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Crise du Logement à Kaboul : Un Défi Humanitaire

À Kaboul, trouver un logement est un casse-tête pour des millions de réfugiés. Loyers doublés, chômage, urbanisme chaotique : comment survivre dans cette crise ? Lisez la suite pour découvrir leurs combats.

Imaginez-vous de retour dans votre pays après des années d’exil, avec pour seul bagage quelques affaires et l’espoir d’une vie meilleure. À Kaboul, cet espoir se heurte à une réalité brutale : trouver un logement abordable est presque mission impossible. Des familles entières, comme celle de Mohammed Mohsen Zaryab, errent dans une capitale surpeuplée, où les loyers flambent et les opportunités manquent. Comment survivre dans une ville où la crise immobilière aggrave une situation humanitaire déjà dramatique ?

Kaboul : une capitale sous pression

Avec ses huit millions d’habitants, Kaboul est une ville en constante expansion. Chaque jour, de nouvelles familles affluent, fuyant la pauvreté des campagnes ou revenant d’exil forcé. Depuis 2023, l’ONU estime que plus de 3,2 millions d’Afghans ont été expulsés de pays voisins comme le Pakistan et l’Iran, aggravant la pression sur la capitale. Cette vague migratoire met à rude épreuve un marché immobilier déjà saturé, où l’offre ne suit plus la demande.

Pour beaucoup, Kaboul représente une lueur d’espoir : un emploi, un toit, une nouvelle vie. Mais la réalité est bien différente. La ville, théâtre de la deuxième pire crise humanitaire mondiale selon l’ONU, est confrontée à des défis colossaux : chômage endémique, pauvreté extrême et un urbanisme chaotique qui complique encore davantage l’accès au logement.

L’explosion des loyers : un marché impitoyable

Le retour massif des réfugiés a bouleversé le marché immobilier de Kaboul. Selon les agents immobiliers locaux, les loyers ont littéralement explosé. Une maison de trois pièces, qui coûtait 10 000 afghanis (environ 126 euros) il y a un an, se loue désormais à 20 000 afghanis (252 euros). Une somme astronomique dans un pays où 85 % de la population vit avec moins d’un dollar par jour.

« Si vous ne pouvez pas payer, quelqu’un d’autre le pourra », m’a-t-on répondu.

Mohammed Mohsen Zaryab, père de famille afghan

Pour Mohammed Mohsen Zaryab, un père de sept enfants revenu d’Iran, cette réponse illustre le manque de solidarité qu’il ressent dans son propre pays. En Iran, il avait réussi à négocier un loyer abordable grâce à une relation de confiance avec son propriétaire. À Kaboul, il se heurte à un mur : les propriétaires, conscients de la forte demande, n’hésitent pas à doubler leurs prix.

Chiffres clés de la crise immobilière à Kaboul :

  • Loyer moyen d’une maison de trois pièces : 20 000 afghanis (252 euros).
  • Population vivant sous le seuil de pauvreté : 85 %.
  • Réfugiés rapatriés depuis 2023 : 3,2 millions.
  • Demande de logements : dépasse largement l’offre disponible.

Un urbanisme anarchique qui aggrave la crise

À Kaboul, l’absence de planification urbaine est un problème majeur. Près de 75 % de la ville a été construite sans plan d’urbanisme, selon les autorités locales. Ce chaos architectural rend la construction de nouveaux logements complexe et coûteuse. Pire encore, le grand plan d’urbanisme de la mairie, qui vise à moderniser la ville avec de nouvelles routes, entraîne la destruction de nombreuses résidences.

Les bulldozers rasent des quartiers entiers, laissant des familles sans abri. Pourtant, les autorités affirment qu’il n’y a pas de crise du logement. Une affirmation qui contraste avec la réalité sur le terrain, où les habitants luttent pour trouver un toit, même dans des conditions précaires.

« 75 % de la ville a été construite sans plan, nous ne voulons pas que cela se reproduise. »

Porte-parole de la mairie de Kaboul

Des familles au bord du gouffre

Pour des familles comme celle de Zahra Hashimi, revenue d’Iran, la situation est désespérée. Logée dans une pièce en sous-sol sans eau ni électricité, elle craint d’être expulsée. Son mari, journalier, gagne à peine 80 afghanis par jour (1 euro), une somme insuffisante pour couvrir le loyer. Leur fille aînée, autrefois scolarisée en Iran, est désormais privée d’éducation en raison des restrictions imposées par le gouvernement taliban.

Les deux plus jeunes enfants pourraient encore aller à l’école, mais les frais de scolarité sont inabordables. Cette famille illustre un cercle vicieux : sans logement stable, pas d’accès à l’emploi ; sans emploi, pas de moyens pour payer un loyer. Et sans éducation, l’avenir des enfants est compromis.

Problème Impact
Hausse des loyers Inaccessibilité pour 85 % de la population
Urbanisme anarchique Destruction de logements existants
Chômage élevé Manque de moyens pour payer un loyer
Restrictions éducatives Exclusion des filles de l’école

Le manque d’intervention gouvernementale

Face à cette crise, les habitants appellent à une intervention du gouvernement. Les agents immobiliers, comme Hamed Hassani, estiment que des mesures sont nécessaires pour réguler les loyers et protéger les plus vulnérables. Cependant, les autorités semblent minimiser le problème, se concentrant sur des projets d’urbanisme qui, paradoxalement, aggravent la situation.

Dans l’ouest de Kaboul, où les loyers sont généralement plus abordables, des familles comme celle de Tamana Husseini, qui enseigne la couture, peinent à joindre les deux bouts. Menacée d’une augmentation de loyer, elle envisage de déménager, mais les prix ailleurs dans la ville sont prohibitifs. Quitter Kaboul n’est pas une option viable, car cela signifierait s’éloigner des rares opportunités d’emploi.

« C’est frustrant de ne pas pouvoir rester, sans pour autant pouvoir aller ailleurs. »

Tamana Husseini, résidente de Kaboul

Un avenir incertain pour les Afghans

La crise du logement à Kaboul n’est pas qu’une question immobilière : elle reflète une crise humanitaire plus large. Les familles, qu’elles soient récemment rapatriées ou installées de longue date, sont confrontées à des défis interconnectés : chômage, pauvreté, manque d’accès à l’éducation et absence de politiques publiques efficaces.

Pour des millions d’Afghans, l’avenir reste incertain. Sans intervention rapide, la situation risque de s’aggraver, transformant Kaboul en une ville où seuls les plus riches peuvent se permettre un toit. Les voix des habitants, comme celles de Mohammed, Zahra ou Tamana, rappellent l’urgence d’agir pour offrir un avenir digne à ces familles.

Solutions possibles pour atténuer la crise :

  • Régulation des loyers par le gouvernement.
  • Construction de logements sociaux abordables.
  • Programmes d’aide pour les familles rapatriées.
  • Révision des plans d’urbanisme pour préserver les logements existants.

En attendant, les habitants de Kaboul continuent de lutter, coincés entre des loyers inabordables et un avenir incertain. Leur résilience face à ces défis est admirable, mais sans solutions concrètes, leur combat risque de rester sans fin.

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