Haïti s’apprête à connaître un nouveau bouleversement politique. Selon des informations obtenues par l’AFP, le Conseil présidentiel de transition a décidé de démettre de ses fonctions le Premier ministre Garry Conille, en poste depuis à peine cinq mois. Cette décision, qui sera officialisée dans le journal officiel lundi, intervient après des semaines de conflit entre le chef du gouvernement et l’instance de transition.
Un pays en proie à une instabilité chronique
La situation en Haïti ne cesse de se dégrader. Miné depuis des décennies par une instabilité politique récurrente, le pays fait face ces derniers mois à une résurgence alarmante de la violence des gangs, qui contrôleraient désormais 80% de la capitale Port-au-Prince. Malgré la mise en place d’autorités de transition après la démission controversée du Premier ministre Ariel Henry en avril, le chaos continue de s’étendre.
Garry Conille, un médecin de 58 ans qui avait déjà occupé le poste de Premier ministre pendant six mois entre 2011 et 2012, avait été désigné en juin par le Conseil présidentiel de transition avec pour lourde tâche de ramener la sécurité et de préparer des élections. Mais à peine cinq mois plus tard, il se retrouve à son tour sur la sellette.
Des divergences au sommet de l’État
D’après le journal Miami Herald, le limogeage de M. Conille fait suite à des semaines de conflit avec le conseil de transition, qui souhaitait remplacer les ministres de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé contre l’avis du Premier ministre. Des divergences qui illustrent la fragilité des institutions et la difficulté à mettre en place une gouvernance stable dans ce contexte de crise profonde.
Une mission internationale insuffisante
Soutenue par l’ONU et les États-Unis, une mission multinationale menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été en Haïti pour appuyer les forces de police. Mais avec un peu plus de 400 hommes sur le terrain pour l’instant, son impact reste limité face à l’ampleur des défis sécuritaires. Et la situation humanitaire ne fait qu’empirer, avec plus de 700 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, contraintes de fuir leur foyer à cause des violences selon l’OIM.
Un avenir plus qu’incertain
Avec ce nouveau changement à la tête du gouvernement, l’avenir d’Haïti apparaît plus incertain que jamais. Alors que le pays a cruellement besoin de stabilité pour s’attaquer aux racines de la crise, cette valse des Premiers ministres risque au contraire d’aggraver la défiance de la population envers des institutions perçues comme impuissantes. Sans un sursaut rapide et des mesures fortes pour restaurer l’autorité de l’État, désarmer les gangs et répondre à l’urgence humanitaire, le pays pourrait sombrer dans une spirale incontrôlable.
Haïti a besoin d’un véritable électrochoc, d’un plan d’urgence national impliquant toutes les forces vives du pays avec le soutien de la communauté internationale. Sinon, nous courons vers la catastrophe.
Un diplomate occidental en poste à Port-au-Prince
La communauté internationale, si prompte à s’alarmer de la situation, saura-t-elle cette fois apporter une réponse à la hauteur des enjeux? C’est tout l’avenir d’Haïti et de ses 11 millions d’habitants qui est en jeu. Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si le pays peut encore être sauvé du chaos.