Les relations sino-américaines se sont à nouveau tendues suite à une cyberattaque présumée d’origine chinoise contre le département du Trésor des États-Unis. Selon des informations transmises au Congrès américain, des hackers seraient parvenus à dérober des documents en contournant la sécurité informatique du Trésor plus tôt ce mois-ci. La Chine a vivement réagi à ces allégations, les qualifiant d' »infondées » et dénonçant une tentative de Washington de « diffuser de fausses informations » à son encontre.
Une intrusion inquiétante dans les systèmes du Trésor
D’après les éléments communiqués, un pirate informatique aurait réussi à obtenir l’accès à une clé utilisée par un prestataire de services du Trésor. Cela lui aurait permis de pénétrer à distance certains postes de travail et de mettre la main sur des documents non classifiés. Une faille de sécurité préoccupante qui soulève des questions sur la vulnérabilité des systèmes gouvernementaux face aux menaces cyber.
Le Trésor a immédiatement contacté l’Agence américaine de cybersécurité et travaillé avec les forces de l’ordre pour évaluer l’ampleur de l’intrusion. Son fournisseur BeyondTrust, dont le service a été compromis, a été mis hors ligne. Aucune preuve n’indique pour l’instant que les pirates conservent un accès aux informations dérobées.
La Chine pointée du doigt, Pékin se défend
Dans un courrier adressé au Congrès, le département du Trésor a attribué cette cyberattaque à « un acteur APT soutenu par l’État chinois ». Les APT (Advanced Persistent Threats) sont des menaces persistantes avancées où un intrus établit un accès non autorisé durable à un système en restant indétectable.
La Chine a fermement démenti ces accusations. Une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que son pays « s’oppose à toute forme d’attaques de pirates informatiques » et « encore davantage à la diffusion de fausses informations à l’encontre de la Chine à des fins politiques ». Pékin affirme que ces allégations sont « infondées » et « ne disposent d’aucune preuve ».
Un contexte de méfiance envers les cyberactivités chinoises
Cet incident intervient dans un climat de suspicion croissante de plusieurs pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis, envers les activités de piratage informatique pilotées par le gouvernement chinois. Washington accuse régulièrement Pékin de mener des cyberattaques visant ses administrations, son armée et des entreprises stratégiques.
En septembre dernier, le département américain de la Justice affirmait avoir neutralisé un vaste réseau de cyberattaques touchant 200 000 appareils dans le monde, opéré selon lui par des hackers soutenus par la Chine. En février, les autorités américaines annonçaient aussi le démantèlement d’un groupe baptisé « Volt Typhoon » qui s’en prenait à des infrastructures critiques sur ordre présumé de Pékin.
Microsoft alerte sur le piratage de comptes gouvernementaux
Le géant technologique Microsoft a lui aussi tiré la sonnette d’alarme en 2023 sur des intrusions de hackers basés en Chine dans les comptes de messagerie de plusieurs agences fédérales américaines. Parmi les victimes figureraient le département d’État ainsi que la secrétaire au Commerce Gina Raimondo.
Face à ces accusations répétées, la Chine maintient ses dénégations. Elle affirme lutter activement contre toutes les formes de cyberattaques et rejette catégoriquement les soupçons pesant sur ses services de renseignement.
Quelles conséquences pour les relations sino-américaines ?
Cette cyberattaque présumée contre le Trésor intervient à un moment délicat entre Washington et Pékin. Les deux superpuissances s’affrontent déjà sur de multiples dossiers, du commerce aux droits de l’Homme en passant par Taïwan et la mer de Chine. Ces nouvelles révélations risquent d’envenimer encore davantage leurs relations.
Malgré la fermeté des démentis chinois, les soupçons persistent côté américain. Le département du Trésor a promis un rapport détaillé sur l’attaque dans les prochains jours. De quoi relancer le débat sur la nécessité de renforcer les défenses cyber des institutions et entreprises face à la menace grandissante des intrusions étrangères.
Au-delà du duel sino-américain, c’est toute la communauté internationale qui s’alarme de la recrudescence des actes de cyberespionnage et de cybersabotage. Un défi majeur à l’heure où nos sociétés dépendent toujours plus du numérique et où les frontières entre conflits physiques et guerres de l’information s’estompent. La sécurité collective passe aussi désormais par la maîtrise du cyberespace.
