Selon un récent rapport de l’ONU Commerce et Développement (Cnuced), le commerce maritime mondial devrait enregistrer une croissance modeste de 2% en 2024, après avoir augmenté de 2,4% en 2023 pour atteindre 12.292 millions de tonnes. Cependant, cette reprise post-pandémie reste fragile face aux nombreux défis qui menacent le secteur.
Un avenir incertain pour le transport maritime
D’après le rapport, l’efficacité, la fiabilité et la durabilité du commerce maritime sont mises à rude épreuve par un cocktail explosif de risques géopolitiques, de changement climatique et de vulnérabilités des principales routes commerciales. Comme le souligne la secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, le secteur affronte “une nouvelle vague de perturbations” alors qu’il commençait à peine à se remettre des bouleversements liés au Covid-19 et à la guerre en Ukraine.
Perturbations majeures des grandes artères maritimes
Les principales routes maritimes, véritables “artères” du commerce international, ont été fortement perturbées ces derniers mois, entraînant des retards, des réacheminements de navires et une explosion des coûts :
- Le trafic dans les canaux de Panama et de Suez a chuté de plus de 50% à la mi-2024, en raison de la sécheresse et des tensions géopolitiques
- Le réacheminement des cargaisons autour du Cap de Bonne-Espérance a fait grimper les coûts, les délais et les émissions de CO2
- La congestion portuaire, la consommation de carburant, les salaires des équipages et les primes d’assurance ont bondi
Selon des sources proches du secteur, cette situation met sous pression l’ensemble de la logistique mondiale et fragilise les chaînes d’approvisionnement. La demande de navires a augmenté de 3% et celle de porte-conteneurs de 12%.
Flambée des coûts et menace sur la croissance
L’escalade des coûts du transport maritime se répercute inévitablement sur les tarifs d’expédition facturés aux clients finaux. Cette hausse des prix “exacerbe l’inflation et sape la croissance économique”, alerte la Cnuced, avec un impact encore plus fort pour les petits États insulaires et les pays les moins avancés.
Si les crises affectant les canaux de Panama et de Suez perdurent, les prix mondiaux à la consommation pourraient grimper de 0,6% d’ici 2025 selon les projections de l’ONU. Un scénario noir qui pèserait sur le pouvoir d’achat déjà malmené des ménages.
L’enjeu crucial de la décarbonation du secteur
Au-delà des turbulences immédiates, le transport maritime doit aussi relever le défi existentiel du changement climatique. Représentant 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le secteur est appelé à accélérer sa transition énergétique.
Mais début 2024, seules 50% des commandes de nouveaux navires portaient sur des bâtiments capables d’utiliser des carburants alternatifs bas-carbone. Dans le même temps, le démantèlement des vieux navires polluants a ralenti en raison des taux de fret élevés et des besoins accrus de capacités.
Pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, un virage majeur s’impose donc dans les choix technologiques et les investissements du secteur maritime. Un enjeu décisif pour l’avenir du commerce international et la lutte contre le réchauffement climatique.