L’archipel de Mayotte peine à se relever après le passage dévastateur du cyclone Chido samedi dernier. Balayé par des vents à plus de 200 km/h, le 101ème département français déplore un lourd bilan humain. Mais plus de cinq jours après le drame, de nombreuses zones d’ombre persistent sur le nombre exact de victimes.
Un Bilan Provisoire Qui Questionne
Selon le dernier bilan officiel communiqué par les autorités, le cyclone Chido a fait 31 morts et plus de 2100 blessés à Mayotte. Parmi les victimes, 22 décès ont été recensés à l’hôpital et 9 signalés par des communes. Mais ces chiffres provisoires semblent en total « décalage avec la réalité des 100 000 personnes qui vivent dans un habitat précaire », relève le ministère de l’Intérieur. Un constat partagé par le président Emmanuel Macron, en visite sur l’île jeudi, qui estime que le nombre de morts est « vraisemblablement » très supérieur.
Des Victimes Difficiles à Comptabiliser
Plusieurs facteurs expliquent la difficulté à établir un bilan humain précis. L’habitat très précaire dans lequel vivait une grande partie des victimes potentielles a été balayé par le cyclone. Mayotte étant à majorité musulmane, la tradition veut que les défunts soient enterrés très rapidement. « Un grand nombre de personnes décédées sont probablement enterrées avant de pouvoir être reconnues et comptabilisées officiellement », explique-t-on au ministère de l’Intérieur.
La Crainte de « Charniers à Ciel Ouvert »
Très vite après le passage de Chido, le préfet François-Xavier Bieuville avait évoqué la possibilité de « plusieurs centaines, peut-être un millier, voire quelques milliers » de morts. Depuis, les rumeurs vont bon train sur l’île. Certains évoquent des fosses communes dans des zones reculées encore inaccessibles. « On est face à des charniers à ciel ouvert. Personne n’est venu récupérer les corps ensevelis », alerte la députée Estelle Youssouffa.
Une Course Contre la Montre Pour Établir la Vérité
Face à ces zones d’ombre, les autorités ont diligenté une mission de recherche confiée à des gendarmes. Un recensement des habitants est aussi en cours, commune par commune, en lien avec les élus locaux et les associations. Les forces de l’ordre tentent également d’entrer en contact avec les autorités religieuses pour obtenir des informations sur d’éventuels enterrements qui auraient eu lieu hors des radars. Une course contre la montre est engagée « pour identifier des victimes supplémentaires, leur mettre un nom et pouvoir leur rendre hommage », a insisté Emmanuel Macron. Le président promet « la vérité des chiffres » sur ce bilan qui s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus lourds de l’histoire de Mayotte.