L’Allemagne traverse actuellement une période de fortes turbulences politiques et économiques. Selon le vice-chancelier Robert Habeck, le pays risque une grave crise politique « au pire moment » compte tenu des difficultés auxquelles il est confronté. La coalition gouvernementale dirigée par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui réunit son parti, les Verts et les libéraux du FDP, est en effet sous la menace d’une implosion.
Une coalition divisée sur les questions économiques
Depuis plusieurs semaines, de profondes dissensions opposent les différents partis de la coalition sur la politique économique à mener dans un contexte délicat. L’Allemagne, première économie européenne, est menacée de récession pour la deuxième année consécutive. Les partenaires de gouvernement peinent à s’entendre sur les solutions pour relancer la croissance.
Le budget 2025, qui doit être bouclé d’ici la mi-novembre, cristallise toutes les tensions. Sociaux-démocrates, écologistes et libéraux défendent des priorités difficilement conciliables :
- Le SPD d’Olaf Scholz refuse tout recul sur les questions sociales
- Les Verts tentent de préserver leur agenda écologique ambitieux
- Le FDP prône une ligne plus orthodoxe en matière budgétaire et fiscale
Des propositions qui attisent les désaccords
Récemment, le ministre des Finances Christian Lindner (FDP) a formulé des propositions qui menacent d’aggraver la crise au sein de la coalition. Il réclame notamment :
- La fin de « l’impôt de solidarité » instauré en 1991 pour financer le coût de la réunification allemande
- L’abandon par l’Allemagne de ses objectifs climatiques, pourtant plus ambitieux que ceux fixés au niveau européen
Des demandes en totale contradiction avec la ligne suivie jusqu’à présent par le gouvernement Scholz et les engagements de l’accord de coalition.
L’hypothèse d’une implosion et d’élections anticipées
Si les discussions budgétaires n’aboutissent pas, le scénario d’un éclatement de la coalition et d’élections anticipées, avant la date prévue de septembre 2025, est de plus en plus évoqué. Un tel séisme politique interviendrait au plus mauvais moment selon Robert Habeck, compte tenu de la situation économique délicate de l’Allemagne, de la guerre en Ukraine et des prochaines élections américaines.
Résoudre les différends sur le budget n’est pas un petit défi, mais c’est un défi qui peut être relevé.
Robert Habeck, vice-chancelier allemand
Le vice-chancelier, également ministre de l’Économie et du Climat, a reconnu que le gouvernement traversait « une mauvaise passe ». Mais il veut croire que les partenaires sauront surmonter leurs divergences, malgré l’ampleur de la tâche.
Olaf Scholz appelle ses alliés au « pragmatisme »
De son côté, le chancelier Olaf Scholz tente de calmer le jeu et d’éviter l’éclatement de sa coalition. Il a demandé aux différents partis de se montrer prêts au compromis pour « relever le défi » auquel le pays est confronté en ces « temps difficiles ».
Dans un message publié sur le réseau social X (ex-Twitter), Scholz a appelé ses alliés gouvernementaux à faire preuve de « pragmatisme », et non « d’idéologie », afin de dégager un accord budgétaire. Le temps presse, car le budget 2025 doit être présenté d’ici quelques semaines.
La coalition d’Olaf Scholz, au pouvoir depuis décembre 2021, joue donc sa survie sur ce dossier budgétaire explosif. Si un compromis n’est pas trouvé rapidement, l’Allemagne pourrait connaître une crise politique majeure et des élections anticipées, alors que le pays affronte déjà de nombreuses difficultés économiques et géopolitiques. L’avenir du gouvernement Scholz est plus que jamais en suspens.