Le ciel d’Ahmedabad, dans le nord-ouest de l’Inde, s’est assombri jeudi dernier. Un Boeing 787 d’Air India, en plein décollage, s’est transformé en une boule de feu, emportant 279 vies et laissant une seule rescapée. Depuis, des familles éplorées attendent, dans l’angoisse, des nouvelles de leurs proches disparus. Entre douleur et frustration, elles dénoncent un manque criant de soutien de la part de la compagnie aérienne.
Une tragédie qui bouleverse Ahmedabad
L’accident, survenu lors du décollage à destination de l’aéroport de Gatwick à Londres, a non seulement décimé les 242 passagers et membres d’équipage à bord, mais a également causé la mort de 38 personnes au sol, touchées par l’explosion de l’appareil dans un quartier résidentiel. Cette catastrophe, d’une violence inouïe, a plongé la ville dans un deuil collectif. Les récits des survivants et des proches des victimes dessinent un tableau poignant, où l’attente et l’incertitude dominent.
L’identification des victimes : un processus lent et douloureux
Quatre jours après le drame, seules 47 personnes ont été formellement identifiées grâce aux échantillons ADN fournis par leurs proches. Pour des familles comme celle d’Imtiaz Ali, qui a perdu son frère Javed, son épouse et leurs deux enfants, l’attente est insoutenable. Imtiaz, qui a fourni un échantillon ADN dès jeudi, n’a reçu aucune nouvelle des autorités hospitalières. Cette lenteur, bien que compréhensible face à la complexité de l’identification, exacerbe la douleur des proches.
“Je comprends que l’identification prend du temps, mais pourquoi un tel silence de la part de la compagnie ?”
Imtiaz Ali, frère d’une victime
Ce témoignage reflète un sentiment partagé par beaucoup : l’impression d’être abandonnés dans leur chagrin. Les familles, souvent contraintes de se rendre à l’hôpital à plusieurs reprises, repartent sans réponses, avec pour seule promesse un appel qui tarde à venir.
Le manque de soutien d’Air India pointé du doigt
Face à la tragédie, les familles s’attendaient à un soutien rapide et structuré de la part d’Air India. Pourtant, beaucoup rapportent un contact tardif ou inexistant de la compagnie. Imtiaz Ali, par exemple, n’a été contacté qu’un jour après le crash, et encore, de manière succincte. Cette absence de communication alimente un sentiment d’abandon, alors que les familles traversent une période de deuil intense.
La compagnie, de son côté, affirme avoir mobilisé des ressources importantes. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Air India déclare avoir établi un contact avec les proches de toutes les victimes et avoir déployé plus de 400 aidants à Ahmedabad. Chaque famille se serait vu assigner un soignant dédié, avec un accès à un soutien psychologique et à d’autres services. Campbell Wilson, PDG de la compagnie, a également partagé une vidéo pour réaffirmer cet engagement.
“Nous avons mis en place plus de 200 aidants formés pour accompagner chaque famille dans cette épreuve.”
— Campbell Wilson, PDG d’Air India
Malgré ces annonces, les témoignages des familles dressent un tableau bien différent. Pour beaucoup, le soutien promis reste théorique, et l’attente des corps pour organiser les obsèques accentue leur désarroi.
Des histoires personnelles déchirantes
Derrière les chiffres, ce sont des drames humains qui se jouent. Rinal Christian, une étudiante de 23 ans, pleure la perte de son frère Lawrence, qui vivait à Londres et travaillait pour une grande entreprise technologique. Lawrence était le pilier de la famille depuis le décès récent de leur père. Sa disparition laisse Rinal, sa mère et sa grand-mère dans une situation financière et émotionnelle précaire.
“Que va-t-il se passer maintenant ? Mon frère était tout pour nous.”
Rinal Christian, sœur d’une victime
Rinal raconte avoir fourni un échantillon ADN il y a quatre jours, mais l’hôpital n’a donné aucune nouvelle. À chaque visite, la réponse reste la même : “Nous vous appellerons.” Cette attente, combinée à l’absence de contact direct avec la compagnie aérienne, amplifie son désespoir.
Une aide financière annoncée, mais encore floue
Le groupe Tata, propriétaire d’Air India, a promis une aide financière de 110 000 euros pour chaque famille de victime. Cette annonce, bien que significative, n’a pas encore été concrétisée pour beaucoup. Rinal Christian, par exemple, n’a reçu aucune information à ce sujet, laissant planer une incertitude supplémentaire sur l’avenir de sa famille.
Pour d’autres, comme Suresh Patni, chauffeur à Ahmedabad, la douleur est double. Son fils adolescent a péri dans l’accident, et son épouse, grièvement blessée, est toujours hospitalisée. Suresh craint que l’annonce de la mort de leur fils ne compromette la santé fragile de sa femme, déjà affectée par de graves brûlures.
Victimes | Nombre | Détails |
---|---|---|
Passagers et équipage | 241 | Un seul survivant |
Personnes au sol | 38 | Touchées par l’explosion |
Identifications ADN | 47 | Sur 279 victimes |
Un deuil collectif et des questions en suspens
La ville d’Ahmedabad, marquée par cette tragédie, tente de panser ses plaies. Les obsèques de certaines victimes ont déjà eu lieu, mais pour la majorité des familles, l’attente des corps reste un calvaire. Ce drame soulève également des questions sur la sécurité aérienne et la gestion des crises par les compagnies aériennes. Comment une telle catastrophe a-t-elle pu se produire ? Quelles mesures seront prises pour éviter qu’elle ne se reproduise ?
Les familles, quant à elles, cherchent avant tout des réponses et un soutien concret. Pour Imtiaz, Rinal, Suresh et tant d’autres, chaque jour sans nouvelles est une épreuve supplémentaire. Leur combat pour honorer la mémoire de leurs proches et obtenir justice continue, dans l’ombre d’une tragédie qui a bouleversé leurs vies.
Ce drame, au-delà des chiffres, rappelle l’importance d’une prise en charge humaine et rapide dans les moments de crise. Alors que les enquêtes sur les causes de l’accident se poursuivent, les familles d’Ahmedabad espèrent que leur douleur ne sera pas oubliée et que des réponses leur permettront, un jour, de trouver un semblant de paix.