Dans une troublante révélation, un journaliste indépendant cubain a récemment accusé les autorités de son pays de l’avoir contraint à l’exil en raison de son travail d’investigation et de ses publications critiques sur les réseaux sociaux. Ce témoignage choc met en lumière les pressions constantes et les méthodes répressives employées par le régime communiste pour museler toute voix dissidente.
Un journalisme engagé malgré les menaces
Depuis plusieurs années, ce reporter originaire de Camagüey, dans le centre de Cuba, se distinguait par ses enquêtes pointues et ses dénonciations des dérives du pouvoir en place. Malgré les pressions récurrentes et son éviction de l’université où il enseignait le journalisme, il avait courageusement poursuivi son travail, publiant régulièrement sur les réseaux sociaux des contenus qui dérangeaient.
Mais la situation s’est envenimée ces derniers mois. Convoqué à plusieurs reprises par la police, condamné à une amende pour avoir soi-disant enfreint la loi sur les télécommunications, le journaliste a vu l’étau se resserrer dangereusement autour de lui. Fin avril, alors qu’il se rendait à La Havane, il a été interpellé et placé en détention pendant cinq jours, soumis à des interrogatoires quotidiens éprouvants.
Un exil sous la contrainte
C’est finalement sous la pression insoutenable exercée par la sécurité d’État que ce journaliste intègre s’est résolu à quitter son pays natal. « Le régime cubain m’a exilé », a-t-il déclaré depuis le Guyana où il a trouvé refuge. Et d’ajouter : « Mon journalisme, mes publications sur les réseaux sociaux et mes dénonciations ont touché leur talon d’Achille ».
Son histoire, loin d’être un cas isolé, illustre le climat étouffant dans lequel évoluent les rares médias indépendants à Cuba. Si quelques pure players ont vu le jour ces dernières années, ils survivent dans un vide juridique précaire, demeurant inaccessibles sans VPN pour les Cubains.
La liberté de la presse en sursis
Car sur l’île, la nouvelle loi sur la communication adoptée en 2023 est sans équivoque : seuls les médias d’État, sous contrôle du Parti communiste, sont considérés comme légaux. Une manière implacable de garder la mainmise sur l’information et d’étouffer toute voix critique.
Détentions courtes, coupures d’internet, criminalisation et chômage forcé sont des tactiques utilisées par le gouvernement cubain pour réprimer la dissidence.
Amnesty International
Face à cette dérive liberticide, les réactions internationales se font entendre. Plusieurs ONG de défense de la liberté de la presse comme Reporters sans frontières ou PEN International s’étaient mobilisées pour réclamer la libération du journaliste lors de sa détention. De son côté, l’antenne Amériques d’Amnesty International a vivement dénoncé l’arsenal répressif déployé par le régime cubain pour faire taire les voix dissidentes.
Mais au-delà de ces condamnations, c’est un véritable électrochoc qui semble nécessaire pour que Cuba respecte enfin ses engagements en matière de liberté d’expression et de liberté de la presse. Car derrière chaque exil forcé de journaliste se profile la mise sous silence de tout un pan de la société civile cubaine, privée de son droit fondamental à une information libre et plurielle.
Le témoignage poignant de José Luis Tan Estrada doit nous interpeller sur le sort de ces femmes et de ces hommes qui, à Cuba comme dans d’autres pays, risquent quotidiennement leur liberté pour exercer leur métier d’informer. Leur combat courageux pour la vérité mérite notre soutien et notre vigilance indéfectibles. Car c’est en défendant ceux qui éclairent l’obscurité que nous protégeons la flamme vacillante mais essentielle de la démocratie.
