Face à l’ampleur des dégâts causés par le passage du cyclone Chido à Mayotte, le Président Emmanuel Macron a décidé de prolonger sa visite dans l’archipel. Initialement prévu pour quelques heures, le chef de l’État restera finalement jusqu’à vendredi afin de se rendre dans les zones les plus reculées et d’évaluer l’étendue de la catastrophe. Une décision qui témoigne de la gravité de la situation sur place.
Un lourd bilan humain et matériel
Selon un bilan encore provisoire, le cyclone Chido a fait au moins 31 morts et près de 1 400 blessés. Mais les autorités craignent que ces chiffres ne soient en réalité bien plus élevés. Dans de nombreuses localités, notamment celles où vivent les populations les plus précaires dans des habitations de fortune, il est encore impossible de recenser précisément le nombre de victimes.
On est face à des charniers à ciel ouvert. Il n’y a pas de sauveteurs. Personne n’est venu récupérer les corps ensevelis.
Estelle Youssouffa, députée de Mayotte
Outre les pertes humaines, ce sont près de 70% des habitants qui ont été gravement touchés par le cyclone. De nombreux bâtiments et infrastructures ont été détruits ou lourdement endommagés, à l’image de l’hôpital de Mamoudzou dont les vitres ont été soufflées et certains services inondés. La population fait face à d’importantes pénuries d’eau potable, de nourriture et d’électricité.
Des Mahorais en détresse
Lors de ses échanges avec les habitants, Emmanuel Macron a pu mesurer leur désarroi et leur colère face à cette situation de crise. Beaucoup ont exprimé leur sentiment d’abandon, estimant que les secours n’étaient pas arrivés suffisamment vite dans certaines zones.
Les secours, ils sont pas arrivés chez moi. Ce n’est pas normal. On n’a pas besoin de promesses, on a besoin des actes !
Un responsable associatif interpellant Emmanuel Macron
D’autres s’inquiètent de la recrudescence des vols et des pillages dans ce contexte de chaos, alors qu’un couvre-feu est en vigueur depuis mardi. Certains craignent même que la situation ne dégénère comme en Haïti si des mesures ne sont pas prises rapidement pour rétablir la sécurité.
Rebâtir et sécuriser Mayotte
Face à l’urgence, le président a annoncé une série de mesures pour venir en aide aux Mahorais. Il promet notamment la mise en place d’un fonds d’indemnisation pour les sinistrés non assurés, sans toutefois en préciser encore le montant. Des « maraudes » seront également lancées dès cet après-midi pour tenter de recenser les victimes dans les zones les plus inaccessibles.
Emmanuel Macron s’est aussi engagé à ce que la moitié de l’électricité et de l’eau courante soient rétablies d’ici demain dans la majeure partie de l’archipel. Pour les communes les plus isolées en revanche, il faudra sans doute plusieurs semaines avant un retour à la normale. Le chef de l’État a appelé à changer les « compétences » et les « règles » pour accélérer la reconstruction.
Autre priorité affichée, le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. Une problématique récurrente sur l’archipel, qui fragilise encore davantage le territoire et complique la gestion de crise. Le président assure qu’il faut combattre ce fléau « en même temps » que l’on reconstruit les écoles, les logements et les hôpitaux.
Les défis de la reconstruction
Au-delà de la gestion de l’urgence, c’est un véritable défi qui attend désormais l’État et les collectivités locales pour rebâtir durablement Mayotte. Emmanuel Macron en a conscience et se veut rassurant, martelant qu’il n’a « jamais lâché » le territoire et qu’il ne peut pas « laisser dire que l’État aurait démissionné ».
On a été capables de rebâtir notre cathédrale en cinq ans. Ce serait quand même un drame qu’on n’arrive pas à rebâtir Mayotte.
Emmanuel Macron
Reste à savoir si ces promesses présidentielles seront suivies d’effets concrets et rapides pour répondre à la détresse des Mahorais. Car au-delà des dégâts matériels, c’est tout un archipel meurtri qu’il va falloir aider à se reconstruire, tant sur le plan des infrastructures que sur le plan humain et social. Un immense chantier en perspective.