À l’approche des élections législatives du 29 novembre en Irlande, un sujet s’impose dans tous les débats : la crise du logement. Depuis une décennie, le pays fait face à une pénurie chronique d’habitations, avec des conséquences dramatiques pour la population. Loyers exorbitants, difficultés d’accession à la propriété, explosion du nombre de sans-abri… Les Irlandais attendent des réponses concrètes de la part des candidats.
Une pénurie de logements qui s’aggrave
Selon un rapport publié en septembre par la Banque centrale irlandaise, le déficit de constructions neuves n’a cessé de se creuser au cours de la dernière décennie. La croissance démographique, portée par une forte immigration, est quatre fois plus rapide que le rythme auquel sortent de terre les nouveaux logements. Pour répondre à la demande, il faudrait en bâtir 52 000 chaque année, un objectif bien loin d’être atteint.
Des loyers qui explosent
Conséquence directe de ce déséquilibre entre l’offre et la demande, les loyers ne cessent de grimper. Ils ont bondi de 68% entre 2010 et 2021 selon Eurostat. Dublin se classe désormais parmi les capitales les plus chères de l’Union Européenne. En moyenne, les dépenses liées au logement engloutissent la moitié des revenus des ménages irlandais.
Il n’y a que très peu de biens disponibles et les loyers sont trop chers. Je suis coincé hors du marché.
Martin Leahy, musicien récemment expulsé de son logement
Les jeunes, une génération sacrifiée
Les 25-29 ans sont les premières victimes de cette crise. Alors que la moyenne européenne est de 42%, deux-tiers des jeunes Irlandais de cette tranche d’âge vivent encore chez leurs parents, faute de pouvoir accéder à un logement. Une situation qui pousse beaucoup à parler de “génération bloquée” ou “génération sacrifiée”.
Un nombre record de sans-abri
Autre conséquence dramatique, le nombre de personnes sans domicile fixe a atteint un niveau historique. Près de 15 000 Irlandais, dont environ 4 000 enfants, sont aujourd’hui considérés comme SDF selon les derniers chiffres officiels. À Dublin, le nombre de sans-abri a doublé en l’espace de 8 ans d’après les associations.
La population ressent une profonde honte face au nombre considérable de sans-abri, en particulier les enfants. Beaucoup y penseront lorsqu’ils voteront.
Conor Culkin, association Focus Ireland
Un enjeu central de la campagne électorale
Face à l’ampleur de la crise, les partis politiques tentent d’apporter des réponses. Le Sinn Fein, principal parti d’opposition de centre-gauche, a fait du logement son cheval de bataille et grappille des points dans les sondages. Il reproche au gouvernement de centre-droit, au pouvoir depuis 2010, la lenteur des réformes du système d’urbanisme et un manque de régulation des locations de courte durée et des fonds d’investissement immobilier.
- Accélération de la construction de logements abordables
- Meilleure régulation des locations de courte durée type Airbnb
- Taxation des biens immobiliers vacants
- Encadrement des loyers dans les zones tendues
Telles sont quelques-unes des mesures phares avancées par les différentes formations politiques. Reste à savoir si elles suffiront à convaincre des Irlandais désabusés, pour qui se loger décemment est devenu un véritable parcours du combattant. Réponse dans les urnes fin novembre.