Au cœur des montagnes du Pakistan, une crise humanitaire se déroule dans l’indifférence. Depuis juillet, les violences entre sunnites et chiites ont fait plus de 200 morts dans le district de Kourram, laissant les habitants pris au piège et à court de ressources vitales. Mais un espoir point à l’horizon : l’aide humanitaire arrive enfin par les airs.
Des routes coupées, une population isolée
Pour tenter d’endiguer l’escalade meurtrière, les autorités ont pris une décision radicale : fermer les principaux axes routiers desservant cette région reculée de la province de Khyber-Pakhtunkhwa, à la frontière afghane. Une mesure qui a eu pour effet collatéral d’isoler totalement les civils, déjà éprouvés par des mois de conflit.
Privés d’approvisionnement, les habitants font désormais face à de graves pénuries de nourriture et de médicaments, comme le rapportent plusieurs témoignages alarmants. Pour couronner le tout, le réseau de téléphonie mobile a été coupé, renforçant encore davantage leur isolement et leur détresse.
L’aide humanitaire déployée en urgence
Face à l’ampleur de la crise, l’organisation caritative pakistanaise Edhi a décidé de prendre les choses en main. Depuis mardi, elle achemine par avion vivres et matériel médical depuis Peshawar, la grande ville du nord du pays. Et ce n’est qu’un début : plusieurs vols quotidiens sont prévus pour le reste de la semaine, météo permettant.
«Nous prévoyons de faire sortir trois blessés sur chaque vol et de livrer des médicaments aux blessés», précise Sher Gul, directeur de l’organisation.
Une opération cruciale, alors que le bilan ne cesse de s’alourdir : depuis le 21 novembre, au moins 133 personnes ont été tuées et 177 blessées dans des affrontements souvent d’une violence inouïe, n’épargnant même pas les enfants. D’après la Commission pakistanaise des droits humains, principale ONG de défense des libertés du pays, 79 personnes avaient déjà perdu la vie entre juillet et octobre.
Des trêves fragiles, une communauté vulnérable
Si les belligérants ont conclu plusieurs cessez-le-feu ces derniers mois, ces trêves restent extrêmement précaires. Dans cette ancienne zone tribale où les codes d’honneur prévalent, autorités et forces de sécurité peinent à imposer l’État de droit. Chaque camp s’efforce de parvenir à un accord durable, mais le chemin de la paix est encore long et semé d’embûches.
La communauté chiite de Kourram, minoritaire, est particulièrement exposée dans ce contexte. Pour accéder aux services de base, ses membres doivent en effet traverser des quartiers sunnites, un trajet à haut risque. En novembre, plus de 40 personnes ont été massacrées dans l’attaque de deux convois de familles chiites, pourtant sous escorte policière.
Au-delà du clivage religieux, de vieilles querelles foncières attisent les violences dans cette province déshéritée. Un engrenage qui semble sans fin et laisse peu d’espoir d’une résolution rapide du conflit. En attendant, ce sont les civils qui paient le prix fort de la folie des hommes, pris en étau entre deux feux. L’arrivée de l’aide humanitaire est une lueur d’espoir, mais elle ne pourra à elle seule mettre un terme à cette tragédie.