Mayotte, ce petit archipel français perdu dans l’océan Indien, a été frappé de plein fouet par le cyclone Chido ces derniers jours. Alors que les vents violents s’estompent à peine, les secours doivent déjà faire face à un défi de taille : porter assistance aux sinistrés dans des conditions extrêmes.
Un aéroport hors-service, une mer démontée
Le cyclone n’a pas fait de cadeau aux infrastructures mahoraises. L’aéroport de l’île a vu sa tour de contrôle sévèrement endommagée, rendant tout atterrissage impossible pour le moment. Du côté de la mer, les vagues atteignent des creux de sept mètres, transformant la navigation en véritable parcours du combattant.
Face à cette situation, les quelque 1600 policiers et gendarmes déployés sur place tentent tant bien que mal de se frayer un chemin pour atteindre les populations en détresse. Une source proche du ministère de l’Intérieur a fait savoir qu’une « mobilisation maximale » des forces de l’ordre avait été ordonnée.
Des renforts qui se font attendre
Pour épauler les effectifs déjà présents sur l’île, des renforts sont en cours d’acheminement depuis la métropole et La Réunion voisine. Une centaine de sapeurs-sauveteurs et sapeurs-pompiers doivent prendre la route de Mayotte dans les prochaines heures.
Mais leur arrivée s’annonce compliquée. Avec l’aéroport à l’arrêt, il va falloir trouver d’autres solutions pour débarquer ce précieux contingent sur l’île. Une source militaire évoque la possibilité d’un largage en mer, si les conditions le permettent, avec un acheminement jusqu’à terre par des navettes maritimes.
La Légion et ses hélicos en renfort
Des renforts pourraient également venir des rangs de la Légion étrangère. Selon le général Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, les légionnaires du 5ème régiment, basés à Mayotte, « peuvent aussi intervenir » si besoin.
L’armée compte également sur l’apport de ses hélicoptères, capables d’intervenir là où les routes sont coupées. Un appareil léger est justement attendu dans la soirée sur la frégate Floréal, actuellement au large de l’île. Sa mission : effectuer des reconnaissances pour évaluer plus finement les besoins sur le terrain.
Un casse-tête logistique
Entre l’aéroport à l’arrêt, les routes impraticables et la mer en furie, l’acheminement des secours et du matériel à Mayotte s’apparente à un véritable casse-tête logistique. « La conduite d’une opération de secours, c’est toujours un casse-tête. Après, là, l’ampleur est assez inédite », confie à demi-mot une source militaire.
Dans ce contexte si particulier, chaque livraison de matériel, chaque renfort humain compte. Un avion cargo est justement attendu dans la nuit de dimanche à lundi, avec à son bord de précieux groupes électrogènes et du matériel de déblaiement. De quoi donner un peu d’air aux Mahorais, privés d’électricité depuis plusieurs jours.
Une catastrophe aux répercussions durables
Au-delà de l’urgence immédiate, les autorités redoutent des répercussions à long terme de ce cyclone sur le fragile équilibre de Mayotte. « Étant donné l’ampleur du sinistre et les impacts potentiels en fonction des bilans, il pourrait y avoir des effectifs supplémentaires et des moyens spécialisés qui seraient envoyés dans les prochains jours », prévient d’ailleurs une source proche des opérations.
Un constat partagé par les experts, qui rappellent que Mayotte, malgré son statut de département français, reste un territoire vulnérable, avec des infrastructures et des services publics souvent précaires. Le passage de Chido pourrait bien laisser des traces durables sur l’île aux parfums.
La solidarité nationale à l’épreuve
Face à l’ampleur de la tâche, les autorités en appellent maintenant à la solidarité nationale. Des collectes de dons doivent être organisées dans les prochains jours en métropole, alors que le gouvernement promet des « moyens exceptionnels » pour venir en aide à Mayotte.
Une solidarité qui sera mise à l’épreuve des faits dans les prochaines semaines, alors que Mayotte entame un long et difficile processus de reconstruction. Les images de dévastation qui nous parviennent de l’île sont là pour nous le rappeler : face aux cyclones, même les départements français ne sont pas à l’abri.
