Imaginez marcher dans une ville classée au patrimoine mondial, les pieds dans une eau boueuse qui monte jusqu’à la taille. Les lanternes traditionnelles flottent comme des souvenirs perdus. C’est la réalité brutale que vit Hoi An cette semaine.
Une Semaine Sous des Pluies Historiques
Depuis dimanche, le centre du Vietnam ploie sous des précipitations d’une violence rare. Certaines zones ont reçu jusqu’à 1,7 mètre d’eau en 24 heures. Un record qui dépasse l’entendement et qui a transformé des provinces entières en vastes lacs.
Les autorités ont comptabilisé au moins dix victimes et huit personnes portées disparues. Des chiffres froids qui cachent des drames humains profonds. Des familles séparées, des vies brisées en quelques heures.
Hoi An, Joyau Culturel Englouti
La vieille ville de Hoi An, habituellement envahie par les touristes, ressemble désormais à une Venise apocalyptique. Les rez-de-chaussée des boutiques centenaires sont submergés. Les habitants pataugent dans les rues, sauveteurs d’un patrimoine en péril.
Les niveaux d’eau atteignent trois mètres dans certaines zones. Les ponts sont devenus des cascades. Les marchés flottent littéralement.
« Je ne pense pas avoir déjà connu une inondation aussi longue et aussi grave de ma vie »
Thi Thi, habitante de Danang, 58 ans
Danang Bat un Record de 60 Ans
À une vingtaine de kilomètres au nord, la rivière de Danang a débordé à un niveau jamais vu depuis six décennies. Les digues cèdent une à une. Les autorités alertent : d’autres inondations sont attendues dans les 48 heures.
Les habitants évacuent en urgence. Certains refusent de quitter leurs maisons, accrochés à l’espoir que l’eau redescendra. D’autres n’ont plus rien à sauver.
Un Bilan Matériel Catastrophique
Plus de 128 000 maisons sont inondées dans cinq provinces centrales. Des villages entiers ont disparu sous les eaux. Les routes sont coupées sur des kilomètres par les glissements de terrain.
Le ministère de l’Environnement dresse un constat accablant :
- 5 000 hectares de cultures détruits
- 16 000 bovins tués
- Des ponts emportés
- Des écoles fermées sine die
L’agriculture, pilier de l’économie locale, est décimée. Les paysans regardent leurs champs transformés en marécages, le fruit d’une année de travail englouti.
Un Contexte Climatique Alarmant
Cette catastrophe n’arrive pas seule. Début octobre, les typhons Bualoi et Matmo avaient déjà frappé le nord du pays. En neuf mois, 187 personnes ont péri ou disparu à cause de catastrophes naturelles au Vietnam.
Les pertes économiques s’élèvent à près de 525 millions d’euros. Un chiffre qui donne le vertige et qui interroge sur la capacité du pays à faire face à ces événements de plus en plus fréquents.
Les scientifiques sont formels : le réchauffement climatique rend les phénomènes extrêmes plus intenses, plus fréquents et plus destructeurs.
La Résilience des Vietnamiens à l’Épreuve
Face à l’adversité, les communautés s’organisent. Des bateaux de fortune transportent vivres et médicaments. Les voisins s’entraident pour sauver ce qui peut l’être. Une solidarité née dans la boue et la peur.
Les enfants jouent dans l’eau, comme si c’était un jeu. Les anciens racontent les inondations passées, mais jamais comme celle-ci. Une génération entière marque son histoire par ce déluge.
Et Demain ?
Les prévisions météo restent sombres. D’autres pluies sont attendues. Les secours s’organisent, mais les moyens sont limités. La question n’est plus de savoir si une nouvelle crue arrivera, mais quand.
Le Vietnam, habitué aux caprices de la nature, doit désormais composer avec une réalité nouvelle. Celle d’un climat qui ne pardonne plus. Celle d’un avenir où chaque saison des pluies pourrait ressembler à un cauchemar.
À Hoi An, les lanternes flottent toujours. Symbole d’espoir ou d’adieu ? Seuls les habitants le savent. Mais une chose est sûre : cette crue marquera les mémoires pour longtemps.
(Article rédigé à partir des informations officielles disponibles au 30 octobre 2025. Les chiffres peuvent évoluer avec les nouveaux bilans.)
