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Crise Migratoire : Retour Massif d’Afghans d’Iran

En juin, 230 000 Afghans ont été expulsés d’Iran, fuyant vers un Afghanistan en crise. Quels défis attendent ces familles ? Lisez la suite pour le découvrir...

Imaginez-vous forcé de quitter le pays où vous êtes né, où vous avez grandi, pour retourner dans un lieu que vous ne connaissez qu’à travers des récits. C’est la réalité de plus de 230 000 Afghans revenus d’Iran en juin, chassés par une politique d’expulsion massive. Ces familles, souvent démunies, se retrouvent à la frontière, confrontées à un avenir incertain dans un Afghanistan en proie à une crise humanitaire majeure. Leur histoire, à la croisée des politiques migratoires et des défis socio-économiques, mérite d’être racontée.

Une Vague de Retours Forcés sans Précédent

En un seul mois, plus de 230 000 Afghans ont franchi la frontière pour rentrer dans leur pays d’origine, la plupart sous la contrainte. Selon des données récentes, environ 70 % de ces retours étaient forcés, les autorités iraniennes ayant intensifié leurs mesures contre les migrants en situation irrégulière. Cette vague migratoire, qui a vu des pics de 30 000 retours certains jours, reflète une politique stricte imposée par Téhéran, qui a fixé une date limite pour le départ des quelque quatre millions d’Afghans résidant illégalement sur son sol.

Le poste-frontière d’Islam Qala, point de passage clé entre l’Iran et l’Afghanistan, est devenu le théâtre de scènes bouleversantes. Des familles, parfois avec seulement quelques valises, s’entassent dans des centres d’accueil débordés, gérés par des organisations comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais face à l’ampleur du phénomène, l’aide reste insuffisante, ne touchant que 3 % des migrants certains jours de forte affluence.

« Même si tu es irréprochable et que tu as des papiers, ils ne te respectent pas si tu es Afghan. »

Samiullah Ahmadi, migrant afghan de 28 ans

Pourquoi une Telle Urgence ?

Les raisons de ces expulsions massives sont multiples. Les autorités iraniennes, confrontées à des tensions internes et à une situation géopolitique complexe, ont durci leur politique migratoire. Un ultimatum a été lancé, donnant aux migrants afghans jusqu’à début juillet pour quitter le pays. Cette décision, combinée à des facteurs comme l’insécurité croissante pour les Afghans en Iran, a précipité ces départs. Certains témoignages évoquent une montée du sentiment anti-afghan, rendant la vie quotidienne intenable, même pour ceux qui sont nés en Iran.

Par ailleurs, des événements régionaux, comme les récents conflits impliquant l’Iran, ont accentué la pression sur les populations migrantes. Cependant, les Afghans interrogés insistent : c’est avant tout la peur de l’expulsion qui les pousse à partir. Pour beaucoup, comme Samiullah, un jeune homme de 28 ans né en Iran, le retour en Afghanistan est un saut dans l’inconnu.

Un Retour dans un Pays en Crise

Revenir en Afghanistan, c’est plonger dans l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations unies. Bien que le pays ait retrouvé une certaine stabilité depuis le retour des talibans au pouvoir il y a quatre ans, les défis économiques et sociaux restent immenses. Le retrait de l’aide internationale, notamment après la décision de plusieurs pays de cesser leurs financements, a laissé l’Afghanistan dans une situation précaire. Les autorités talibanes, non reconnues par la communauté internationale, peinent à répondre aux besoins des rapatriés.

Pour les migrants de retour, les perspectives sont sombres. Avec peu de capital et des opportunités d’emploi limitées, beaucoup craignent de sombrer dans une pauvreté encore plus profonde. Les centres d’accueil, comme celui d’Islam Qala, sont submergés, et l’aide humanitaire ne suit pas. Voici un aperçu des défis auxquels ces familles sont confrontées :

  • Manque de ressources : Les migrants arrivent souvent avec peu de biens, rendant leur réinstallation difficile.
  • Chômage élevé : Les opportunités d’emploi en Afghanistan sont rares, surtout pour ceux qui n’ont jamais vécu dans le pays.
  • Crise humanitaire : L’Afghanistan reste dépendant d’une aide internationale en forte diminution.
  • Absence de reconnaissance : Les autorités talibanes, isolées diplomatiquement, manquent de moyens pour gérer ce flux migratoire.

