La France traverse une crise politique d’une ampleur inédite. Sous la pression de l’extrême droite, le gouvernement multiplie les concessions dans l’espoir d’éviter une motion de censure qui provoquerait un séisme économique et financier. Mais le spectre d’un pays ingouvernable plane plus que jamais.
Un Premier ministre dos au mur
Selon des sources proches de Matignon, Michel Barnier, le chef du gouvernement, serait prêt à tout pour sauver son poste. Jeudi, il a annoncé renoncer à augmenter les taxes sur l’électricité au-delà de leur niveau d’avant le bouclier tarifaire contre l’inflation. Une victoire pour le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.
Mais les exigences de l’extrême droite ne s’arrêtent pas là. Le Premier ministre a également promis de réduire « sensiblement » l’aide médicale d’État pour les sans-papiers et d’engager une réforme en 2024 pour « éviter les abus ». Un cheval de bataille récurrent du RN et d’une partie de la droite sur l’immigration.
Le spectre d’une France ingouvernable
Malgré ces concessions majeures, Marine Le Pen maintient la pression. Son parti, qui possède le groupe le plus nombreux à l’Assemblée nationale, menace toujours de voter une motion de censure dès la semaine prochaine si le gouvernement ne répond pas à l’ensemble de ses « lignes rouges » d’ici lundi.
Il y a encore des difficultés.
Marine Le Pen dans une interview au Monde
Parmi les exigences de dernière minute du RN : la revalorisation des pensions de tous les retraités dès janvier et l’annulation des déremboursements de médicaments prévus. Des mesures sociales qui sonnent comme un ultimatum pour un gouvernement déjà exsangue.
Des comptes publics dans le rouge
Car la situation budgétaire de la France est plus que jamais préoccupante. Avec un déficit public attendu à 6,1% du PIB cette année, l’Hexagone fait figure de mauvais élève en Europe. Le gouvernement s’est engagé auprès de Bruxelles à revenir sous la barre des 3% en 2027. Mais ses récentes concessions pourraient faire dérailler cet objectif.
Face à ce contexte explosif, les marchés financiers retiennent leur souffle. Le taux d’emprunt de la France a dépassé mercredi, pour la première fois, celui de la Grèce, pays qui avait frôlé la faillite lors de la crise de la dette. Un signal inquiétant pour les investisseurs.
Une gauche vent debout contre « l’alliance de la honte »
Dans ce bras de fer politique, la gauche dénonce avec virulence ce qu’elle considère comme une « alliance de la honte » entre le gouvernement et l’extrême droite. Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, accuse Michel Barnier de tourner le dos au « front républicain » en cédant au chantage du RN.
Le Premier ministre tourne définitivement le dos au front républicain.
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Mais pour l’exécutif, une dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections en pleine tempête économique et sociale serait un remède pire que le mal. L’ancien président François Hollande lui-même met en garde contre le « risque » d’un tel scénario, tout en promettant de voter la censure.
Le spectre d’une démission d’Emmanuel Macron
Car en cas de renversement du gouvernement, c’est le président Emmanuel Macron lui-même qui pourrait se retrouver sur la sellette. Selon un sondage Elabe, 63% des Français estiment qu’il devrait démissionner si son Premier ministre était censuré. Un scénario noir pour le chef de l’État.
D’ici lundi, date butoir fixée par Marine Le Pen, Michel Barnier joue donc son va-tout pour sauver son gouvernement et éviter une crise politique majeure. Mais à force de concessions, il risque de se couper définitivement de sa majorité et d’une partie de son électorat. Un dilemme cornélien pour un Premier ministre pris en étau entre une extrême droite déterminée à en découdre et une gauche vent debout contre ce qu’elle considère comme une dérive. La suite des événements s’annonce incertaine et potentiellement explosive.
Article basé sur des informations de presse, avec des éléments d’analyse et de contextualisation. Cet article ne représente pas nécessairement l’opinion du média.