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Crise Majeure dans le Programme SCAF Européen

Le syndicat allemand IG Metall vient de lâcher une bombe : il ne fait « plus confiance à Dassault » pour piloter le SCAF, l’avion de combat du futur. Les Allemands veulent-ils écarter la France du projet phare de l’Europe de la défense ? La réunion de vendredi s’annonce explosive…

Imaginez le projet le plus ambitieux de l’Europe de la défense, celui qui doit garantir notre souveraineté aérienne jusqu’en 2040 et au-delà, en train de vaciller à cause d’une guerre ouverte entre partenaires historiques. C’est exactement ce qui se passe en ce moment avec le Système de Combat Aérien Futur (SCAF).

Un coup de tonnerre venu d’Outre-Rhin

Le puissant syndicat allemand IG Metall, qui représente des centaines de milliers de salariés de l’industrie, a adressé un courrier particulièrement dur au gouvernement allemand. Dans cette lettre consultée cette semaine, deux responsables de premier plan affirment sans détour qu’ils ne font plus confiance à Dassault Aviation pour diriger le programme SCAF.

Cette déclaration intervient à un moment où l’Europe cherche à accélérer son réarmement face aux menaces grandissantes, notamment à l’Est. Le SCAF doit remplacer à l’horizon 2040 les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols. Un projet à plusieurs dizaines de milliards d’euros, symbole de l’autonomie stratégique européenne.

Pourquoi cette perte de confiance brutale ?

Les représentants d’IG Metall reprochent à l’avionneur français, maître d’œuvre du programme, de s’être complètement disqualifié comme partenaire fiable. Ils pointent du doigt les déclarations récentes du PDG de Dassault Aviation qui, en septembre, avait affirmé que son groupe était tout à fait capable de développer seul un avion de sixième génération.

Cette sortie avait déjà fait grand bruit. Elle avait été perçue comme une menace à peine voilée de faire voler en éclats la gouvernance paritaire à trois (France-Allemagne-Espagne) soigneusement négociée depuis des années.

« Dassault n’a jusqu’à présent pas renoncé à exiger la prise en charge intégrale du développement de l’avion de combat »

Jürgen Kerner et Thomas Pretzl, dans leur courrier aux ministres allemands

Une réunion ministérielle sous très haute tension

Le timing de cette lettre n’est évidemment pas anodin. Vendredi, les ministres de la Défense allemand, français et espagnol doivent se retrouver à Berlin. Officiellement, l’ordre du jour n’a pas été communiqué. Mais tout le monde comprend que le SCAF sera au cœur des discussions.

Boris Pistorius, Catherine Vautrin et Margarita Robles vont devoir gérer une crise industrielle et politique d’une rare intensité. Car derrière les questions techniques se cachent des enjeux de souveraineté, d’emplois et de leadership européen.

Airbus monte aussi au créneau

Du côté d’Airbus Defense & Space, on partage en partie l’agacement allemand, même si le ton reste plus mesuré. Le président exécutif du groupe, Guillaume Faury, a récemment regretté la persistance d’un différend assez significatif avec Dassault sur la manière de conduire le développement de l’avion.

Il a appelé l’ensemble des industriels et des gouvernements européens faire des efforts supplémentaires pour mieux coopérer. Un message qui sonne comme un avertissement : sans compromis rapide, le projet risque de s’enliser durablement.

La réponse française ne s’est pas fait attendre

En France, le monde industriel a immédiatement réagi. Le syndicat patronal des industries métallurgiques, présidé par le même Eric Trappier, a exprimé son étonnement face à la position allemande.

Plus encore, il a dénoncé une tentative d’évincer un fleuron technologique français du projet européen d’avion de combat. Les termes sont forts : les entreprises françaises n’accepteront pas que leurs intérêts industriels soient écartés d’un programme aussi stratégique.

Les enjeux industriels derrière la crise

Derrière ces échanges musclés se cache une bataille pour le contrôle technologique et les retombées économiques. Dassault défend farouchement son savoir-faire unique sur les avions de combat pilotés. Airbus, de son côté, pousse pour une répartition plus équilibrée des responsabilités, notamment sur le pilier central : l’avion lui-même.

Les Allemands, via IG Metall et certains responsables politiques, craignent que la France ne conserve un avantage décisif sur les technologies critiques, au détriment des emplois et des compétences outre-Rhin.

Points de blocage récurrents dans le SCAF :

  • Propriété intellectuelle des technologies développées
  • Répartition des tâches industrielles entre partenaires
  • Gouvernance du programme (décisions à l’unanimité ou majorité)
  • Partage des coûts et des risques
  • Calendrier de développement (déjà repoussé plusieurs fois)

Un projet vital pour l’Europe de la défense

Au-delà des querelles franco-allemandes, c’est tout l’avenir de l’autonomie stratégique européenne qui se joue. Dans un contexte où les États-Unis poussent leurs propres programmes (NGAD) et où la Chine avance rapidement, l’Europe ne peut se permettre un échec.

Le SCAF n’est pas seulement un avion. C’est un écosystème complet : avion de combat, drones accompagnateurs, connectivité, cloud de combat, armes du futur. Un retard ou un abandon aurait des conséquences dramatiques pour des décennies.

Le projet mobilise des milliers d’ingénieurs et de techniciens en France, en Allemagne et en Espagne. Des régions entières dépendent de ces carnets de commandes pour leur activité industrielle.

Vers une sortie de crise ou un divorce ?

La réunion de vendredi sera décisive. Plusieurs scénarios sont envisageables :

  • Un compromis de dernière minute sur la gouvernance et la répartition industrielle
  • Un gel temporaire du projet le temps de renegocier les bases
  • Dans le pire des cas, une remise en cause profonde de la participation française ou allemande

Ce qui est certain, c’est que l’Europe de la défense ne peut plus se permettre ces psychodrames récurrents. Le monde a changé. Les menaces sont là. L’unité n’est plus une option, c’est une nécessité absolue.

Le SCAF survivra-t-il à cette nouvelle tempête ? Réponse dans les prochains jours. Une chose est sûre : rarement un projet aéronautique n’aura été aussi politique.

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