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Crise politique au Bangladesh : manifestants à l’assaut

Le Bangladesh traverse une crise politique majeure. Des manifestants ont pris d'assaut le palais de la Première ministre, forçant sa fuite. Le pays au bord du chaos, entre violences et...

Le Bangladesh traverse actuellement une crise politique sans précédent. Des milliers de manifestants ont pris d’assaut le palais de la Première ministre Sheikh Hasina ce lundi à Dacca, la capitale. Selon des sources, la dirigeante a dû fuir vers un lieu plus sûr face à cette déferlante de contestation.

Un week-end de violences meurtrières

Cette journée du lundi fait suite à un week-end particulièrement sanglant. Des affrontements entre opposants, forces de l’ordre et partisans du pouvoir ont fait au moins 94 morts dimanche à travers le pays, un bilan inédit depuis le début du mouvement de contestation il y a un mois. Parmi les victimes figurent 14 policiers selon les autorités.

Les deux camps rivaux se sont affrontés à coups de bâtons et de couteaux. La police a fait usage de tirs à balles réelles. Un commissariat a même été pris d’assaut dans le nord-est du pays, faisant 11 morts dans les rangs des forces de l’ordre. La capitale Dacca s’est transformée en véritable champ de bataille.

Couvre-feu et déploiement de l’armée

Pour tenter de rétablir l’ordre, le gouvernement de Sheikh Hasina a imposé un couvre-feu, fermé les écoles et universités, limité l’accès à internet et déployé l’armée dans les rues. Mais les manifestants semblent déterminés à en découdre, bravant le couvre-feu. Des tirs et explosions ont à nouveau retenti dans la capitale lundi soir.

Les gens n’ont plus peur de sacrifier leur vie.

– Général Ikbal Karim Bhuiyan, ancien chef de l’armée

De manière surprenante, certains militaires semblent soutenir le mouvement. D’anciens officiers ont appelé au retrait des troupes, estimant que les manifestants n’avaient “plus peur de sacrifier leur vie”. L’armée se tiendrait “aux côtés du peuple” selon son chef actuel.

Une crise qui dépasse le problème des quotas d’embauche

À l’origine, ce sont les étudiants qui ont initié la contestation pour protester contre un système de quotas réservant des emplois publics aux proches du pouvoir. Un sujet sensible dans un pays qui compte de nombreux diplômés au chômage.

Mais le mouvement a pris une tournure politique avec les premiers morts dus à la répression à la mi-juillet. Les manifestants réclament désormais la démission de Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans. Un point de non-retour semble avoir été franchi.

Il ne s’agit plus seulement de quotas d’emplois. Nous voulons que les futures générations puissent vivre librement.

– Sakhawat, jeune manifestante

Cette crise, la plus grave depuis l’arrivée au pouvoir de Sheikh Hasina, révèle des fractures profondes dans la société bangladaise. Au-delà de la question des emplois, c’est tout un système que les manifestants remettent en cause, aspirant à plus de liberté et de justice.

Un pays au bord du chaos

Avec ce nouveau week-end de violences, le Bangladesh semble au bord du chaos. La Première ministre, acculée, parviendra-t-elle à reprendre le contrôle de la situation ? Rien n’est moins sûr tant la détermination des manifestants paraît grande.

La communauté internationale s’inquiète de ce regain de tensions. L’ONU a appelé à cesser les violences, craignant une nouvelle escalade lors des manifestations de lundi. Mais au Bangladesh, beaucoup estiment avoir atteint un point de non-retour et se disent prêts au sacrifice ultime pour obtenir le changement.

Cette crise politique majeure constitue un véritable test pour la démocratie bangladaise. Dans ce pays de 170 millions d’habitants, l’un des plus pauvres et des plus densément peuplés au monde, la stabilité est un équilibre fragile. L’avenir nous dira si le mouvement parviendra à faire plier le pouvoir en place ou si la répression finira par l’emporter. Une chose est sûre : le Bangladesh traverse une période charnière de son histoire.

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