Imaginez-vous sur la Grand-Place de Bruxelles, sous les dorures et les flocons artificiels. Le sapin brille, les façades gothiques scintillent, et là, à côté, une étrange structure transparente abrite la crèche de Noël 2025. Mais quelque chose cloche. Les personnages n’ont plus de visage. À la place, des têtes en patchwork beige-brun, comme pixélisées. Marie, Joseph, l’Enfant Jésus ? Impossible à distinguer. Bienvenue dans la nouvelle ère de la Nativité « inclusive ».
Quand la crèche de Noël perd son visage
Ce mercredi 26 novembre 2025, la traditionnelle crèche a été inaugurée. Exit les santons provençaux ou les figurines réalistes qui faisaient rêver petits et grands depuis des décennies. À la place, des silhouettes en tissu molletonné, volontairement anonymes, aux couleurs « mélangeant toutes les teintes de peau ». L’argument officiel ? Permettre à chaque visiteur, quelle que soit son origine, de se projeter dans la scène de la Nativité.
Une membre de l’organisation l’a confirmé sans détour : « Nous avons choisi de ne représenter aucun visage précis afin que personne ne se sente exclu. » Traduction : plutôt que de montrer un Jésus historiquement méditerranéen, on préfère… ne rien montrer du tout.
L’inclusivité qui exclut la réalité historique
La Nativité est un événement précis : la naissance de Jésus de Nazareth, juif du Ier siècle, dans une étable de Bethléem. Les Évangiles, les Pères de l’Église, les milliers d’œuvres d’art depuis quinze siècles s’accordent sur une chose : les personnages avaient des traits. Des traits humains, reconnaissables, souvent typés moyen-orientaux ou européens selon les époques et les régions.
En 2025, à Bruxelles, on décide que cette précision historique est… problématique. Trop blanche ? Trop chrétienne ? Trop identifiable ? Peu importe. On efface. On abstrait. On transforme la crèche en installation contemporaine où l’on ne sait plus qui est berger, roi mage ou mère de Dieu.
« Un mélange inclusif de toutes les couleurs de peau, pour que tout le monde s’y retrouve »
Explication officielle de l’organisation
Mais qui est ce « tout le monde » ? L’enfant musulman qui ne reconnaîtra ni la scène ni les symboles ? Le touriste asiatique qui verra juste des poupées bariolées ? L’athée militant qui applaudira l’effacement religieux ? Ou le Belge de souche qui se demandera pourquoi on lui retire jusqu’au visage de l’Enfant Jésus ?
Une tendance lourde : la déchristianisation par l’art contemporain
Cette crèche sans visage n’est pas un accident. Elle s’inscrit dans une longue série de « réinterprétations » qui touchent les symboles chrétiens en Europe occidentale.
- 2023 : à Strasbourg, la crèche du marché de Noël remplacée par une « installation lumineuse neutre »
- 2024 : à Gand, les anges du beffroi jugés « trop chrétiens » et voilés temporairement
- 2025 : à Bruxelles, visages supprimés pour cause d’inclusivité
Le pattern est clair : on ne supprime pas encore totalement la crèche – ce serait trop brutal – mais on la vide progressivement de son contenu. D’abord on la déplace dans un coin, ensuite on la modernise, puis on en fait une œuvre abstraite où plus personne ne reconnaît rien. À la fin, il ne reste qu’un vague souvenir.
Le paradoxe de l’inclusion totale
L’argument de l’inclusivité est séduisant sur le papier. Qui pourrait être contre le fait que chacun se sente représenté ? Sauf que l’inclusion absolue aboutit à une forme d’exclusion radicale : celle de la vérité historique et culturelle.
En voulant plaire à tout le monde, on finit par ne plus représenter personne. Le visage humain, c’est l’identité. Le supprimer, c’est dire que l’identité n’a pas sa place dans l’espace public. C’est transformer la Nativité en concept marketing : Noël® version 2025, compatible avec toutes les sensibilités… donc privée de toute substance.
Petit test mental
Imaginez une crèche de Ramadan place de Brouckère avec des silhouettes sans visage « pour inclure les chrétiens ». Impensable ? Voilà.
Bruxelles, laboratoire du multiculturalisme sans racines
La capitale belge n’a pas été choisie au hasard. À Bruxelles-Ville, les Belges de souche sont minoritaires depuis longtemps. Plus d’un habitant sur deux a une origine étrangère, souvent extra-européenne. Dans certains quartiers, le français n’est plus la langue majoritaire dans les cours de récréation.
Dans ce contexte, maintenir une crèche traditionnelle devient un acte presque politique. Montrer un Jésus à la peau claire ou mate, avec des traits reconnaissables, c’est rappeler que l’Europe a une histoire, une culture, une religion majoritaire pendant deux millénaires. Et cela, visiblement, dérange.
Alors on préfère la solution de facilité : l’abstraction. Des poupées de chiffon qui ne choquent personne… parce qu’elles ne signifient plus rien.
Et les enfants dans tout ça ?
Regardez les photos. Des familles passent devant l’installation. Les enfants tirent leurs parents par la manche : « C’est quoi ça ? » Impossible de leur expliquer que c’est la naissance de Jésus quand on ne voit ni berceau, ni étoile, ni visages humains.
Noël devient une fête esthétique : lumières, vin chaud, musique. Mais l’histoire qui a donné naissance à tout cela ? Effacée. On célèbre une ambiance, pas un événement. C’est beau, c’est chaleureux, c’est… vide.
Une capitulation symbolique
Ce qui se joue sur la Grand-Place n’est pas anodin. C’est la capitulation progressive d’une civilisation face à sa propre histoire. On ne défend plus, on s’excuse. On ne transmet plus, on dilue. On n’assume plus, on neutralise.
La crèche sans visage est le symptôme parfait de cette époque : on a tellement peur de déplaire qu’on préfère ne plus rien dire. On a tellement peur d’exclure qu’on finit par exclure la majorité silencieuse qui, elle, aurait simplement voulu reconnaître la scène qu’on lui raconte depuis l’enfance.
En 2025, sur la plus belle place du monde, Noël est devenu orphelin de sens. Les poupées multicolores veillent sur un berceau vide. Et personne n’ose dire que l’Enfant Jésus, lui aussi, a été mis à la porte.
Peut-être qu’un jour on se réveillera. Peut-être qu’on comprendra qu’on peut accueillir l’autre sans pour autant s’effacer soi-même. En attendant, la Grand-Place brille. Mais quelque chose manque. Et ce quelque chose avait un visage.









