La Banque centrale européenne (BCE) vient d’annoncer une nouvelle baisse de son taux directeur, le portant désormais à 3,25%. Une décision qui n’est pas sans conséquence pour les emprunteurs immobiliers. En effet, les banques commerciales ont anticipé cette tendance et proposent actuellement des taux avoisinant les 3,5% sur 20 ans, bien en deçà des 4,5% observés fin 2023. Face à cette conjoncture favorable, la question se pose : est-ce le bon moment pour renégocier son crédit immobilier ?
Renégocier son prêt : mode d’emploi
Avant de se lancer dans une renégociation, il convient de respecter quelques règles de base. Selon Maël Bernier, porte-parole de MeilleurTaux, trois critères sont à prendre en compte :
- Se situer dans le premier tiers de son prêt, période durant laquelle on paye le plus d’intérêts.
- Viser un écart d’au moins un point entre le taux actuel et celui de son crédit.
- Avoir un capital restant dû d’au minimum 70 000 euros.
Autant de conditions qui ne concernent qu’une frange limitée d’emprunteurs, principalement ceux ayant signé à 4,2% entre octobre et décembre 2023, période peu propice aux transactions immobilières.
Patience et réflexion, les maîtres mots
Si vous remplissez ces critères, pas de précipitation pour autant. Les taux, actuellement autour de 3,5% sur 20 ans, n’ont pas encore atteint leur plancher selon les experts. Ils devraient poursuivre leur baisse pour se stabiliser entre 3 et 3,2% début 2025. “Je pense qu’il vaut mieux attendre un peu. Si vous attaquez votre démarche aujourd’hui pour que les taux soient plus bas dans trois mois… C’est trop tôt”, prévient Maël Bernier.
Néanmoins, pour les plus pressés, les gains potentiels restent conséquents. Un couple ayant emprunté 380 000 euros à 4,4% sur 25 ans en 2023, avec une mensualité de 2091 euros, pourrait économiser jusqu’à 32 000 euros avec les taux actuels. Une somme qui devrait encore augmenter dans les mois à venir.
Frais et pénalités, les écueils à éviter
Avant de se lancer, il est primordial d’étudier attentivement les clauses de son contrat initial. Certains prêts sont assortis de pénalités en cas de remboursement anticipé, pouvant aller jusqu’à 3% du capital restant dû. Des frais qui peuvent rapidement annuler les bénéfices d’une renégociation.
Il faut également prendre en compte les frais de dossier liés à la mise en place du nouveau prêt, ainsi que les éventuels frais de courtage si vous passez par un intermédiaire. Autant de dépenses qui doivent être mises en perspective avec les gains espérés.
Renégocier ou faire racheter, le dilemme
Une fois la décision prise, reste à choisir entre une renégociation auprès de sa banque actuelle ou un rachat de crédit par un autre établissement. Si la première option peut sembler plus simple, la seconde permet souvent d’obtenir des taux plus avantageux, les banques étant friandes de nouveaux clients.
Néanmoins, le rachat de crédit implique de refaire un dossier complet, avec les justificatifs et les garanties qui vont avec. Un processus qui peut s’avérer long et fastidieux, surtout si votre situation professionnelle ou personnelle a évolué depuis l’obtention de votre prêt initial.
Renégocier, oui mais pas à n’importe quel prix
Si les taux bas incitent à la renégociation, il convient de garder raison et de ne pas se précipiter. Une baisse de quelques dizaines d’euros par mois peut sembler alléchante, mais elle doit être mise en perspective avec la durée restante du prêt et les frais engagés.
Renégocier pour gagner 20 ou 30 euros par mois, ça n’a aucun sens si on a un crédit sur 15 ou 20 ans. Les frais vont annuler les gains.
Astrid Cousin, porte-parole de Vousfinancer
Avant de vous engager, n’hésitez pas à faire des simulations auprès de plusieurs établissements, en prenant en compte tous les paramètres : taux, assurance, frais de dossier, pénalités éventuelles… Un comparatif qui vous permettra de prendre la décision la plus adaptée à votre situation.
Renégocier, une démarche gagnante si elle est bien menée
La baisse des taux offre une réelle opportunité aux emprunteurs immobiliers de réduire le coût de leur crédit. Néanmoins, la renégociation ne doit pas se faire dans la précipitation. Il est crucial d’étudier attentivement sa situation, de faire jouer la concurrence et de mesurer les gains réels, au-delà des effets d’annonce.
Si toutes les conditions sont réunies, alors n’hésitez plus. Une renégociation bien menée peut vous faire économiser plusieurs milliers d’euros, de quoi envisager l’avenir immobilier avec plus de sérénité. Mais gardez toujours à l’esprit qu’un crédit immobilier est un engagement sur le long terme, qui doit être géré avec prudence et discernement.