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Crypto-mining : Les Estoniens Derrière HashFlare Plaident Coupable

Sergei Potapenko et Ivan Turõgin, les cerveaux estoniens derrière l'arnaque crypto HashFlare, ont plaidé coupable de fraude électronique. Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison pour avoir volé 577 millions de dollars à des investisseurs du monde entier. La justice va-t-elle faire un exemple ?

L’univers des cryptomonnaies continue d’être secoué par des scandales retentissants. Les derniers en date concernent deux entrepreneurs estoniens, Sergei Potapenko et Ivan Turõgin, cofondateurs de HashFlare. Ce mercredi, ils ont plaidé coupable devant la justice américaine pour avoir orchestré une gigantesque arnaque de crypto-mining ayant fait perdre 577 millions de dollars à des centaines de milliers d’investisseurs à travers le monde.

Âgés tous deux de 40 ans, Potapenko et Turõgin avaient été arrêtés en novembre 2022 en Estonie, leur pays natal, avant d’être extradés vers les États-Unis pour y être inculpés de 18 chefs d’accusation. Face à l’ampleur des charges pesant contre eux, ils ont finalement choisi de plaider coupable hier d’un seul chef, celui de conspiration en vue de commettre une fraude électronique. Une infraction qui reste toutefois passible de 20 ans de réclusion.

Un mirage de puissance de calcul vendu aux investisseurs

De 2015 à 2019, les deux compères ont réussi à convaincre les clients de HashFlare de louer un pourcentage de la puissance de calcul dédiée au minage de cryptomonnaies de leur entreprise. En échange, les investisseurs devaient toucher un pourcentage des cryptoactifs générés. Mais en réalité, HashFlare ne disposait que d’une infime partie du matériel informatique qu’elle prétendait détenir, moins de 1% de la puissance de calcul vendue par Potapenko et Turõgin.

Quand les clients ont voulu réclamer leurs gains, les deux escrocs ont multiplié les manœuvres dilatoires, invoquant différents prétextes pour retarder les paiements. Dans certains cas, ils ont remboursé les investisseurs floués avec des cryptomonnaies achetées sur le marché, et non minées par HashFlare comme cela aurait dû être le cas.

Un train de vie fastueux sur le dos des victimes

Les documents judiciaires révèlent que les deux Estoniens ont utilisé l’argent détourné pour s’offrir un train de vie luxueux :

  • Nombreux investissements immobiliers
  • Achat de voitures de sport haut de gamme
  • Dépenses somptuaires en tous genres

Dans le cadre de leur accord de plaider-coupable, Potapenko et Turõgin se sont engagés à abandonner des avoirs d’une valeur de plus de 400 millions de dollars, qui serviront à indemniser leurs victimes. La sentence définitive sera prononcée le 8 mai prochain par un tribunal de Seattle.

Ivan et Sergei dirigeaient des entreprises florissantes, fournissaient de vrais services, employaient près de 100 Estoniens et menaient des actions caritatives en Estonie. Comme Ivan l’a admis [mercredi], l’une de leurs sociétés avait promis de miner de la crypto et l’a fait, mais pas autant que promis.

Andrey Spektor, avocat d’Ivan Turõgin

Malgré ces arguments de la défense cherchant à minimiser les faits, il semble peu probable que la justice américaine fasse preuve de clémence envers ce duo d’arnaqueurs. Au vu de l’importance du préjudice et du nombre de victimes, les procureurs devraient requérir une peine proche du maximum légal. Une manière de dissuader ceux qui seraient tentés de les imiter et d’envoyer un message fort : même avec des montages alambiqués, les escrocs du crypto-mining ne resteront pas impunis.

HashFlare, un cas loin d’être isolé

L’affaire HashFlare illustre malheureusement les dérives qui gangrènent encore trop souvent l’écosystème des cryptoactifs. Avec la promesse de gains faciles et rapides, le crypto-mining et les services associés attirent une foule d’investisseurs, parfois crédules. Un terreau fertile pour les individus mal intentionnés, prêts à tout pour s’enrichir sur le dos des autres.

Comme Potapenko et Turõgin, d’autres figures du secteur ont récemment défrayé la chronique pour des arnaques d’ampleur :

  • BitClub Network : ses fondateurs risquent jusqu’à 20 ans de prison pour une fraude de 722 millions de dollars
  • EmpiresX : un système de Ponzi démantelé après avoir escroqué des investisseurs pour 100 millions de dollars
  • MTI : la plus grosse arnaque crypto d’Afrique du Sud, 588 millions de dollars partis en fumée

Ces exemples montrent l’urgence de mieux réguler l’industrie des cryptomonnaies et de renforcer la protection des investisseurs. Sans un cadre légal strict et des sanctions dissuasives, les prédateurs continueront de proliférer, entachant durablement l’image et la crédibilité de ce secteur en pleine maturation. Le jugement à venir dans l’affaire HashFlare sera scruté de près, car il donnera le ton de la réponse judiciaire face à ces dérives inacceptables.

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