C’est un constat alarmant que dresse le Royal College of Nursing (RCN), le principal syndicat infirmier britannique, dans son dernier rapport. Les hôpitaux du Royaume-Uni sont tellement saturés que des patients en sont réduits à mourir dans les couloirs, privés de leur dignité et mis en danger par le manque de moyens. Une situation intolérable qui soulève de sérieuses questions sur la capacité du système de santé à faire face aux rigueurs de l’hiver.
Des témoignages glaçants d’infirmières au front
Pour étayer son rapport, le RCN a recueilli les témoignages édifiants de 5 000 infirmières confrontées quotidiennement à cette crise sanitaire majeure. Leurs récits font froid dans le dos :
- Des patients victimes d’arrêts cardiaques dans les couloirs bondés
- Des femmes faisant des fausses couches dans des conditions indignes
- Des malades soignés dans des toilettes, salles de bain ou même sur des parkings
- Un accès impossible au matériel de surveillance et de réanimation vital
Nicola Ranger, secrétaire général du RCN, tire la sonnette d’alarme :
Les patients sont privés de leur dignité et leur vie est mise en danger. Les soins « de couloirs » ou sur « chaise » sont en train de se normaliser au Royaume-Uni. Ces témoignages doivent servir de signal d’alarme.
Un système de santé au bord de l’implosion
Face à ces révélations chocs, le ministre de la Santé Wes Streeting a reconnu une situation « intolérable » au Parlement. Il a pointé du doigt « 14 années d’échec » du système public de santé, le NHS, sous les précédents gouvernements conservateurs. Tout en admettant qu’il faudra du temps pour réparer les dégâts, il s’est refusé à promettre la fin des soins de couloirs d’ici l’an prochain.
Pour les soignants sur le terrain, c’est tout simplement l’effondrement des principes fondamentaux du soin. Une infirmière résume ainsi la situation auprès du RCN :
Des patients sont morts sur des lits d’hôpitaux et des chaises dans des couloirs et des salles d’attente. Nous n’offrons rien de mieux que dans un pays en développement.
Un hiver meurtrier aux urgences
Selon Julian Redhead, directeur des soins cliniques d’urgence du NHS, la semaine dernière a été la plus chargée de l’hiver pour le système de santé britannique. En cause : la grippe qui circule activement et une vague de froid polaire. Résultat, le taux d’occupation des lits atteignait 96% en Angleterre et une vingtaine d’hôpitaux ont déclaré des « incidents graves » aux urgences.
Duncan Burton, chef des soins infirmiers du NHS, décrit carrément cet hiver comme « l’un des plus difficiles » jamais vécus par le système public de santé. Un constat d’échec terrible pour la 6ème puissance économique mondiale.
L’impérieuse nécessité d’agir vite et fort
Face à l’ampleur de cette crise humanitaire au cœur même du Royaume-Uni, il y a urgence à agir. Le gouvernement doit prendre la mesure de la situation catastrophique sur le terrain et débloquer des moyens d’urgence massifs pour :
- Augmenter les capacités hospitalières et le nombre de lits
- Recruter massivement du personnel soignant et revaloriser les salaires
- Moderniser les urgences et les équipements
- Développer des solutions de prise en charge alternatives pour désengorger les hôpitaux
Sans une réaction forte et rapide des pouvoirs publics, le NHS court à la catastrophe cet hiver. Et ce sont les patients les plus fragiles qui risquent d’en payer le prix fort, au péril de leur vie. Le temps des demi-mesures et de l’autosatisfaction est révolu. Le Royaume-Uni doit renouer avec les principes fondateurs de son système de santé : l’accès de tous à des soins de qualité, dans la dignité. Il en va de la vie de milliers de Britanniques.