Des cris, des pleurs et un désespoir infini. Voilà ce qui hante l’aéroport de Muan en Corée du Sud, au lendemain du crash dévastateur d’un avion de la compagnie Jeju Air. Pendant que les débris ensanglantés jonchent encore le tarmac près de la carlingue calcinée, les familles des 179 victimes attendent, le cœur serré, l’identification des corps de leurs proches. Une tâche rendue extrêmement difficile par l’ampleur de la tragédie.
Des restes humains éparpillés, une identification laborieuse
Sur le lieu du drame, soldats et secouristes ratissent chaque centimètre carré, des champs alentours jusqu’à la piste, à la recherche du moindre fragment humain. Grâce aux empreintes digitales et aux tests ADN, les autorités ont pu identifier 146 des 179 défunts. Mais la quête des restes manquants se poursuit sans relâche.
Face aux familles réunies dans les salons de l’aéroport, un responsable a dû présenter ses excuses les plus plates. Les corps sont dans un état de délabrement extrême, rendant l’identification particulièrement ardue :
Il y a de nombreux cas où les bras et les jambes ont été sectionnés.
Un responsable face aux familles des victimes
Une annonce qui a provoqué des cris d’horreur et de choc parmi l’assemblée. Malgré tout, les autorités estiment pouvoir reconstituer 80 à 90% des corps d’ici une dizaine de jours.
Seulement deux miraculés dans un crash d’une violence inouïe
Le Boeing 737-800 de la compagnie Jeju Air reliait Bangkok à Muan lorsqu’il a rencontré de graves difficultés. Probablement suite à une collision avec des oiseaux, l’appareil a dû tenter un atterrissage d’urgence. Mais il a fini sa course en percutant violemment un mur en bout de piste, avant d’être englouti par les flammes. Seuls deux passagers ont survécu à ce crash d’une violence extrême, le pire accident aérien survenu sur le sol sud-coréen.
L’attente insoutenable des familles, pressées d’entamer leur deuil
Si les proches des victimes comprennent la lenteur inhérente au processus d’identification vu l’état des corps, leur désespoir n’en est pas moins immense. Ils veulent pouvoir organiser les funérailles et vivre leur deuil dans les règles. Une attente qui se fait de plus en plus insupportable à mesure que les heures passent.
Nous voulons que les autorités nous rendent nos proches même s’il n’y a que 80% de leurs corps.
Park Han-shin, représentant des familles
Les familles appellent les autorités à mettre davantage de conteneurs réfrigérés à disposition. En effet, malgré l’hiver, la température augmente rapidement, faisant craindre une décomposition accélérée des dépouilles.
Entre abattement et colère, les proches crient leur douleur
Plus de 24 heures après le drame, l’abattement et l’impatience se muent parfois en accès de colère. La venue tardive du PDG de Jeju Air, Kim E-bae, a suscité l’ire des familles endeuillées. Tête baissée, il a dit avoir le « cœur empli de chagrin » et a présenté ses condoléances. Mais cela n’a pas suffi à apaiser la douleur et la colère :
Auriez-vous agi ainsi si on parlait de votre chair et de votre sang ?
Un proche en colère
Une enquête approfondie et un deuil national
Face à ce drame d’une ampleur sans précédent pour Jeju Air, le gouvernement Sud-coréen a décrété un deuil national de 7 jours. Par ailleurs, une inspection complète de tous les Boeing 737-800 utilisés par les compagnies du pays a été ordonnée.
Bien que la piste de la collision aviaire soit privilégiée, des voix s’élèvent de plus en plus pour pointer du doigt l’architecture même de l’aéroport de Muan. Les images glaçantes de l’avion embrasé percutant le mur en bout de piste ont fait le tour du monde, brisant le cœur de millions de personnes. Dont Mme Yo, 71 ans, qui a perdu son frère dans la catastrophe :
Ça me brise le cœur.
Mme Yo, 71 ans, sœur d’une victime
Toute la Corée du Sud est en deuil, partageant la peine immense des familles. Chacun espère que les corps seront rapidement identifiés et restitués aux proches, pour qu’ils puissent entamer leur douloureux travail de deuil. Mais aussi que toute la lumière sera faite sur les circonstances exactes de ce crash, pour qu’une telle tragédie ne se reproduise plus jamais.
