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Crise au Bangladesh : les minorités religieuses prises pour cible

Le Bangladesh est secoué par une grave crise politique. Dans ce pays à 90% musulman, les minorités religieuses, surtout hindoues, sont victimes de violentes attaques qui inquiètent diplomates et ONG. Entre tensions communautaires et enjeux de pouvoir, la situation reste explosive...

Alors que le Bangladesh traverse une grave crise politique, les minorités religieuses du pays, en particulier les hindous, sont victimes de violentes attaques qui suscitent l’inquiétude des diplomates et des organisations de défense des droits humains. Dans ce pays où environ 90% de la population est musulmane, les tensions intercommunautaires semblent s’exacerber sur fond de luttes de pouvoir.

Diplomates européens « très inquiets »

Les chefs de mission de l’Union européenne à Dacca, la capitale bangladaise, se sont dits « très inquiets » après avoir reçu des informations faisant état de « multiples attaques contre des lieux de culte et des membres de minorités religieuses, ethniques et autres ». Ces déclarations interviennent au lendemain de la fuite de la Première ministre Sheikh Hasina, sur fond d’émeutes meurtrières secouant le pays.

Selon des témoins, des commerces et des maisons appartenant à des hindous ont notamment été pris pour cible par des manifestants. Le média indien The Print rapporte que au moins deux temples hindous ont été attaqués. La maison de Rahul Ananda, un musicien hindou célèbre, a également été incendiée.

Craintes de voir les tensions intercommunautaires s’aggraver

Des observateurs redoutent que la crise politique actuelle ne ravive les tensions entre les communautés religieuses au Bangladesh. Si l’islam est la religion d’État, la Constitution du pays défend le principe de laïcité. Pourtant, les minorités religieuses y sont régulièrement victimes de persécutions.

Selon le recensement national de 2022 :

  • Environ 91% de la population est musulmane
  • Les hindous représentent 8% des Bangladais
  • Les 1% restants sont principalement constitués de chrétiens et de bouddhistes

L’ONG Odhikar, qui défend les droits humains, a recensé entre 2007 et 2021 :

  • 20 meurtres commis contre des membres de minorités religieuses
  • Près de 1500 attaques contre des propriétés et des temples appartenant à ces communautés

Les hindous particulièrement ciblés

Première minorité religieuse du Bangladesh, la communauté hindoue est la cible privilégiée des violences et des discriminations. En 2021, une série d’attaques lors des célébrations de Durga Puja, une grande fête hindoue, avait fait une dizaine de morts et des centaines de blessés. Des épisodes similaires s’étaient déjà produits en 2016 et 2012.

Les hindous sont d’autant plus visés que la Première ministre déchue, Sheikh Hasina, est accusée par ses opposants d’être proche d’eux. Elle s’était en effet rapprochée du dirigeant indien Narendra Modi, par opposition à son rival du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), qui considère l’islam comme une composante de l’identité nationale.

Une situation explosive

Alors que le Bangladesh s’enfonce dans une spirale de violence politique, la situation des minorités religieuses, en particulier de la communauté hindoue, apparaît de plus en plus précaire. Les appels à la retenue lancés par les diplomates étrangers et la société civile suffiront-ils à apaiser les tensions intercommunautaires ? Rien n’est moins sûr tant les enjeux de pouvoir semblent attiser les clivages religieux dans le pays.

Face à cette situation explosive, il est urgent que les autorités bangladaises prennent des mesures fermes pour protéger les minorités, faire cesser les violences et promouvoir le dialogue entre les communautés. C’est à ce prix que le Bangladesh pourra préserver sa tradition de coexistence religieuse et éviter de sombrer dans le chaos des affrontements communautaires.

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