Dans les camps de réfugiés soudanais du Tchad, le drame humain se joue au quotidien. Des milliers de personnes ont fui la guerre qui ravage le Soudan, laissant derrière elles leur vie d’avant. Face à cette tragédie, la France a dépêché sur place son chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, pour constater l’ampleur de la crise et appeler à un cessez-le-feu immédiat.
Un appel vibrant à stopper les combats
Lors de sa visite jeudi dans les camps d’Adré au Tchad, Jean-Noël Barrot a lancé un message fort aux belligérants soudanais :
Je n’oublierai jamais les visages et les regards croisés ici à Adré.
Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française
Le ministre a exhorté les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (FSR) à cesser immédiatement les hostilités qui plongent le pays dans le chaos depuis avril 2023. Il a également dénoncé l’attitude de certaines puissances étrangères accusées de jeter de l’huile sur le feu en fournissant des armes aux FSR via le territoire tchadien.
La Russie pointée du doigt
Jean-Noël Barrot n’a pas manqué de critiquer vivement la Russie, qui a mis son veto la semaine dernière à une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu et à la protection des civils au Soudan. Selon lui, Moscou a « abandonné les Soudanais » et dévoilé sa véritable relation à l’Afrique, « fondée sur la cupidité, le cynisme, et sur l’hypocrisie ».
Une crise humanitaire sans précédent
Ce conflit fratricide a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 11 millions de personnes. L’ONU qualifie cette situation de pire crise humanitaire de mémoire récente, avec des risques de famine généralisée touchant la moitié de la population soudanaise. Deux millions de personnes ont aussi trouvé refuge dans les pays voisins, dont 1,5 million au Tchad.
La France mobilise son aide
Face à ce drame, la France a annoncé une aide supplémentaire de 7 millions d’euros pour soutenir l’action des organisations humanitaires dans la lutte contre le choléra et auprès des femmes et enfants en bas âge au Tchad. Cette somme s’ajoute aux 110 millions promis lors d’une conférence internationale en avril.
Cependant, acheminer cette aide vitale reste un défi en raison des entraves bureaucratiques et du pillage des convois humanitaires par les belligérants. Jean-Noël Barrot a appelé les différentes parties à lever ces obstacles pour permettre à l’aide d’arriver à bon port.
Le Tchad promet sa neutralité
Aux côtés du ministre français, son homologue tchadien Abderaman Koulamallah a assuré que son pays gardait « sa stricte neutralité dans le conflit ». Le Tchad a tout intérêt à ce que la paix revienne rapidement au Soudan, avec lequel il partage plus de 1 000 km de frontière.
Nous avons intérêt à ce que la paix revienne au Soudan et à rester le plus neutre possible dans cette guerre.
Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères
Selon lui, les généraux soudanais portent l’entière responsabilité de cette crise en n’écoutant pas « la voix de leur peuple qui aspire à la liberté ». Le gouvernement tchadien promet d’aider les Soudanais réfugiés sur son sol autant que nécessaire et de transformer cet afflux en opportunité de développement.
Des visages et des regards inoubliables
Au-delà des chiffres glaçants, Jean-Noël Barrot gardera à jamais en mémoire les visages et les regards croisés dans les camps d’Adré. Des milliers de destins brisés, de vies bouleversées par une guerre fratricide qui n’en finit pas.
La communauté internationale doit impérativement intensifier la pression sur les belligérants pour obtenir un cessez-le-feu et le retour de la paix. C’est une question de vie ou de mort pour des millions de Soudanais pris au piège d’un conflit qui les dépasse. L’avenir du Soudan et la survie de sa population en dépendent.
