Au cœur de l’Europe, deux géants vacillent. La France et le Royaume-Uni, malgré des trajectoires politiques aux antipodes, se retrouvent aujourd’hui face à un même spectre : celui d’une crise de la dette publique qui menace de les engloutir. Comment en est-on arrivé là ? Décryptage d’un naufrage annoncé.
Des politiques opposées, un même résultat
Tandis que Paris a misé sur un interventionnisme étatique sans précédent ces dernières années, Londres a suivi la voie d’un libéralisme assumé, dans la lignée thatchérienne. Pourtant, aujourd’hui, les deux capitales se rejoignent dans un constat alarmant :
La dette publique britannique a franchi la barre symbolique des 100% du PIB à l’automne.
selon une source proche des milieux financiers
Une situation à peine plus enviable qu’en France, où ce ratio atteint les 115%. Mais pour combien de temps encore ?
Paris, l’impasse de l’interventionnisme
Côté français, les sept années de mandat Macron ont été marquées par une extension sans précédent du domaine de l’État, qu’une partie de l’opinion a pourtant qualifiée « d’expérience néolibérale ». Résultat : des comptes publics dans le rouge vif, et une marge de manœuvre qui se réduit comme peau de chagrin pour le prochain gouvernement.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Une dette publique qui a bondi de X points en un quinquennat
- Un déficit public abyssal de X milliards d’euros
- Des dépenses publiques atteignant X% du PIB, un record en Europe
Face à ce mur de la dette, les marges de manœuvre de l’exécutif apparaissent bien minces. Réformer en profondeur un modèle social devenu insoutenable ? Politiquement explosif. Augmenter les impôts dans un pays déjà champion de la pression fiscale ? Économiquement contre-productif. Réduire drastiquement les dépenses après des années de « quoi qu’il en coûte » ? Socialement insoutenable.
Londres, le miroir inversé
Outre-Manche, c’est un tout autre paysage politique qui s’est dessiné, mais pour un résultat guère plus reluisant. Les héritiers de Margaret Thatcher ont méthodiquement démantelé ce qui restait de l’État-Providence britannique, allégeant la fiscalité tout en sabrant allègrement dans les dépenses publiques.
Pourtant, en dépit de ce virage libéral, la situation des finances publiques du Royaume-Uni n’a cessé de se dégrader :
- Une dette publique qui s’envole, atteignant 104% du PIB fin 2022
- Un déficit public chronique, creusé par le coût du Brexit et de la pandémie
- Une croissance atone, pénalisée par un manque d’investissements publics structurels
Si l’approche est radicalement différente de Paris, le résultat n’en est pas moins préoccupant. Londres semble avoir atteint les limites d’un modèle libéral qui peine à générer les recettes nécessaires au maintien de services publics décents et d’infrastructures compétitives.
Vers une crise de la dette généralisée en Europe ?
Au-delà des spécificités nationales, c’est bien une tendance de fond qui semble se dessiner à l’échelle européenne. Partout, les dettes publiques atteignent des niveaux inédits en temps de paix, sous l’effet conjugué de la crise sanitaire, du choc énergétique et de la transition écologique.
Face à cette dérive inquiétante, les institutions européennes tentent de resserrer la vis, comme en témoigne ce rappel à l’ordre adressé récemment à la France par Bruxelles :
La Commission européenne demande à la France de préciser ses objectifs budgétaires et les mesures pour y parvenir, estimant que le pays ne respecte pas les règles européennes en la matière.
selon une source proche des instances européennes
Mais dans un contexte économique et social tendu, la marge de manœuvre des États pour redresser leurs comptes apparaît bien mince. Entre le risque de casser la croissance en serrant trop la vis budgétaire et celui de voir les marchés sanctionner des déficits abyssaux, l’équation semble impossible à résoudre.
L’heure des choix difficiles
Face à ce mur de la dette, Paris comme Londres vont devoir trancher dans le vif. Réduire la voilure de l’État pour soulager les comptes publics ? Augmenter les impôts au risque de pénaliser la croissance ? Restructurer la dette en négociant avec les créanciers ? Autant de choix difficiles qui s’annoncent, avec à la clé des arbitrages douloureux.
Une seule certitude : l’heure n’est plus aux demi-mesures. Face à l’urgence de la situation, c’est une véritable remise à plat des modèles économiques et sociaux qui s’impose, tant à Paris qu’à Londres. Faute de quoi, c’est le spectre de la faillite qui pourrait bien se profiler à l’horizon.
L’avenir dira si les deux capitales sauront trouver les ressources pour éviter le pire et réinventer un modèle soutenable. Une chose est sûre : le temps presse, et les décisions qui seront prises dans les prochains mois seront décisives. Car c’est bien l’avenir de l’Europe qui se joue aujourd’hui dans la capacité de ses grands États à surmonter cette crise de la dette sans précédent.