La France traverse une crise politique majeure après la chute mercredi du gouvernement de Michel Barnier, victime d’une motion de censure historique à l’Assemblée nationale. Alors que le pays fait face à une situation budgétaire alarmante, le président Emmanuel Macron tente de reprendre la main en recevant ce vendredi à l’Élysée les dirigeants des différents partis politiques, dans l’espoir de former un nouveau gouvernement « d’intérêt général ».
Un « arc de gouvernement » pour sortir de l’impasse
Face à une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs sans majorité absolue depuis les élections anticipées de cet été, le chef de l’État s’est dit à la recherche d’un « arc de gouvernement » allant du parti socialiste à la droite, en passant par son propre camp. Lors d’une allocution télévisée jeudi soir, suivie par 17,5 millions de Français, il a promis la nomination d’un nouveau Premier ministre « dans les prochains jours ».
Du côté des socialistes, le premier secrétaire Olivier Faure, qui sera reçu à la mi-journée à l’Élysée, s’est dit prêt à faire « des compromis sur tous les sujets », y compris les retraites, et à discuter avec « des membres du bloc central » macroniste. « Il faut bien qu’on trouve une solution parce qu’on ne peut pas mettre le pays à l’arrêt pendant des mois », a-t-il plaidé sur franceinfo.
Une parenthèse avec la réouverture de Notre-Dame
Si l’annonce du nom d’un nouveau Premier ministre n’est pas attendue avant le week-end, voire lundi, Emmanuel Macron devrait s’offrir une parenthèse samedi avec la réouverture en grande pompe de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement sont attendus, dont le président américain élu Donald Trump.
L’extrême droite et gauche pas conviées
Les partis d’extrême droite (Rassemblement national) et de gauche radicale (La France insoumise, écologistes, communistes), qui forment le « front anti-républicain » dénoncé par le président, n’ont pas été invités par l’Élysée à ce stade. Une décision qui alimente les spéculations sur une tentative de fragiliser l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), première force à l’Assemblée.
Emmanuel Macron a forgé son propre arc républicain et n’a pas beaucoup de flèches dans son arc.
Marine Tondelier, patronne des Écologistes
Un budget, priorité absolue
Au-delà des tractations politiques, l’urgence est budgétaire pour le gouvernement qui sera nommé. Avec un déficit public attendu à 6,1% du PIB en 2024 en l’absence d’un budget voté, la France va manquer son objectif de 5%. Le président Macron a annoncé le dépôt « avant la mi-décembre » d’une loi spéciale temporaire permettant la continuité des services publics, en appliquant pour 2025 les choix de 2024.
La situation est donc plus que jamais incertaine sur le plan politique et préoccupante sur le plan économique et budgétaire. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si un nouveau gouvernement sera en mesure de reprendre la main et de redonner une direction claire au pays. Les Français, eux, attendent des réponses concrètes à leurs préoccupations du quotidien.