Imaginez vivre dans une ville où chaque mot prononcé peut devenir une sentence de mort. Depuis que le groupe armé M23 a pris le contrôle de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en janvier dernier, la peur s’est installée comme un brouillard épais. Journalistes, activistes, simples citoyens : personne n’échappe à la menace grandissante qui pèse sur ceux qui osent s’exprimer ou résister.
Une Vague de Terreur dans l’Est de la RDC
Le M23, un mouvement armé qui s’oppose au gouvernement de Kinshasa, ne se contente plus de combats sur le terrain. Selon des sources fiables, il s’attaque désormais à ceux qui portent la voix du peuple ou dénoncent ses abus. Ce n’est pas une simple lutte de pouvoir : c’est une guerre contre la liberté d’expression et la dignité humaine.
Des Journalistes Sous Pression Constante
Quelques jours après la chute de Goma, les combattants du M23 ont ciblé les professionnels des médias. Menaces par téléphone, visites intimidantes à domicile, détentions arbitraires : le quotidien des journalistes est devenu un cauchemar. Beaucoup sont coincés dans la ville, incapables de rentrer chez eux, vivant dans l’angoisse d’être les prochains sur la liste.
Ils savent qui nous sommes et ce que nous faisons. Chaque reportage peut être le dernier.
– Une chercheuse spécialiste de la région
Ces actes ne sont pas isolés. Ils suivent un schéma clair : réduire au silence ceux qui pourraient révéler la vérité sur les agissements du groupe. À Goma, le micro est devenu une arme à double tranchant.
Des Activistes Pris pour Cible
Les activistes, eux aussi, paient un lourd tribut. Un chanteur connu pour son engagement a été retrouvé sans vie, abattu chez lui par des combattants. Un autre, forcé de travailler pour le M23, a été exécuté avec quatre compagnons d’infortune. Ces assassinats, d’après une source proche, visent à semer la terreur et à décourager toute forme de résistance.
- Un artiste tué dans une attaque ciblée.
- Cinq hommes exécutés après des travaux forcés.
- Des familles laissées dans le désespoir.
Ce ne sont pas des bavures : ces actes semblent calculés pour envoyer un message. La société civile, pilier de la résilience congolaise, est en train de s’effriter sous cette violence implacable.
Un Conflit aux Racines Profondes
Le M23 n’est pas un phénomène nouveau. Depuis 2021, ce groupe a repris les armes, gagnant du terrain dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, frontalières du Rwanda. Goma et Bukavu, deux villes stratégiques, sont tombées sous son joug en début d’année. Mais derrière cette offensive, des soupçons persistent : des observateurs pointent du doigt un soutien extérieur, notamment du Rwanda, bien que cela reste sujet à débat.
Les combats ont déjà coûté la vie à des milliers de personnes – plus de 7 000 selon les autorités congolaises, un chiffre difficile à confirmer faute de données indépendantes. Mais au-delà des pertes humaines, c’est toute une région qui sombre dans le chaos.
Des Exactions qui Révulsent
Les rapports s’accumulent, et les récits sont glaçants. Début mars, une experte de l’ONU a dénoncé les attaques contre les défenseurs des droits humains. Peu avant, des alertes ont été lancées sur le sort de 130 malades et blessés enlevés dans des hôpitaux de Goma par des membres du M23. À Bukavu, des accusations encore plus graves ont émergé : des enfants auraient été exécutés par le groupe.
Lieu | Incident | Victimes |
Goma | Enlèvements dans des hôpitaux | 130 personnes |
Bukavu | Exécutions signalées | Enfants inclus |
Ces actes, s’ils sont confirmés, marquent un tournant dans l’horreur. Ils interrogent aussi sur la capacité de la communauté internationale à réagir face à une crise qui s’aggrave de jour en jour.
Les Wazalendo : Alliés ou Bourreaux ?
Face au M23, l’armée congolaise s’appuie sur des milices locales, les *wazalendo*, ou « patriotes » en swahili. Mais ces groupes, censés protéger les civils, sont eux-mêmes accusés d’abus. Pillages, violences, extorsions : leur réputation est entachée, et les habitants se retrouvent pris entre deux feux.
Entre un ennemi qui tue et un allié qui pressure, où est l’espoir pour les civils ?
Ce paradoxe illustre la complexité du conflit. Les victimes, elles, n’ont plus de camp auquel se raccrocher.
Une Population Abandonnée
À Goma, la vie ne tient qu’à un fil. Les habitants parlent d’une ville fantôme, où les rues se vident dès la nuit tombée. Les activistes et journalistes encore sur place se cachent, changeant de domicile pour échapper aux représailles. Mais combien de temps pourront-ils tenir ?
La crise dépasse les frontières locales. Elle met en lumière des enjeux régionaux, avec des tensions palpables entre la RDC et ses voisins. Pourtant, les solutions semblent lointaines, et le silence international devient assourdissant.
Que Faire Face à l’Impunité ?
Les appels à l’action se multiplient. Des organisations demandent que les responsables soient traduits en justice, que les journalistes et activistes puissent travailler sans crainte. Mais dans un contexte où la violence est devenue monnaie courante, ces revendications peinent à trouver écho.
La peur ne doit pas devenir la norme. Il faut protéger ceux qui osent parler.
– Une voix anonyme de la société civile
Pour l’heure, Goma reste un symbole de résistance brisée, mais aussi d’un combat qui refuse de s’éteindre. La question demeure : jusqu’où ira cette spirale de violence ?
Ce récit n’est qu’un aperçu d’une réalité bien plus vaste. Les chiffres, les témoignages, les cris d’alarme s’accumulent, mais les réponses, elles, se font attendre. En attendant, les habitants de l’est de la RDC continuent de vivre dans l’ombre d’une menace omniprésente.