Le ciel politique équatorien s’assombrit alors qu’un conflit ouvert déchire l’exécutif. Au cœur de la tempête : le président Daniel Noboa et sa vice-présidente Veronica Abad, autrefois alliés, désormais farouches adversaires dans une lutte de pouvoir qui ébranle les plus hautes sphères de l’État.
Selon des sources proches du palais présidentiel, M. Noboa a reconduit jeudi la ministre de la Planification Sariha Moya dans ses fonctions de vice-présidente par intérim. Un geste fort qui accentue la pression sur Mme Abad, titulaire du poste mais persona non grata au sein de son propre gouvernement.
Une vice-présidente qui crie à la « persécution »
Veronica Abad, reléguée à un rôle d’ambassadrice en Israël en décembre dernier avant d’être sommée de promouvoir les relations économiques avec la Turquie, crie au « bannissement » et à l' »insulte » envers le peuple équatorien. La vice-présidente déchue affirme être victime d’une « persécution » orchestrée par le président Noboa.
Des « faits graves » et une accusation d' »outrage »
Le ministre du Gouvernement José de la Gasca a justifié la reconduction de Mme Moya par l’absence de Mme Abad à son poste d’ambassadrice à Ankara. Il évoque des « faits graves » qui « constituent un outrage » et laissent « un vide au sein de l’exécutif qu’il convient de combler ».
Les dessous d’une alliance politique partie en fumée
Daniel Noboa et Veronica Abad, entrepreneurs novices en politique, avaient créé la surprise en remportant les élections anticipées de 2023. Mais leur alliance, jadis prometteuse, n’a pas résisté à l’exercice du pouvoir. Leurs visions et ambitions divergentes ont fait voler en éclats l’attelage présidentiel.
Vers de nouvelles élections sur fond de crise politique
Arrivé au pouvoir en novembre 2023 pour achever le mandat de son prédécesseur Guillermo Lasso, contraint à des élections anticipées pour éviter la destitution sur fond d’accusations de corruption, Daniel Noboa sera candidat aux élections générales de février. Son gouvernement affirme qu’il n’est pas tenu de prendre congé pour faire campagne, contrairement aux dispositions constitutionnelles, puisqu’il termine le mandat d’un autre.
L’Équateur au bord de l’implosion politique ?
Cette crise au sommet de l’État équatorien soulève de nombreuses interrogations. Le pays, habitué aux soubresauts politiques, parviendra-t-il à retrouver une forme de stabilité ? Le président Noboa réussira-t-il à s’extirper de ce bourbier pour briguer un nouveau mandat ? Veronica Abad parviendra-t-elle à laver son honneur et retrouver son poste ? Autant de questions qui agitent une nation en quête de repères, alors que la bataille pour le pouvoir fait rage dans les coulisses de Quito.
Une chose est sûre : l’Équateur traverse une zone de fortes turbulences politiques. Et nul ne peut prédire avec certitude si l’avion présidentiel parviendra à atterrir en douceur ou s’il subira un crash brutal lors des prochaines échéances électorales. Les Équatoriens, eux, observent avec une inquiétude mêlée de lassitude ce nouveau feuilleton au sommet de l’État. En espérant que leurs dirigeants sauront placer l’intérêt du pays au-dessus de leurs luttes intestines.