Imaginez un soir paisible à Zagreb brusquement assombri par un drame dans une école. C’est malheureusement ce qu’a vécu la Croatie le 19 décembre dernier, lorsqu’un ancien élève souffrant apparemment de troubles mentaux a fait irruption armé d’un couteau dans son ancienne école primaire. Le bilan est terrible : un enfant de 7 ans a perdu la vie et trois autres élèves ainsi qu’une enseignante ont été grièvement blessés. Une tragédie sans précédent qui a plongé le pays dans un profond choc.
Une marche silencieuse pour dire non à la violence
Face à l’horreur, la population croate a décidé de se mobiliser. Ce lundi soir, ils étaient plusieurs milliers à défiler en silence dans les rues de Zagreb, une bougie à la main, derrière une bannière noire proclamant « Pour une école sûre ». Venue en famille, Goranka Samson, retraitée de 66 ans, espère que ce message porté par une foule nombreuse sera entendu par les autorités :
C’est une procession triste. Je souhaite que le message envoyé par une masse de gens soit vu.
Goranka Samson, manifestante
Pour beaucoup, comme Denis Dvorzak, 48 ans, père de famille, cette marche est aussi l’occasion d’exprimer son inquiétude et son mécontentement sur le fonctionnement du système scolaire en termes de sécurité :
Je suis venu exprimer mon mécontentement de la façon dont le système fonctionne. Mes enfants vont à l’école primaire aussi et, en tant que parent, je suis inquiet pour eux.
Denis Dvorzak, manifestant
Les victimes toujours hospitalisées
Une semaine après le drame, les trois élèves et l’enseignante blessés lors de l’attaque sont toujours hospitalisés dans un état grave. L’auteur, âgé de 19 ans et lui-même ancien élève de l’établissement, a tenté de mettre fin à ses jours après son geste. Interpellé par la police, il est actuellement pris en charge médicalement.
Le gouvernement annonce des mesures d’urgence
Face à l’émoi national, le gouvernement croate a rapidement réagi. Dès lundi, le ministre de l’Éducation Radovan Fuchs a annoncé une série de mesures de sécurité immédiates dans les écoles :
- Verrouillage obligatoire des portes d’entrée des établissements
- Changement des serrures pour une ouverture uniquement possible de l’intérieur
- Possibilité de recourir à des agences de sécurité privées pour sécuriser les écoles
Pour le Premier ministre Andrej Plenkovic, l’objectif est clair :
La sécurité des enfants est la plus importante et l’objectif est d’avoir des normes égales dans toutes les écoles du pays.
Andrej Plenkovic, Premier ministre croate
Une mobilisation dans tout le pays
Si la manifestation de Zagreb était la plus importante en nombre, elle n’était pas isolée. Partout en Croatie, devant de nombreuses écoles, des bougies ont été allumées en hommage aux victimes et pour dire non à la violence en milieu scolaire.
Cette tragédie sans précédent soulève de nombreuses questions sur la sécurité dans les établissements scolaires croates. Contrôles d’accès, détecteurs de métaux, présence d’agents de sécurité : autant de pistes évoquées ces derniers jours par des responsables politiques.
Mais comme l’a rappelé le président des syndicats enseignants à l’initiative de la marche de lundi, aucune mesure ne pourra effacer le traumatisme :
C’est une procession triste. Car rien ne pourra ramener cet enfant, ni effacer les blessures physiques et psychologiques des victimes et de leurs proches.
Zeljko Stipic, président de syndicat enseignant
Face à l’horreur, la Croatie est unie dans le recueillement et la volonté d’agir. Pour que plus jamais une telle tragédie ne survienne dans une école du pays. Pour que la sérénité règne à nouveau dans les salles de classe. Ce sera un travail de longue haleine, mais en ce soir de décembre à Zagreb et dans tout le pays, la mobilisation massive a montré une détermination sans faille.