L’Allemagne traverse une période d’instabilité politique sans précédent. Après l’éclatement spectaculaire de la fragile coalition gouvernementale tripartite, le chancelier Olaf Scholz se retrouve aujourd’hui sous le feu des critiques. Ses rivaux conservateurs exigent un vote de confiance au Parlement dès la semaine prochaine afin de précipiter la tenue de nouvelles élections.
Une coalition vole en éclats
Formée fin 2021, l’alliance entre les sociaux-démocrates (SPD) du chancelier, les Verts et les libéraux du FDP n’aura pas résisté longtemps. Minée par de profondes divergences sur la politique budgétaire et économique, ainsi que par des querelles de personnes, cette coalition hétéroclite a fini par imploser mercredi soir.
Le limogeage de Christian Lindner, ministre des Finances et chef de file des libéraux, a été le déclencheur de cette crise. Partisan d’une stricte discipline budgétaire, il s’opposait aux velléités de relance par les dépenses des sociaux-démocrates et des Verts. Un désaccord jugé irréconciliable par le chancelier Scholz.
L’opposition veut accélérer le processus électoral
Friedrich Merz, le chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), principal parti d’opposition, ne veut pas perdre de temps. Il estime que la coalition a “échoué” et qu’il n’y a “aucune raison d’attendre janvier” pour un vote de confiance comme le souhaite Scholz. Il plaide pour un scrutin dès la semaine prochaine afin d’enclencher rapidement le processus d’élections anticipées.
Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois.
Friedrich Merz, chef de la CDU
Dans les sondages, l’opposition conservatrice arriverait en tête avec plus de 30% des voix si des élections avaient lieu maintenant. Friedrich Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier, même s’il aurait du mal à former une coalition majoritaire stable.
Un calendrier bousculé pour Scholz
Cette crise politique tombe au plus mauvais moment pour l’Allemagne, confrontée à une grave crise industrielle, et pour l’Europe qui s’inquiète des répercussions de l’élection de Donald Trump à la présidence américaine. Le calendrier d’Olaf Scholz est totalement chamboulé. Il doit cependant maintenir sa participation aux réunions européennes à Budapest ce jeudi, en présence notamment du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Scholz comptait initialement se soumettre à un vote de confiance mi-janvier afin d’ouvrir la voie à des élections anticipées fin mars au plus tard. Mais la pression de l’opposition pourrait accélérer ce processus. Le chancelier dirige désormais un gouvernement minoritaire et va tenter de faire adopter quelques textes jugés prioritaires en cherchant des majorités au cas par cas.
Des conséquences incertaines
Les répercussions de cette crise politique sont encore difficiles à évaluer, tant au niveau national qu’européen. L’Allemagne, première économie de l’UE, entame une période d’instabilité et d’incertitude qui pourrait fragiliser sa position. Sur le plan intérieur, l’extrême droite AfD pourrait tirer profit de la situation.
Heureusement que c’est fini ! Une constellation composée du SPD, des Verts et du FDP n’a pas d’avenir au niveau fédéral.
Der Spiegel
L’Allemagne retient son souffle dans l’attente de cette probable nouvelle consultation électorale. Une chose est sûre : la prochaine coalition au pouvoir à Berlin devra relever des défis de taille, tant sur le plan économique que géopolitique, dans un contexte international plus tendu que jamais.