La Roumanie est à la croisée des chemins. Alors que le spectre du nationalisme plane sur le pays, les forces pro-européennes ont décidé d’unir leurs efforts derrière un candidat unique pour la prochaine élection présidentielle : Crin Antonescu. Cet ancien président du Sénat âgé de 65 ans est considéré comme l’homme de la situation pour faire barrage à la montée de l’extrême droite.
Un séisme politique après l’annulation du premier tour
Fin novembre, le pays a été secoué par un véritable tremblement de terre électoral. Au premier tour de la présidentielle, un candidat nationaliste inconnu du grand public, Calin Georgescu, a créé la surprise en arrivant en tête, devançant tous les partis traditionnels. Face à ce raz-de-marée, la Cour constitutionnelle a pris une décision inédite en annulant le scrutin, sur fond d’accusations concernant l’influence de TikTok durant la campagne et de soupçons d’ingérence russe.
L’union des pro-européens derrière Crin Antonescu
Les récentes élections législatives ont permis de clarifier le paysage politique. Plusieurs formations ont annoncé la mise en place d’un gouvernement pro-européen, qui aura notamment pour mission d’organiser un nouveau scrutin présidentiel. Surtout, ces partis ont décidé de s’unir derrière la candidature de Crin Antonescu, jugé apte à séduire à la fois l’électorat social-démocrate et celui des libéraux.
Il a fallu trouver une personnalité qui réunisse les deux électorats
explique le politologue Sergiu Miscoiu, qualifiant Crin Antonescu de « bon orateur »
Des candidatures alternatives pro-européennes
L’union autour de Crin Antonescu n’est cependant pas totale. Le parti de la candidate centriste Elena Lasconi, qui s’était qualifiée au premier tour avant l’annulation, a refusé de se joindre à cette alliance. Le maire indépendant de Bucarest, Nicusor Dan, s’est lui aussi lancé dans la course, cherchant à capter la frange de l’électorat pro-européen qui ne se reconnaît ni dans l’extrême droite, ni dans les partis au pouvoir depuis la chute du communisme.
Vers une présidentielle à trois camps ?
Selon les analystes, la présidentielle pourrait donc voir s’affronter trois blocs : les pro-européens unis derrière Crin Antonescu, les candidats alternatifs incarnés par Elena Lasconi et Nicusor Dan, et l’extrême droite, bien que le doute persiste sur celui ou celle qui portera ses couleurs. Calin Georgescu, vainqueur surprise du premier tour annulé, risque en effet d’être disqualifié.
Crin Antonescu, un homme d’expérience
Figure bien connue de la politique roumaine, Crin Antonescu n’en est pas à sa première présidentielle. En 2009, il s’était déjà présenté, terminant en troisième position. Il a ensuite dirigé le parti libéral entre 2009 et 2014. Pendant cette période, il a également présidé le Sénat, et a même été président de la Roumanie par intérim durant un mois et demi en 2012.
Le choix de Crin Antonescu comme candidat de la coalition pro-européenne semble donc miser sur l’expérience et le rassemblement, dans un contexte politique tendu. Reste à savoir si cela suffira face au vent de contestation qui souffle sur le pays. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir de la démocratie roumaine.