Malgré un contexte économique incertain, le Brésil surprend les observateurs avec une croissance de 0,9% au troisième trimestre 2024. Un résultat légèrement supérieur aux prévisions des analystes, qui tablaient sur une hausse de 0,8% du Produit intérieur brut (PIB) selon un sondage du quotidien Valor.
Une croissance tirée par les services et l’industrie
Si le rythme de croissance a ralenti par rapport aux deux premiers trimestres (+1,1% et +1,4%), il reste soutenu. Le rebond de l’activité économique depuis le début de l’année se confirme, après une quasi-stagnation au second semestre 2023. Sur un an, le PIB brésilien progresse de 4%.
Les secteurs des services (+0,9%) et de l’industrie (+0,6%) ont été les principaux moteurs de cette croissance. Ils ont compensé le recul de l’agriculture (-0,9%), pénalisée par des événements climatiques extrêmes comme une sécheresse record et des inondations dévastatrices dans le sud du pays.
Consommation des ménages en hausse, chômage en baisse
Autre signal positif : la consommation des ménages a augmenté de 1,5% sur le trimestre. En parallèle, le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis 2012, à 6,2% sur la période août-octobre. De quoi réjouir le président de gauche Lula, de retour au pouvoir depuis près de deux ans :
Le PIB continue de croître, créant des emplois et générant des revenus pour les Brésiliens.
Luiz Inacio Lula da Silva, sur le réseau social X
Le ministère des Finances a lui aussi salué « un rythme de croissance robuste », estimant que sa prévision de +3,3% pour 2024 « devrait être revue à la hausse ».
Des inquiétudes persistantes sur l’équilibre budgétaire
Pourtant, tous les voyants ne sont pas au vert pour le gouvernement Lula. Ce dernier peine à rassurer les investisseurs quant à sa capacité à respecter ses objectifs budgétaires. Il vise un déficit primaire (hors service de la dette) de zéro en 2024, avec une marge de tolérance de 0,25% du PIB.
Pour y parvenir, le ministre des Finances Fernando Haddad a annoncé la semaine dernière un plan d’économies de 70 milliards de reais (11 milliards d’euros) d’ici 2026. Mais dans le même temps, il a indiqué que le plafond d’exonération de l’impôt sur le revenu serait relevé, au bénéfice des classes moyennes.
Une décision mal accueillie par les marchés, malgré la promesse du gouvernement de compenser ces pertes fiscales par une hausse de l’imposition des plus aisés. Résultat : le real brésilien s’est fortement déprécié, franchissant pour la première fois le seuil des 6 reais pour un dollar.
L’inflation, l’autre défi du gouvernement
Au-delà de l’équilibre budgétaire, c’est aussi la maîtrise de l’inflation qui préoccupe les autorités. La hausse des prix a atteint 4,76% sur un an en octobre, dépassant la cible de la Banque centrale (entre 1,5% et 4,5%).
Pour juguler cette inflation, la Banque centrale pourrait à nouveau relever son taux directeur la semaine prochaine, pour la troisième fois consécutive. Il se situe déjà à 11,25%, soit l’un des plus élevés au monde.
Entre dynamique de croissance et défis économiques, le Brésil va devoir poursuivre son difficile exercice d’équilibriste dans les mois à venir. Le gouvernement Lula joue gros pour rétablir la confiance des investisseurs et poser les bases d’une croissance durable. La partie est loin d’être gagnée.