Alors que le régime de Bachar el-Assad vient de s’effondrer brutalement en Syrie sous la pression des rebelles islamistes, la question d’une nouvelle vague migratoire massive vers l’Europe se pose avec acuité. Jordan Bardella, président du Rassemblement National, tire la sonnette d’alarme sur les conséquences potentiellement dévastatrices de ce changement de régime.
La Syrie, prochain épicentre d’une vaste crise migratoire ?
Invité ce dimanche sur le plateau de France 3, le jeune leader de l’extrême droite française s’est inquiété de voir des « milices héritières à la fois de l’État islamique et d’Al-Qaïda » prendre le pouvoir à Damas. Selon lui, cette situation chaotique pourrait rapidement se traduire par un exode massif de populations fuyant la guerre et les persécutions.
Dans quelques mois, il est possible que nous payions les conséquences de cette prise de pouvoir des fondamentalistes islamistes par des flux migratoires importants.
Jordan Bardella, Président du Rassemblement National
Jordan Bardella en appelle donc à une réaction rapide et coordonnée des pays européens pour « anticiper le risque d’un déferlement migratoire« , craignant que parmi les réfugiés se glissent des « terroristes ». Une rhétorique anxiogène, dans la lignée de celle employée par le RN lors de la crise des réfugiés syriens en 2015.
L’Europe, terre d’asile fragilisée
La chute du régime syrien, soutenu jusqu’ici par la Russie et l’Iran, constitue indéniablement un séisme géopolitique majeur. Dans un Moyen-Orient déjà marqué par de profondes instabilités, ce basculement pourrait effectivement entraîner d’importants mouvements de population.
L’Union Européenne, qui peine déjà à harmoniser sa politique d’asile et d’accueil des migrants, risque d’être confrontée à un immense défi si les prévisions alarmistes de Bardella se confirmaient. La pression sur les frontières extérieures, notamment en Grèce et en Italie, pourrait devenir difficilement soutenable.
Le spectre d’une crise économique et identitaire
Au-delà de l’enjeu sécuritaire brandi par le président du RN, c’est aussi le spectre d’une déstabilisation économique et sociale de l’Europe qui est agité. Un afflux incontrôlé de réfugiés syriens mettrait sous pression des systèmes sociaux déjà fragilisés et attiserait les tensions identitaires.
Jordan Bardella, fidèle à la ligne de son parti, dénonce par avance un « déferlement » migratoire qui menacerait l’équilibre démographique et la cohésion des nations européennes. Un discours qui fait écho aux peurs d’une partie de l’électorat, mais qui occulte la responsabilité morale et légale d’accueil et de protection des demandeurs d’asile.
Quelle réponse européenne face à ce nouveau défi migratoire ?
Si un scénario « à l’afghane » d’exode massif depuis la Syrie vers l’Europe venait à se matérialiser, l’UE serait face à des choix cornéliens :
- Renforcer les contrôles aux frontières au risque de bafouer le droit d’asile
- Mettre en place des quotas de répartition entre États membres
- Créer des « hotspots » pour traiter les demandes hors sol européen
- Accélérer l’intégration des réfugiés pour éviter l’émergence de poches de pauvreté
Autant de questions complexes qui nécessiteront une réponse concertée, solidaire et humaniste des 27. Faute de quoi, les inquiétudes légitimes exprimées par Jordan Bardella pourraient se transformer en prophéties auto-réalisatrices, sur fond de repli nationaliste et de rejet de l’Autre.
L’Union Européenne saura-t-elle tirer les leçons de 2015 pour affronter unie ce potentiel nouveau choc migratoire ? C’est tout l’enjeu des prochains mois, qui conditionneront la place de l’Europe comme terre d’asile et de paix dans un monde de plus en plus instable. Les paroles inquiétantes de Jordan Bardella doivent être entendues comme un avertissement, mais pas comme une fatalité.