Au cœur de l’Afrique, un drame humanitaire d’une ampleur phénoménale se joue dans une indifférence quasi-générale. Ravagé par plus d’un an et demi de guerre civile, le Soudan s’enfonce chaque jour davantage dans un gouffre de souffrance et de chaos. Face à cette tragédie ignorée, l’ONU tire aujourd’hui la sonnette d’alarme, appelant la communauté internationale à ouvrir les yeux sur une crise dont la gravité échappe encore à beaucoup.
Une catastrophe humanitaire d’une ampleur inouïe
Depuis avril 2023, le Soudan est le théâtre d’affrontements sanglants entre l’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Ce conflit fratricide a déjà fait des dizaines de milliers de victimes et jeté sur les routes de l’exil plus de 12 millions de personnes, soit près d’un quart de la population. Un bilan effroyable qui ne cesse de s’alourdir, les combats s’intensifiant ces dernières semaines dans les zones résidentielles.
En 20 mois de conflit, 3,2 millions de personnes sont sorties du pays et plus de 8,6 millions sont déplacées à l’intérieur. On fait face à la plus grosse crise de protection actuelle.
– Mamadou Dian Balde, coordinateur régional du HCR
Cette guerre impitoyable se double d’une catastrophe humanitaire sans précédent. Les deux camps sont accusés d’utiliser la faim comme arme, bloquant et pillant l’aide destinée aux civils. Des centaines de milliers de Soudanais sont ainsi menacés de famine, tandis que les épidémies se propagent à une vitesse alarmante dans les camps de déplacés surpeuplés et insalubres.
Le Soudan du Sud submergé par l’afflux de réfugiés
Fuyant l’enfer de la guerre, des milliers de Soudanais traversent chaque jour les frontières, espérant trouver refuge dans les pays voisins. Mais ces derniers peinent à faire face à cet afflux massif. Le Soudan du Sud, déjà fragilisé par des années de conflit, a vu arriver entre 35.000 et 40.000 réfugiés soudanais au cours des deux dernières semaines seulement, un chiffre 50 fois supérieur à la moyenne précédente. Une pression démographique colossale pour ce jeune État, qui manque cruellement de ressources et d’infrastructures.
On ne veut pas créer de nouveaux camps parce que les camps sont généralement très chers, très difficiles à maintenir.
– Mamadou Dian Balde, évoquant la stratégie d' »urbanisation » des réfugiés envisagée par le HCR
La communauté internationale à la traîne
Face à l’ampleur de la crise, la réponse de la communauté internationale apparaît bien timorée. À ce jour, le plan d’intervention du HCR au Soudan n’est financé qu’à 30%, sur un budget total de 1,5 milliard de dollars. Un manque de moyens criant qui entrave dramatiquement les efforts humanitaires sur le terrain.
Je ne pense pas que le monde se rende compte de la gravité de la crise soudanaise et de son impact. Les efforts diplomatiques ne sont pas à la hauteur des besoins.
– Mamadou Dian Balde, coordinateur régional du HCR
Un constat d’impuissance partagé par de nombreux acteurs humanitaires, qui dénoncent l’inaction et le désintérêt de la communauté internationale. Pourtant, comme le souligne M. Dian Balde, cette crise est loin d’être uniquement régionale : déjà, 60.000 réfugiés soudanais sont arrivés jusqu’en Ouganda, laissant craindre un afflux massif vers l’Europe si le conflit perdure.
Un appel à l’action urgent
Face à cette tragédie qui menace la stabilité de toute une région, l’ONU en appelle à la responsabilité de la communauté internationale. Le Conseil de sécurité et les États influents sont exhortés à user de leur poids pour faire pression sur les belligérants et obtenir un cessez-le-feu durable.
Ce n’est pas seulement une question humanitaire, c’est une question de paix, de stabilité, de développement.
– Mamadou Dian Balde, coordinateur régional du HCR
Un cri d’alarme qui résonne comme un ultimatum. Car chaque jour qui passe, ce sont des milliers de vies innocentes qui basculent dans l’horreur et le désespoir. Face à l’ampleur de cette catastrophe humaine, l’indifférence n’est plus une option. Il est temps pour la communauté internationale de se mobiliser et d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. La stabilité du Soudan, et avec elle celle de toute une région, en dépend.