Des Histoires Humaines au Cœur du Drame

Derrière les chiffres, il y a des visages, des familles, des destins brisés. Prenons l’exemple de Samiullah Ahmadi, qui a grandi en Iran mais se retrouve aujourd’hui à Kaboul, sans savoir comment subvenir aux besoins de sa famille. Comme lui, beaucoup d’Afghans nés à l’étranger n’ont aucun lien direct avec l’Afghanistan. Leur retour forcé est un choc, tant culturel qu’économique.

Les enfants, qui représentent environ la moitié des rapatriés, sont particulièrement vulnérables. Nombre d’entre eux n’ont jamais connu l’Afghanistan et se retrouvent déracinés, loin de leurs écoles et de leurs amis. Les organisations humanitaires, bien que mobilisées, ne peuvent répondre à l’ampleur des besoins. À Islam Qala, les centres d’accueil sont souvent des lieux de transit où les familles passent quelques heures avant de repartir vers un avenir incertain.

« Nous n’avons pu aider que 3 % des migrants certains jours à Islam Qala. »

Représentant de l’OIM

Un Phénomène Régional aux Conséquences Globales

Le drame des Afghans ne se limite pas à l’Iran. Depuis fin 2023, le Pakistan, confronté à ses propres crises politiques et économiques, a également lancé une campagne d’expulsions massives. Plus d’un million d’Afghans ont été forcés de quitter ce pays, ajoutant une pression supplémentaire sur l’Afghanistan. Ces vagues migratoires, venues de l’est comme de l’ouest, mettent en lumière une problématique régionale complexe.

Le gouvernement taliban, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a appelé à une coordination internationale pour gérer ces retours. Une demande a été adressée à l’Iran pour organiser un retour progressif et structuré des migrants, mais les tensions diplomatiques et l’isolement des talibans compliquent ces efforts. Pendant ce temps, les familles continuent d’affluer, souvent sans autre choix que de s’installer dans des conditions précaires.

Chiffres clés de la crise migratoire afghane :

  • 691 049 Afghans revenus d’Iran depuis janvier.
  • 70 % des retours sont forcés.
  • Plus d’un million d’Afghans expulsés du Pakistan depuis fin 2023.
  • 50 % des rapatriés sont des enfants.

Que Faire Face à Cette Crise ?

La communauté internationale se trouve face à un dilemme. D’un côté, l’Afghanistan a besoin d’une aide humanitaire massive pour absorber ce flux de rapatriés. De l’autre, les tensions diplomatiques avec les talibans freinent les efforts de coopération. Les organisations comme l’OIM appellent à une mobilisation accrue, mais les fonds manquent cruellement. La diminution de l’aide internationale, amorcée après le retrait des financements de plusieurs pays, a laissé un vide que les ONG peinent à combler.

Pour les Afghans de retour, l’avenir repose sur des solutions à long terme : création d’emplois, accès à l’éducation, et renforcement des infrastructures. Mais dans un pays où la paix reste fragile et l’économie vacillante, ces objectifs semblent lointains. La communauté internationale devra trouver un équilibre entre aide humanitaire et dialogue avec les autorités afghanes, malgré les défis politiques.

Un Appel à la Solidarité

La crise migratoire afghane est plus qu’un simple mouvement de population : c’est une tragédie humaine aux ramifications mondiales. Chaque famille qui franchit la frontière d’Islam Qala porte avec elle des espoirs, des peurs, et un besoin urgent de soutien. Alors que les chiffres continuent de grimper, il est impératif de ne pas détourner le regard. Cette crise, bien que centrée sur l’Afghanistan, concerne chacun d’entre nous, car elle met en lumière les défis universels de la migration, de l’accueil et de la dignité humaine.

En attendant des solutions concrètes, les témoignages des rapatriés résonnent comme un appel à l’action. Leur résilience, malgré les épreuves, est une leçon d’humanité. Mais sans un effort collectif, leur retour risque de n’être que le début d’une lutte encore plus grande.

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