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Crise Post-Électorale Au Venezuela : Libérations De Détenus En Cours

Premières libérations de détenus au Venezuela suite à la crise post-électorale. Le parquet réexamine des centaines de dossiers à la demande de Maduro, mais l'opposition dénonce toujours les conditions de détention. La tension reste vive dans le pays depuis la réélection contestée du président fin juillet...

Alors que le Venezuela est secoué par une profonde crise politique depuis la réélection contestée du président Nicolas Maduro fin juillet, une lueur d’espoir semble poindre pour certains détenus. Selon deux ONG locales, au moins dix personnes sur les quelque 2400 arrêtées suite au scrutin ont été libérées ce samedi matin, et d’autres libérations seraient en cours dans plusieurs prisons du pays.

Des dizaines de manifestants toujours emprisonnés

Malgré ces premières remises en liberté, la situation des droits humains reste préoccupante au Venezuela. Selon le directeur de l’ONG Foro Penal, Alfredo Romero, 69 mineurs figurent parmi les personnes incarcérées dans le sillage de l’élection présidentielle du 28 juillet, dont les résultats sont vivement contestés par l’opposition.

Les manifestations spontanées déclenchées par la proclamation de la victoire de Nicolas Maduro ont été sévèrement réprimées, faisant 28 morts et près de 200 blessés selon le bilan officiel du parquet. L’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire, a dû se réfugier en Espagne, tandis que d’autres figures anti-Maduro comme Maria Corina Machado vivent désormais dans la clandestinité.

Le parquet réexamine des centaines de dossiers

Face à l’ampleur de la crise, le président Maduro a lui-même demandé au parquet de réexaminer 225 dossiers de détenus. “S’il y a des cas à rectifier et à réexaminer, c’est aussi pour que justice soit faite (…) au cas où il y aurait eu une sorte d’erreur de procédure”, a-t-il déclaré lundi. Selon le procureur général Tarek William Saab, “quiconque a été responsable d’actions criminelles sera puni, quiconque n’a pas eu une telle responsabilité fera l’objet d’une révision de sa mesure” d’incarcération.

Cette semaine, le bureau du procureur a ainsi tenu des réunions avec les familles de nombreux détenus affirmant avoir été torturés ou n’ayant pas réellement participé aux manifestations.

L’opposition dénonce les conditions de détention “inhumaines”

Malgré ces gestes d’ouverture de l’exécutif, les proches des détenus continuent d’organiser des rassemblements pour réclamer leur libération, dénonçant des conditions de détention “inhumaines”. Jeudi, un militant de l’opposition est décédé en prison des suites d’un problème cardiaque et d’un diabète non traité. Sa famille avait dénoncé la veille la nécrose d’une de ses jambes qui aurait dû être amputée.

Nous parlons du plus grand nombre de prisonniers politiques du XXIe siècle, du plus grand nombre de prisonniers politiques de tout le continent américain.

Alfredo Romero, directeur de l’ONG Foro Penal

Foro Penal fustige une “crise répressive” sans précédent au Venezuela, recensant 1976 “prisonniers politiques” actuellement, contre 305 avant l’élection du 28 juillet. Un chiffre qui témoigne de l’extrême tension qui règne dans le pays, où Maduro est de plus en plus isolé sur la scène internationale.

La communauté internationale condamne les atteintes aux droits humains

Les États-Unis, l’Union Européenne et de nombreux pays d’Amérique Latine refusent de reconnaître la légitimité de la réélection de Nicolas Maduro, dénonçant la répression brutale des manifestations et les fraudes massives qui auraient entaché le scrutin.

Fin octobre, les opposants en exil Edmundo Gonzalez Urrutia et Maria Corina Machado ont ainsi reçu le Prix Sakharov, la plus haute distinction de l’UE pour la défense des droits humains. Un message fort envoyé au régime chaviste, dont les méthodes musclées continuent d’isoler le Venezuela sur la scène diplomatique.

Selon des sources proches du dossier, les pressions internationales pourraient inciter le président Maduro à accélérer les libérations de prisonniers politiques dans les prochains jours, afin de donner des gages à la communauté internationale. Mais pour l’heure, l’opposition vénézuélienne reste mobilisée pour faire la lumière sur les exactions commises depuis la présidentielle, et obtenir la relaxe de tous les manifestants pacifiques toujours détenus arbitrairement.

Malgré ces quelques libérations et les promesses de réexamen des dossiers, le Venezuela semble donc encore loin de tourner la page de la crise post-électorale. Tant que tous les opposants emprisonnés n’auront pas été relâchés et que la répression des voix dissidentes se poursuivra, la légitimité de Nicolas Maduro et la stabilité du pays tout entier resteront plus que jamais en question.

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