L’Iran est sous le choc. Ce lundi matin, la nouvelle de la mort tragique du Président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère a ébranlé le pays. L’appareil présidentiel s’est écrasé la veille dans une zone montagneuse et boisée du nord-ouest de l’Iran, emportant avec lui le chef de l’État et plusieurs hauts responsables gouvernementaux dont le ministre des Affaires étrangères. Un drame national qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir politique du pays.
Un crash mortel aux circonstances troubles
L’hélicoptère du Président Raïssi, un Bell 212 de fabrication américaine, faisait partie d’un convoi de trois appareils qui survolait dimanche la province de l’Azerbaïdjan oriental dans des conditions météorologiques difficiles. Pluie, brouillard épais… Seuls deux des hélicoptères sont arrivés à bon port à Tabriz, la grande ville du nord-ouest. Celui transportant le président et sa délégation n’a jamais atteint sa destination.
Après des heures de recherches rendues compliquées par le relief escarpé et le mauvais temps, l’épave a finalement été localisée lundi à l’aube. Les secouristes dépêchés sur place n’ont pu que constater l’absence de survivants parmi les huit occupants de l’appareil. Une tragédie qui endeuille l’Iran et suscite de nombreuses interrogations.
Mohammad Mokhber, président par intérim
Conformément à la Constitution iranienne, c’est Mohammad Mokhber, vice-président depuis 2021, qui assurera l’intérim à la tête de l’État. Cet ancien dirigeant d’entreprise de 68 ans dispose d’un délai de 50 jours pour organiser une nouvelle élection présidentielle. Le guide suprême Ali Khamenei l’a officiellement investi de ces fonctions ce lundi.
Nous assurons à notre nation loyale qu’il n’y aura aucune lacune dans la gestion du pays.
– Le gouvernement iranien
L’opposition en exil salue un “coup monumental” porté au régime
Si le gouvernement s’efforce de rassurer sur la continuité du pouvoir, le décès brutal d’Ebrahim Raïssi rebat inévitablement les cartes. Depuis l’étranger, l’opposition en exil voit dans cet événement un “coup stratégique monumental et irréparable” pour le régime iranien. Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne, espère que ce drame “incitera les jeunesses rebelles à passer à l’action”.
Un hélicoptère vétuste mis en cause
Plusieurs observateurs pointent du doigt l’état de vétusté de l’hélicoptère présidentiel, un appareil de conception américaine qui n’aurait pas pu être vendu à l’Iran depuis la révolution islamique de 1979, en raison des sanctions. Faute de pièces détachées, la maintenance de ces engins serait devenue très compliquée ces dernières années. Des défaillances techniques qui auraient pu jouer un rôle fatal, d’autant que les conditions de vol étaient dégradées.
Cinq jours de deuil national décrétés
Ebrahim Raïssi, 63 ans, dirigeait l’Iran d’une main de fer depuis son élection en 2021. Réputé pour son intransigeance, notamment dans la répression des opposants, ce proche de l’ayatollah Khamenei incarnait la ligne dure du régime. Sa disparition brutale crée un vide abyssal au sommet de l’État.
Le guide suprême a décrété cinq jours de deuil national pour pleurer cet “infatigable serviteur du peuple iranien qui a sacrifié sa vie pour la nation”. De Moscou à Pékin en passant par plusieurs capitales du Moyen-Orient, les messages de condoléances affluent pour saluer la mémoire de ce “dirigeant remarquable”, “véritable ami” de pays comme la Russie ou la Syrie.
Un accident en haute montagne qui pourrait faire vaciller les fondations mêmes de la République islamique. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir de l’Iran, suspendu au nom de celui ou celle qui succédera à Ebrahim Raïssi. Une transition sous haute tension, scrutée par le monde entier.