Sur l’île de Mayotte, le passage dévastateur du cyclone Chido a plongé l’hôpital de Mamoudzou dans une situation de crise sans précédent. Malgré les dégâts considérables subis par l’établissement, les équipes médicales se mobilisent jour et nuit pour assurer la continuité des soins vitaux à la population.
Un Hôpital Meurtri mais Toujours Debout
Les violentes rafales et les pluies diluviennes ont soufflé les vitres, inondé les services et détruit du matériel essentiel. Pourtant, dans ce chaos, la vie continue de s’accrocher. D’après des sources proches de l’établissement, pas moins de quatre accouchements ont eu lieu en pleine tempête, dont une césarienne réalisée malgré l’inondation du bloc opératoire.
Après des hésitations, beaucoup d’efforts et un peu de risque, la mère a accouché par voie naturelle et son bébé est né en bonne santé.
– Un témoin de la scène
Dans la maternité la plus importante de France avec environ 10 000 naissances par an, les soignants ont dû mettre à l’abri une quarantaine de patientes dans une petite pièce sécurisée suite à l’arrachement d’une porte par les vents.
Le Dévouement Exemplaire des Soignants
Face à l’ampleur des dégâts, c’est le professionnalisme et l’abnégation des équipes médicales qui forcent le respect. Avec des secteurs entiers inutilisables, un manque cruel de médicaments et des conditions de travail dégradées, les soignants de Mamoudzou font preuve d’un dévouement exemplaire pour maintenir l’activité hospitalière.
L’hôpital a subi de gros dégâts, mais il a continué de fonctionner malgré les difficultés.
– Jean-Mathieu Defour, directeur de l’établissement
Des renforts sont déjà arrivés sur place pour prêter main forte aux équipes locales éreintées par quatre jours de mobilisation intensive. Des lits de camp ont été installés sur les pelouses pour permettre au personnel de se reposer entre deux gardes.
La Menace des Maladies Hydriques
Si les urgences vitales sont pour l’instant gérées efficacement grâce à l’installation d’un poste médical avancé, les médecins s’inquiètent des risques sanitaires dans les semaines à venir. Avec les problèmes d’hygiène liés à la catastrophe, la résurgence de maladies hydriques comme les gastro-entérites ou même le choléra est à craindre.
Là où ça va être chaud, c’est dans les semaines qui viennent avec les maladies gastro-entérites, les questions d’hygiène.
– Un médecin de l’hôpital
Par mesure de précaution, la tente d’accueil des patients suspectés de choléra, maladie dont l’épidémie avait été déclarée terminée en juillet dernier, a été remontée.
Un Établissement Déjà Fragilisé avant le Drame
Il faut rappeler que le Centre Hospitalier de Mayotte rencontrait déjà de nombreuses difficultés avant le passage du cyclone Chido. En juin dernier, une cinquantaine de médecins avaient manifesté pour alerter sur le manque criant de personnel soignant, dénonçant notamment des nuits sans médecin au SAMU.
Cette catastrophe naturelle aura mis en exergue de façon dramatique les failles d’un système de santé à bout de souffle. Les dégâts matériels considérables et l’épuisement des équipes risquent de fragiliser durablement la prise en charge médicale sur l’île.
Un Défi Logistique et Humain de Taille
Pour faire face à cette situation inédite, des moyens exceptionnels vont devoir être déployés. Au-delà des réparations d’urgence, c’est toute l’organisation des soins qui va devoir être repensée pour s’adapter aux réalités post-cycloniques.
Il faudra faire preuve de créativité et de résilience pour maintenir un service public hospitalier digne de ce nom malgré les contraintes. Un véritable défi logistique et humain qui va nécessiter la mobilisation de tous les acteurs : soignants, autorités sanitaires, associations, population…
Cette crise va durer. Nous allons devoir nous serrer les coudes et inventer de nouvelles façons de travailler pour continuer à soigner les Mahorais.
– Une infirmière de Mamoudzou
Dans cette épreuve, Mayotte peut compter sur la solidarité nationale. Déjà, des renforts affluent de toute la France pour prêter main forte aux équipes locales. Un formidable élan de générosité qui redonne espoir et courage à toute une population meurtrie.
Car au-delà des murs de l’hôpital, c’est toute une île qui va devoir se reconstruire. Chido laisse derrière lui un territoire dévasté où tout est à rebâtir. Un immense chantier qui commence dès aujourd’hui et qui va requérir la mobilisation de tous dans un esprit d’unité et d’entraide.