En cette fin d’année 2024, l’Argentine se retrouve une nouvelle fois plongée dans une crise économique et budgétaire sans précédent. Le président Javier Milei vient en effet de décréter le 30 décembre que le budget pour l’année 2025 serait une copie conforme de celui de 2023, déjà reconduit à l’identique en 2024. Une décision qui intervient dans un contexte d’austérité budgétaire drastique et de négociations difficiles avec le Fonds monétaire international.
Une inflation galopante qui rend obsolète le budget
Cette mesure exceptionnelle et inédite s’explique par l’inflation galopante que connaît le pays. Entre novembre 2022, date du dernier budget voté, et novembre 2024, la hausse cumulée des prix a en effet atteint le chiffre vertigineux de 628% selon des calculs basés sur les données officielles. Rendant de fait totalement obsolète et déconnecté des réalités le budget présenté par le gouvernement.
En septembre dernier, Milei avait bien tenté de faire voter un nouveau budget au Congrès, tablant sur une inflation contenue à 18,5% et une croissance de 5% pour 2025. Mais les parlementaires de l’opposition avaient rejeté le texte, réclamant notamment des amendements pour augmenter les retraites et le financement des universités. Des modifications jugées inacceptables par le parti au pouvoir, qui a argué qu’elles compromettraient l’objectif d’un retour à l’excédent budgétaire.
Une première dans l’histoire du pays
C’est donc un statu quo qui s’impose, avec la reconduction pure et simple du budget pour la troisième année consécutive. Du jamais vu selon l’Association argentine du budget et de l’administration des finances publiques. Les députés d’opposition dénoncent quant à eux un coup de force du président pour pouvoir « dépenser comme il veut, tel un petit monarque » selon les mots de Margarita Stolbizer sur X (ex-Twitter).
Des négociations compliquées avec le FMI
Cette décision budgétaire intervient alors que l’Argentine est en pleines tractations avec le FMI pour tenter d’obtenir un nouvel accord de financement. Des discussions qui s’annoncent ardues puisque Mauricio Claver-Carone, proche de Trump et nouveau secrétaire d’État adjoint pour l’Amérique latine, a déjà exprimé son scepticisme quant à la gestion de Milei.
En attendant de voir si un compromis pourra être trouvé sur le budget et avec les créanciers internationaux, l’Argentine s’enfonce un peu plus dans la crise. Avec une monnaie qui ne cesse de se déprécier, une économie au point mort et une population éprouvée par des années d’instabilité et d’austérité. La reconduction du budget 2023, initialement pensé pour des circonstances économiques très différentes, apparaît comme un aveu d’impuissance du gouvernement. Et un coup dur porté à la crédibilité et aux marges de manoeuvre de Javier Milei, élu en 2023 en promettant des jours meilleurs aux Argentins.