Imaginez-vous dans une ville où l’obscurité devient la norme, où le ronronnement des générateurs s’arrête brutalement, laissant place à un silence pesant. C’est la réalité que vivent des millions de Cubains en ce samedi de mars 2025, alors qu’une nouvelle panne électrique générale paralyse l’île. Ce n’est pas un incident isolé : en moins de six mois, c’est la quatrième fois que le pays plonge dans le noir, révélant une crise énergétique qui ne cesse de s’aggraver.
Une Île à Bout de Souffle
Avec ses 9,7 millions d’habitants, Cuba traverse une période sombre, au sens propre comme au figuré. La vétusté de son système électrique, combinée à une crise économique profonde, expose la population à des coupures quasi quotidiennes. Mais que se passe-t-il vraiment derrière ces blackouts à répétition ? Plongeons dans les causes, les conséquences et les espoirs ténus d’une nation épuisée.
Un Système Électrique au Bord de l’Effondrement
La panne de ce vendredi soir, survenue dans une sous-station en périphérie de la capitale, a mis hors service l’ensemble du réseau national. D’après une source proche des autorités, cet incident n’est que le symptôme d’un problème bien plus vaste : des infrastructures vieillissantes, incapables de supporter la demande. Les huit centrales du pays, construites pour la plupart il y a plus de 30 ans, tombent en panne les unes après les autres.
À cela s’ajoute une dépendance aux combustibles importés, un défi colossal pour une île sous embargo depuis des décennies. Les générateurs et centrales flottantes, loués à l’étranger, peinent à fonctionner faute de carburant disponible. Résultat : des délestages qui durent parfois plus de 20 heures dans certaines régions.
La Vie Quotidienne à l’Épreuve
Pour les habitants, chaque coupure est un combat. Une octogénaire du quartier du Vedado à La Havane confie son désarroi :
Que Dieu nous aide, ce pays va de mal en pis ! J’ai peur pour la nourriture dans mon frigo, elle va pourrir si ça continue.
– Une habitante de La Havane
Ses mots résonnent comme un cri du cœur partagé par beaucoup. Dans la capitale, les pannes durent en moyenne quatre à cinq heures par jour, mais en province, elles s’étendent parfois sur une journée entière. Les familles doivent s’adapter, improviser, et souvent jeter ce qu’elles ne peuvent conserver.
Des Réponses d’Urgence, mais Insuffisantes
Face à cette situation, les autorités tentent de limiter les dégâts. Ce samedi matin, des circuits parallèles ont été activés dans plusieurs provinces pour alimenter les secteurs jugés prioritaires, comme les hôpitaux, ainsi que certains quartiers résidentiels. Le président cubain a annoncé sur les réseaux sociaux que les unités de production commençaient à se reconnecter au réseau principal, mais sans donner de délai précis.
Cette réponse, bien que rapide, reste un pansement sur une plaie béante. Les trois blackouts majeurs de fin 2024, dont un survenu pendant un ouragan, ont déjà montré les limites de ces solutions temporaires. En février, le gouvernement avait même suspendu toutes les activités pendant deux jours pour éviter un effondrement total du système.
Une Crise aux Racines Profondes
Pourquoi Cuba en est-elle arrivée là ? La réponse tient en trois mots : **économie**, **infrastructures**, **embargo**. La crise économique, qui sévit depuis des années, empêche le pays de moderniser ses équipements. Les centrales, datant pour la plupart des années 80 et 90, sont à bout de souffle. Quant à l’embargo américain, en place depuis 1962, il complique l’importation de pièces détachées et de carburant.
- Centrales obsolètes : construites il y a plus de 30 ans.
- Combustible rare : importations freinées par des restrictions internationales.
- Finances à sec : pas de fonds pour rénover le réseau.
Cette combinaison toxique laisse peu de marge de manœuvre au gouvernement, qui jongle entre gestion de crise et promesses d’avenir meilleur.
L’Espoir des Parcs Solaires
Pour sortir de l’impasse, les autorités misent sur une solution verte : l’énergie solaire. En 2025, pas moins de 55 parcs solaires, équipés de technologie chinoise, devraient voir le jour. Ces installations promettent de produire 1 200 mégawatts, soit environ 12 % de la capacité énergétique totale du pays. Une lueur d’espoir dans un horizon bien sombre.
Mais cette ambition soulève des questions. Les travaux avancent-ils assez vite ? Les financements suivront-ils ? Et surtout, ces parcs suffiront-ils à compenser un système au bord de la rupture ? Pour l’instant, les Cubains attendent, sceptiques mais résilients.
Un Quotidien dans l’Ombre
Chaque blackout raconte une histoire de survie. Les habitants s’organisent comme ils peuvent : certains cuisinent tout de suite leurs provisions, d’autres rallument des bougies ou des lampes à pétrole. Dans les rues, l’ambiance oscille entre résignation et colère contenue. Les pannes ne sont plus une surprise, mais elles usent les nerfs.
| Région | Durée moyenne des coupures | Impact |
| La Havane | 4-5 heures | Aliments périssables menacés |
| Provinces | Jusqu’à 20 heures | Vie quotidienne paralysée |
Ces chiffres, bien que glaçants, ne traduisent pas l’épuisement ressenti par la population. Chaque jour sans électricité est un jour de plus à lutter pour les besoins les plus élémentaires.
Vers un Avenir Incertain
Alors que 2025 débute à peine, cette nouvelle panne générale pose une question lancinante : combien de temps Cuba pourra-t-elle tenir ainsi ? Les efforts pour synchroniser les unités de production et installer des parcs solaires montrent une volonté de réagir, mais le chemin reste long. Entre infrastructures obsolètes et contraintes internationales, l’île semble coincée dans une spirale difficile à briser.
Pourtant, au milieu de cette obscurité, la résilience des Cubains brille. Ils continuent de vivre, d’espérer, et de chercher des solutions là où le système échoue. Reste à savoir si 2025 sera l’année du sursaut ou celle d’une chute encore plus profonde.
Un pays dans le noir, mais pas encore dans l’oubli.
Et vous, que feriez-vous si l’électricité disparaissait soudainement de votre quotidien ? À Cuba, cette question n’est plus hypothétique, mais une réalité brutale qui façonne chaque jour un peu plus l’histoire d’une nation.
