Mayotte, ce petit bout de France dans l’océan Indien, se réveille groggy après le passage dévastateur du cyclone Chido. Les stigmates de la catastrophe sont partout. Maisons détruites, routes coupées, réseaux d’eau et d’électricité hors-service… Le bilan provisoire fait état de 31 morts et plus de 1300 blessés, mais beaucoup craignent que ce ne soit que la partie émergée de l’iceberg.
« C’est un drame sanitaire qui va se jouer », alerte un médecin du centre hospitalier de Mayotte, lui-même très endommagé. Sans eau potable ni électricité, les risques d’épidémies explosent. L’armée et la sécurité civile tentent de déblayer et de ravitailler une population sous le choc. Plus de 100 tonnes d’aide humanitaire ont été acheminées en urgence.
« Je n’ai jamais vu une catastrophe d’une telle ampleur sur le sol national », s’alarme le Premier ministre
– François Bayrou
Mayotte, l’oubliée de la république face au chaos
Cette catastrophe sans précédent met en lumière la situation très précaire de Mayotte, 101ème département français mais le plus pauvre. Sur cette île aux allures de poudrière, 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté et un tiers dans des habitats de fortune, faits de tôle et de bois. Le cyclone a tout balayé.
« Mayotte cumule tous les maux », décrypte un expert. Délinquance galopante, immigration clandestine massive depuis l’archipel des Comores voisin, services publics débordés… Le cyclone est un coup de trop pour une île déjà en souffrance.
L’état d’urgence déclaré, l’armée en renfort
En visite éclair sur place, le président Emmanuel Macron a décrété « l’état d’urgence » et annoncé le déploiement de moyens exceptionnels. Des navires militaires et des avions-cargos acheminent en continu du matériel et des vivres. Le porte-hélicoptères Mistral, véritable hôpital flottant, a été envoyé en renfort.
Policiers et gendarmes quadrillent le territoire pour tenter de contenir les pillages qui se multiplient. « On ne peut pas laisser le chaos s’installer », martèle le ministre de l’Intérieur, en référence au couvre-feu instauré sur toute l’île.
Reconstruire malgré les défis
Au-delà de l’urgence, c’est la reconstruction qui s’annonce titanesque. Routes, écoles, réseaux… Tout est à refaire alors que Mayotte part de très loin. Le président promet un « plan Marshall » et de la « solidarité nationale ». Mais beaucoup s’interrogent : l’État saura-t-il cette fois être à la hauteur ?
« La reconstruction devra s’attaquer aux problèmes structurels de l’île », prévient un élu local. Immigration, insécurité, habitat indigne… Ces plaies béantes de Mayotte ont été cruellement révélées par Chido. Pour beaucoup, il est temps de ne plus « mettre sous le tapis » ces défis. La catastrophe climatique pourrait être l’électrochoc pour enfin régler les difficultés récurrentes.
« Il faudra reloger durablement les sinistrés, mais aussi les migrants qui s’entassent dans des bidonvilles insalubres », avance un expert.
– Selon une source proche du dossier
Une autre priorité sera de sortir les services publics du sous-dimensionnement chronique. « On ne pourra pas reconstruire à effectifs et budgets constants. Il faudra donner à Mayotte les moyens d’un département français normal », prévient un haut-fonctionnaire.
Une reconstruction sous haute surveillance
Le temps presse car un nouveau danger guette l’île meurtrie : la saison des pluies. « Sans abris solides, on court à une nouvelle catastrophe sanitaire », alerte un médecin.
Pour éviter cela, la reconstruction se fera sous haute surveillance de l’État, promet le gouvernement. Des « référents reconstruction » seront déployés dans chaque village pour coordonner les chantiers. L’armée prêtera main forte avec des milliers de soldats.
Une course contre la montre s’engage donc à Mayotte. Entre larmes et décombres, l’espoir renaît doucement. Au milieu des ruines, des voix s’élèvent pour demander que cette catastrophe soit l’occasion d’un vrai renouveau pour l’île aux parfums. Les Mahorais rêvent que leur petit bout de France dévasté ne soit plus « l’oublié de la République ».