Un vent de crise politique souffle sur la Croatie. Vendredi dernier, le premier ministre conservateur Andrej Plenkovic a échappé de peu à une motion de défiance déposée par l’opposition, à la suite d’une vaste enquête anticorruption visant des hauts responsables. Un nouveau scandale qui ébranle ce petit pays des Balkans, pourtant réputé comme le bon élève de l’Union européenne.
Le parti au pouvoir éclaboussé par les affaires
Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, le HDZ, parti de centre-droit de Plenkovic, collectionne les casseroles. Pas moins d’une douzaine de ministres ont dû démissionner pour des soupçons de corruption ces dernières années. Un triste record qui place la Croatie en queue de peloton de l’UE en matière de transparence.
Le dernier scandale en date concerne le ministre de la Santé Vili Beros, arrêté le mois dernier puis immédiatement limogé. Selon le parquet européen, il est impliqué avec plusieurs complices dans un système de surfacturation de matériel médical, causant un préjudice de plus de 600 000 euros aux contribuables croates.
Une motion de défiance à hauts risques
Face à ce énième dérapage, l’opposition emmenée par les sociaux-démocrates du SDP a tenté le tout pour le tout en déposant une motion de censure au Parlement. Objectif : renverser le gouvernement Plenkovic, accusé de laxisme envers la corruption.
Les éléments mafieux dans les structures de l’État relèvent de la responsabilité politique de Plenkovic.
Extrait de la motion du SDP
Mais vendredi, le premier ministre est parvenu à sauver sa tête à 11 voix près. Sur les 151 députés, 76 ont rejeté la motion et 74 l’ont approuvée. Plenkovic a balayé les accusations, les qualifiant de « mensonges » et assurant que son gouvernement était « plus indigné que l’opposition » par cette affaire.
La corruption, un mal endémique en Croatie
Malgré ce vote, la colère gronde dans le pays, exaspéré par les scandales à répétition. L’affaire Beros a notamment ravivé le mécontentement sur l’état du système de santé, jugé défaillant et corrompu.
Plus largement, 96% des Croates considèrent la corruption comme « généralisée » dans leur pays selon un sondage Eurobaromètre. Un chiffre alarmant, le 2e plus élevé de l’UE, malgré les efforts affichés ces dernières années pour assainir la vie publique.
Alors qu’il entame son 3e mandat, Andrej Plenkovic va devoir redoubler d’efforts pour restaurer la confiance et prouver que la lutte anti-corruption n’est pas qu’un slogan. Faute de quoi, ce sont les bases même de la démocratie croate qui risquent d’être durablement écornées.