En coulisses du Top 14, les règles du salary-cap font grincer des dents. Au cœur des critiques : les crédits accordés aux clubs pour compenser l’absence de leurs internationaux, jugés par certains comme une source grandissante d’iniquité. Avec potentiellement plusieurs millions d’euros d’écart entre les masses salariales, l’équité sportive et financière est remise en cause.
Le casse-tête des doublons internationaux
Lorsque les meilleurs éléments s’absentent pour défendre les couleurs du XV de France, leurs clubs se retrouvent pénalisés sportivement. Pour compenser ce manque à gagner, le salary-cap prévoit des crédits supplémentaires, indexés sur le nombre de sélections. Un système qui avantage mécaniquement les grosses écuries, pourvoyeuses de nombreux internationaux.
On a créé au fur et à mesure dans les règlements des niches qui font qu’il n’y a plus du tout d’égalité entre les clubs.
Un dirigeant du Top 14
Des disparités qui s’accentuent
Si le plafond salarial théorique est fixé à 10,7 M€ cette saison, la réalité est tout autre. Grâce aux différents bonus, notamment ceux liés aux internationaux, certains clubs approchent désormais les 14 M€ de masse salariale. Un écart conséquent avec les « petits » budgets, qui nuit à l’équilibre compétitif de l’élite.
- Plafond théorique du salary-cap : 10,7 M€
- Masse salariale réelle de certains clubs : proche de 14 M€
- Écart dû principalement aux crédits « joueurs internationaux »
Le problème du salary-cap, c’est qu’il n’y a plus de salary-cap !
Un président de club du Top 14
Vers une refonte du système ?
Face à ce constat, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une refonte des règles. L’objectif : revenir à l’esprit initial du salary-cap, à savoir une limite de dépenses identique pour tous, sans dérogation. Mais supprimer purement et simplement les crédits « internationaux » pourrait pénaliser les clubs qui fournissent le plus de joueurs au XV de France.
Une piste évoquée serait de conserver ces bonus, mais en les plafonnant pour limiter les écarts. Autre levier possible : moduler le montant du salary-cap en fonction des résultats sportifs, pour favoriser l’émergence de nouveaux clubs ambitieux. Des discussions sont en cours entre les différentes parties prenantes pour tenter de trouver un équilibre, entre performance des clubs français sur la scène européenne et maintien d’un championnat disputé.
L’avenir du modèle français en question
Au-delà de la seule problématique du salary-cap, c’est tout le modèle économique du rugby professionnel hexagonal qui est questionné. Avec des budgets toujours plus élevés, dopés par la surenchère des droits TV et un calendrier surchargé, le Top 14 est-il parti dans une course à l’armement insoutenable ? La quête de l’équité sportive ne doit pas se faire au détriment de la pérennité financière des clubs.
La réforme du salary-cap n’est qu’un élément parmi d’autres d’une réflexion globale à mener sur l’avenir de notre championnat. Entre exigence de compétitivité, volonté de préserver l’équilibre compétitif et nécessité d’un modèle viable sur le long terme, l’équation est complexe. C’est tout l’enjeu des discussions à venir entre les clubs, la LNR et la FFR.
Il faut remettre de l’équité dans le salary-cap, sans casser la dynamique sportive et économique du Top 14.
Un expert du rugby français
Une chose est sûre : les crédits « internationaux » continueront de faire parler d’eux dans les prochains mois. Entre sagesse budgétaire et ambitions sportives, les clubs devront trouver le bon dosage. Tout l’enjeu sera de réformer le salary-cap, sans pour autant désarmer les locomotives du Top 14 face à la concurrence européenne. Un sacré défi en perspective !