Dans la cité azuréenne, un vent de contestation souffle sur les quais. Au cœur de la polémique : l’accueil controversé des mastodontes des mers au large de la Côte d’Azur. Les écologistes montent au créneau, pointant du doigt l’impact environnemental désastreux de ces paquebots de croisière qui viennent mouiller dans la somptueuse rade de Villefranche-sur-Mer.
Un bras de fer politique
Juliette Chesnel-Le Roux, chef de file des Verts niçois, n’y va pas par quatre chemins. Elle dénonce avec virulence « l’hypocrisie » de Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d’Azur. D’un côté, l’édile s’érige en défenseur de l’écologie en s’opposant au projet de plage flottante Canua Island à Mandelieu. De l’autre, il laisse les « monstres des mers » envahir le littoral.
Ces immenses croisières dans la rade de Villefranche ont des conséquences dramatiques en termes de surtourisme et de pollution.
Christian Estrosi, lors du conseil métropolitain du 23 juin 2023
Si les paroles semblent aller dans le bon sens, les actes tardent à suivre selon Juliette Chesnel-Le Roux. Elle presse la Métropole de passer à l’action, réclamant un moratoire immédiat sur l’accès des géants des mers à ce joyau naturel.
Une facture écologique salée
Car le constat est alarmant. Pas moins de 109 navires de plus de 900 passagers auraient fait escale dans la rade depuis le début de l’année 2024. Une affluence massive qui n’est pas sans conséquence pour ce site marin réputé fragile.
Contraints de laisser tourner leurs moteurs pour se stabiliser, ces hôtels flottants rejettent des quantités astronomiques de particules fines et de dioxyde de carbone, portant un coup terrible à la biodiversité locale. Sans parler des dégâts causés par les ancres sur les fonds marins et les herbiers de posidonie, véritables nurseries à poissons.
Le mirage des retombées économiques
Faut-il pour autant sacrifier l’environnement sur l’autel du développement touristique ? Rien n’est moins sûr à en croire les chiffres de la CCI Nice Côte d’Azur. Un touriste de croisière dépenserait en moyenne 38 euros par jour sur le territoire, contre 180 euros pour un congressiste. Un différentiel considérable qui remet en question la pertinence économique de la filière.
Cap sur un tourisme durable
Face à ce casse-tête, la Métropole semble prendre conscience de la nécessité d’un virage écologique. À terme, elle ambitionne de limiter les escales aux navires de moins de 180 mètres et de privilégier la venue des unités propres, en s’appuyant sur l’électrification des quais.
Reste à savoir si ces mesures suffiront à réconcilier développement économique et préservation de l’environnement. Une équation complexe qui cristallise les passions sur la Côte d’Azur, tiraillée entre son identité balnéaire et ses aspirations écologistes. Le feuilleton des paquebots de croisière à Nice est loin d’avoir livré son épilogue.
Dans ce bras de fer politique, c’est l’avenir du littoral azuréen qui se joue. Les citoyens, de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux, attendent des actes forts. Il est temps pour les décideurs de prendre leurs responsabilités et de tracer une nouvelle route, plus verte et plus durable, pour le tourisme local. L’urgence climatique n’attend pas.