ÉconomieInternational

Cuba Adopte un Taux de Change Flottant pour Relancer son Économie

Cuba vient de franchir un pas décisif : un taux de change flottant pour récupérer les précieux dollars qui échappent à l'État. À 410 pesos pour un dollar, est-ce le début d'une stabilisation ou le prélude à de nouveaux bouleversements ? La réponse pourrait changer le quotidien de millions de Cubains...

Imaginez vivre dans un pays où le dollar américain circule plus librement que la monnaie nationale sur les trottoirs. À Cuba, cette réalité quotidienne vient de prendre un nouveau tournant avec l’introduction d’un taux de change flottant. Une décision qui pourrait bien redessiner le paysage économique de l’île, en pleine tempête depuis plusieurs années.

Une Mesure Inédite pour Récupérer les Devises Perdues

Le gouvernement cubain a annoncé, en ce mois de décembre 2025, la mise en place d’un régime de change intégrant un taux flottant. L’objectif est clair : inciter les acteurs économiques à vendre leurs devises étrangères au système bancaire d’État plutôt que sur le marché informel.

Ce taux, déterminé par le marché mais régulé par la banque centrale, affichait dès son lancement un dollar à 410 pesos cubains. Un chiffre inférieur d’environ 30 pesos à celui pratiqué sur le marché parallèle, que les autorités souhaitent progressivement neutraliser.

Cette initiative s’inscrit dans un programme plus large visant à corriger les distorsions macroéconomiques et à stimuler une économie en souffrance. À terme, l’ambition affichée est d’aboutir à un taux de change unique.

Le Contexte d’une Crise Profonde

Pour comprendre cette décision, il faut remonter à 2021. Une réforme monétaire majeure avait alors unifié les deux monnaies en circulation et autorisé le développement des petites et moyennes entreprises privées. Mais la pénurie persistante de devises a rapidement fait émerger un marché parallèle très actif.

Conséquence directe : une dépréciation massive du peso cubain et une inflation jamais vue auparavant. Le pouvoir d’achat des Cubains s’est effondré, rendant la vie quotidienne extrêmement difficile.

Après l’échec relatif de cette réforme, les autorités avaient instauré deux taux officiels fixes : 24 pesos pour un dollar dans le secteur des entreprises, et 120 pesos pour les particuliers. Des cotations maintenues, selon le Premier ministre, pour éviter des dévaluations brutales qui auraient encore détérioré la valeur de la monnaie nationale.

Le Taux Flottant : Une Stratégie Risquée mais Nécessaire ?

En introduisant ce nouveau régime, la banque centrale espère que les exportateurs et autres détenteurs de devises choisiront le circuit officiel. Le taux de 410 pesos, légèrement plus avantageux que le marché noir, pourrait constituer un incitant suffisant.

Cette mesure s’accompagne d’une dollarisation partielle renforcée. En 2025, le gouvernement a étendu la circulation du dollar dans le secteur privé, auparavant limitée aux magasins d’État et à la vente de carburant. Une reconnaissance implicite que la monnaie nationale peine à remplir toutes ses fonctions.

Le Premier ministre a d’ailleurs reconnu devant le Parlement que le manque de devises restait un problème majeur. Une franchise rare qui souligne l’urgence de la situation.

Le maintien des cotations fixes vise à éviter des dévaluations brutales et la détérioration du pouvoir d’achat de la population.

Manuel Marrero, Premier ministre cubain

Les Indicateurs Économiques Inquiétants

Fin novembre 2025, l’inflation annuelle s’établissait à 14,95 %. Un chiffre en baisse par rapport aux sommets précédents, mais qui reste élevé et pèse lourdement sur les ménages.

Sur les cinq dernières années, le PIB cubain a chuté de 11 %. Aucune prévision de croissance n’a été communiquée pour 2025, signe d’une prudence extrême des autorités.

Cuba, avec ses 9,6 millions d’habitants, traverse une crise économique grave. Plusieurs facteurs se conjuguent :

  • Le durcissement des sanctions américaines
  • La faible productivité de l’économie planifiée
  • La chute drastique du tourisme, notamment après la pandémie
  • Les effets persistants de la réforme monétaire de 2021

Vers un Taux de Change Unique : Un Objectif Lointain

Le nouveau régime de change flottant n’efface pas les deux taux officiels existants. Il vient s’ajouter à ceux-ci, créant temporairement trois cotations différentes. Un patchwork monétaire qui reflète la complexité de la transition.

Les autorités présentent cette étape comme transitoire. L’idée est de progressivement converger vers un taux unique, plus réaliste et reflétant les fondamentaux économiques.

Mais ce chemin s’annonce semé d’embûches. Le marché parallèle, profondément enraciné, ne disparaîtra pas du jour au lendemain. La confiance dans le système bancaire officiel devra être reconstruite.

Les Conséquences pour la Population

Pour les Cubains ordinaires, ces changements monétaires sont avant tout source d’incertitude. Le peso continue de perdre de sa valeur, et l’accès aux biens essentiels reste compliqué.

La dollarisation partielle offre un soulagement temporaire à ceux qui ont accès aux devises étrangères, souvent via les envois de la diaspora. Mais elle accentue aussi les inégalités entre ceux qui reçoivent des dollars et les autres.

Dans les rues de La Havane ou de Santiago, les échanges informels de devises restent une pratique courante. Le nouveau taux flottant parviendra-t-il à détourner une partie de ce flux vers les canaux officiels ?

Une Économie à la Croisée des Chemins

Cette réforme monétaire intervient dans un contexte particulièrement difficile. Les pénuries de carburant sont telles que les sessions parlementaires se tiennent désormais en visioconférence.

Le tourisme, traditionnellement une source importante de devises, peine à redémarrer pleinement. L’économie planifiée montre ses limites en termes de productivité et d’adaptabilité.

Pourtant, l’ouverture progressive au secteur privé et ces ajustements monétaires témoignent d’une volonté de correction. Le gouvernement semble conscient que des mesures radicales sont nécessaires pour sortir de l’impasse.

À retenir : Cuba expérimente un taux de change flottant à 410 pesos pour un dollar, dans l’espoir de capter les devises du marché informel et de poser les bases d’une unification monétaire future.

Les prochains mois seront décisifs. Si le taux flottant parvient à attirer des devises vers le système officiel, il pourrait constituer un premier pas vers une stabilisation. Dans le cas contraire, la crise risque de s’approfondir davantage.

Une chose est sûre : l’économie cubaine reste un sujet fascinant à suivre. Entre héritage révolutionnaire, contraintes externes et tentatives de réforme, l’île navigue en eaux troubles, à la recherche d’un modèle viable pour l’avenir.

Cette nouvelle page monétaire pourrait marquer un tournant. Ou simplement révéler, une fois de plus, la profondeur des défis structurels auxquels Cuba est confronté.

(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les balises et répétitions structurelles pour une lecture fluide et approfondie.)

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.