Une crise politique d’une rare intensité secoue la Corée du Sud depuis la proclamation surprise de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol. Face à la bronca de l’opposition comme de son propre camp, qui demandent des comptes et exigent son départ immédiat, le chef de l’État sud-coréen voit son avenir s’assombrir à vitesse grand V.
La plus importante intersyndicale du pays, forte de 1,2 million de membres, a mis son grain de sel dans la crise en appelant à une «grève générale illimitée» jusqu’à la démission de Yoon, estimant que ce dernier avait «signé sa propre fin au pouvoir» avec son coup de force légal et sécuritaire.
Une allocution surprise qui enflamme le pays
Tout est parti d’une allocution télévisée inattendue mardi soir, au cours de laquelle le président Yoon a accusé l’opposition de constituer des «forces hostiles à l’État», justifiant ainsi le recours à la loi martiale, une première en Corée du Sud depuis plus de 40 ans.
Des hélicoptères de l’armée ont aussitôt atterri sur le toit du parlement. Les députés ont toutefois réussi à se réunir en catastrophe pour adopter une résolution exigeant l’abrogation de la mesure d’exception. Dans la foulée, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant l’assemblée pour demander le retrait du texte et le départ du président.
Un président lâché par son propre camp
Mis dos au mur, le Parti du Pouvoir au Peuple, la formation du président Yoon, a souligné par la voix de son dirigeant Han Dong-hoon que ce dernier devra «expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail» et que «tous les responsables devront rendre des comptes». Un véritable camouflet pour le chef de l’État, qui voit son propre camp lui tourner le dos.
Le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail.
Han Dong-hoon, chef du Parti du Pouvoir au Peuple
L’imposition de la loi martiale, qui impliquait la suspension de la vie politique ainsi que la fermeture du parlement et la mise sous contrôle des médias, a suscité inquiétude et désapprobation dans le monde, notamment des États-Unis, principal allié de Séoul face à la Corée du Nord, et de la Chine, selon des sources diplomatiques.
L’opposition réclame la démission immédiate
De son côté, le principal parti d’opposition a exigé la «démission» de Yoon et menacé d’engager une procédure en destitution contre lui s’il ne la remettait pas «immédiatement». Les députés d’opposition ont également annoncé leur intention de «porter plainte pour rébellion» contre le président et plusieurs de ses ministres et collaborateurs clés.
Face à cette fronde de tous bords, Yoon Suk Yeol s’est finalement résolu à annoncer la levée de la loi martiale et le retrait des troupes déployées dans la capitale, provoquant des cris de joie des manifestants. Mais le répit pourrait être de courte durée pour le président sud-coréen, dont l’avenir politique s’annonce plus qu’incertain.
- L’opposition demande la démission immédiate du président
- Son propre parti exige des explications et met en cause sa responsabilité
- La principale intersyndicale appelle à une grève générale illimitée
La Corée du Sud retient son souffle alors que la pression ne cesse de s’accentuer sur le président Yoon, désormais en sursis. Cette crise politique éclair, d’une ampleur rarement vue dans le pays, pourrait bien précipiter le départ d’un chef de l’État impopulaire qui semble avoir fait le pari perdu d’avance d’une fuite en avant autoritaire.