La Corée du Sud traverse une crise politique majeure qui menace les fondements mêmes de sa jeune démocratie. Au cœur de la tourmente, le président conservateur Yoon Suk Yeol, dont la tentative avortée d’imposer la loi martiale le week-end dernier a déclenché un séisme au sommet de l’État. Retour sur les dessous d’un coup de force qui pourrait coûter son poste au dirigeant sud-coréen.
Un coup de force aux allures de putsch
Dans la nuit de vendredi à samedi, le président Yoon a surpris tout le monde en décrétant soudainement la loi martiale, une mesure d’exception censée protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes ». Une décision aussi brutale qu’inattendue, prise sans consulter l’Assemblée nationale ni informer le gouvernement.
D’après des sources proches du palais présidentiel, l’opération aurait été préparée en catimini par un cercle restreint de fidèles du président, avec le soutien de certains hauts gradés de l’armée. L’objectif : museler l’opposition et renforcer les pouvoirs de l’exécutif face à une situation économique et sociale tendue.
J’ai cru qu’il s’agissait d’une opération terroriste.
Un haut responsable militaire impliqué
Mais le plan a rapidement tourné court. Dès l’annonce de la loi martiale, des manifestations spontanées ont éclaté dans les grandes villes du pays. Et au sein même de l’appareil d’État, des voix se sont élevées pour dénoncer un « coup d’État » en germe. Acculé, le président Yoon a dû faire marche arrière quelques heures plus tard, levant les mesures d’exception dans une allocution confuse.
Un président fragilisé et contesté
Cet épisode surréaliste laisse des traces profondes. La légitimité du président Yoon, élu il y a à peine un an, est sérieusement entamée. Ses opposants l’accusent d’avoir voulu confisquer le pouvoir par la force, piétinant les institutions démocratiques. Même dans son propre camp conservateur, les critiques fusent contre son « amateurisme » et son « autoritarisme ».
Le président pose un grand risque au pays
Han Dong Hoon, chef du parti présidentiel
L’Assemblée nationale s’apprête désormais à examiner une motion de destitution à son encontre. Si une majorité des deux tiers des députés l’approuve, Yoon Suk Yeol pourrait devenir le premier président sud-coréen démis de ses fonctions depuis la démocratisation du pays en 1987. Un séisme politique en perspective.
Une démocratie fragilisée
Au-delà du sort du président Yoon, c’est la solidité de la démocratie sud-coréenne qui est en jeu. Ce coup de force avorté révèle les fragilités persistantes d’un système politique encore jeune, où l’armée et les services de sécurité gardent une influence considérable en coulisses.
Il met aussi en lumière les profondes divisions qui traversent la société, entre une jeunesse progressiste attachée aux libertés et une vieille garde conservatrice nostalgique de l’ordre ancien. Des fractures que les crises économiques et les tensions avec la Corée du Nord ne font qu’exacerber.
La Corée du Sud parviendra-t-elle à surmonter cette tempête politique sans dommages durables ? Une chose est sûre : le pays est entré dans une période de fortes turbulences, dont l’issue reste incertaine. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir de sa démocratie et la stabilité de la péninsule coréenne toute entière.