour dynamiser son équipe. Sous la houlette de Jean-Noël Spitzer, manager du RC Vannes, Blanchard s’épanouit. Mais qu’est-ce qui rend son parcours si inspirant ? C’est sa capacité à progresser sans cesse, à 35 ans, et à vivre chaque match comme une célébration.
De la Fédérale 1 au Top 14 : Une Ascension Improbable
Il y a dix ans, Cyril Blanchard évoluait en Fédérale 1, un niveau amateur où les rêves de Top 14 semblent lointains. À l’époque, il ne se projetait pas dans l’élite. « Je ne me suis jamais dit que j’allais jouer en Top 14 », admet-il. Pourtant, son arrivée à Vannes marque un tournant. Le club, alors en Pro D2, gravit les échelons, et Blanchard avec lui. Son transfert depuis Bourg-en-Bresse, où il jouait en Fédérale 1, témoigne d’une ambition discrète mais tenace.
« J’ai découvert le Top 14 sur le tard, ce n’est que du plaisir, et j’essaie d’en prendre un maximum. »
Cyril Blanchard
Son parcours illustre une vérité du rugby : le talent brut ne suffit pas. À Vannes, il a trouvé un environnement propice, avec un centre d’entraînement moderne et une culture de travail acharné. Même les jours de repos, les talonneurs, dont Blanchard, se retrouvent pour perfectionner leurs lancers. « On n’est pas les plus talentueux, alors on travaille plus », explique-t-il. Cette éthique collective est au cœur de l’identité du RC Vannes.
Un Athlète en Constante Évolution
À 35 ans, beaucoup de rugbymen ressentent les limites de leur corps. Pas Cyril Blanchard. « Je pense être aujourd’hui un meilleur athlète », affirme-t-il avec conviction. Comment ? Grâce à un entraînement diversifié et innovant. Par exemple, il travaille l’apnée avec Pascal Bury, un spécialiste de la pêche sous-marine, pour améliorer sa capacité respiratoire. Il peaufine aussi ses lancers avec Goulven Le Garrec, père d’un joueur professionnel, dans des séances méticuleuses.
Ces efforts constants se traduisent sur le terrain. Blanchard progresse dans des aspects techniques comme la mêlée ou les touches, mais aussi dans sa condition physique. « Je progresse tous les jours, c’est ça qui donne envie de continuer », dit-il. Cette soif d’apprentissage, rare à cet âge, fait de lui un modèle pour ses coéquipiers et les jeunes qu’il entraîne, y compris ses deux fils de 8 et 9 ans.
Les clés de la progression de Blanchard :
- Travail rigoureux sur les lancers, même les jours off.
- Séances d’apnée pour booster l’endurance.
- Engagement total dans l’entraînement collectif.
- Mentalité de toujours chercher à s’améliorer.
La Ferveur Bretonne : Un Moteur Unique
Le RC Vannes, ce n’est pas qu’un club. C’est l’âme d’un territoire. Blanchard évoque avec émotion l’engouement des supporters, les drapeaux bretons dans les stades, et l’atmosphère électrique du stade de la Rabine. « On a l’impression d’être investis d’une mission », confie-t-il. Cet élan populaire donne une dimension particulière à chaque match, même à l’extérieur, comme lors du déplacement à Bayonne, un stade réputé imprenable.
Cette connexion avec la Bretagne transcende le sportif. Quand Vannes s’entraîne à Plouharnel ou Pontivy, les habitants se déplacent pour encourager l’équipe. Cette ferveur rappelle celle des grands clubs européens, mais avec une touche d’authenticité bretonne. Pour Blanchard, c’est une source de motivation : « On sent un souffle, une énergie qui nous porte. »
Entre Passion et Équilibre
Le Top 14 est exigeant, physiquement et mentalement. Pourtant, Blanchard reste imperméable au découragement. Même après des défaites cruelles, comme celle contre La Rochelle à la dernière seconde, il garde le moral. Comment ? En cultivant des passions annexes. Pêcheur sous-marin aguerri, il trouve dans la mer un refuge pour se ressourcer. Il consacre aussi du temps à entraîner des jeunes, dont ses fils, même s’ils ne semblent pas encore prêts à embrasser la première ligne.
« À chaque fois, j’ai des frissons. Tu joues contre les meilleurs joueurs du monde, dans des stades remplis. »
Cyril Blanchard
Cet équilibre entre rugby, famille et hobbies est essentiel. Blanchard incarne une approche saine du sport de haut niveau, où la performance ne se fait pas au détriment du bien-être. Sa joie de vivre, son surnom de « chouchou de la Rabine » parmi les supporters, témoignent de cette personnalité attachante.
Le RC Vannes : Une Équipe Soudée face aux Défis
Le RC Vannes, promu en Top 14, savait que la saison serait rude. Avec un classement difficile, l’équipe lutte pour le maintien. Pourtant, l’état d’esprit reste positif. Blanchard insiste sur la cohésion du groupe, forgée par des années de complicité. « Notre histoire, c’est celle d’un territoire », souligne-t-il. Cette unité est un atout face aux mastodontes du championnat.
Le match contre Bayonne, un adversaire redoutable à domicile, est un exemple des défis à relever. Mais Vannes aborde ces rencontres avec audace. Blanchard, souvent remplaçant, apporte son expérience et son énergie en fin de match, un rôle qu’il accepte avec humilité. « Jean-No me donne ce rôle de finisseur, et je l’embrasse », dit-il.
Un Avenir encore à Écrire
En 2024, Blanchard a signé un contrat de deux ans, pensant qu’il s’agirait de son dernier. Aujourd’hui, il n’est plus si sûr de raccrocher. « C’est dur d’arrêter quand tu te sens bien », avoue-t-il. À 35 ans, il se sent au sommet de sa forme, et son enthousiasme est contagieux. Pour lui, le rugby n’est pas seulement un métier, mais une source de joie et d’accomplissement.
Son histoire résonne au-delà du sport. Elle parle de résilience, de la beauté de saisir les opportunités tardives, et de l’importance de rester connecté à ses racines. À Vannes, Blanchard n’est pas seulement un joueur : il est un symbole de l’esprit breton, un ambassadeur d’un club qui rêve grand.
Statistiques de Cyril Blanchard (2024-2025) | Détails |
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Apparitions en Top 14 | 21 |
Matchs comme remplaçant | 12 |
Rôle principal | Finisseur |
L’aventure de Cyril Blanchard est loin d’être terminée. À Bayonne, sous les drapeaux bretons, il continuera de porter les couleurs de Vannes avec fierté. Son histoire nous rappelle que, dans le sport comme dans la vie, il n’est jamais trop tard pour briller. Et si, à 35 ans, la vie ne faisait que commencer ?