Mercredi 25 décembre, le Kazakhstan a été le théâtre d’un terrible accident aérien. Le vol J-8243 d’Azerbaijan Airlines, qui reliait Bakou à Grozny avec 67 personnes à bord, s’est écrasé peu après son décollage, faisant 38 morts. Si les circonstances exactes du drame restent à éclaircir, une hypothèse émerge déjà : celle d’un missile russe qui aurait abattu l’appareil par erreur.
L’ombre du Kremlin
Selon des experts militaires cités par la presse internationale, le système de défense antiaérienne russe Pantsir-S stationné près de Grozny pourrait être en cause. Plusieurs médias, dont le New York Times et l’agence de presse turque Anadolu, avancent cette piste sur la base de sources sécuritaires anonymes. Le Kremlin, lui, refuse pour l’heure tout commentaire avant la fin de l’enquête ouverte par les autorités kazakhes.
Si elle se confirmait, cette thèse raviverait le souvenir d’autres drames aériens où des avions civils ont été pris pour cible par erreur. Des événements tragiques qui posent la question de la sécurité du transport aérien dans les zones de conflits.
Vol MH17 : 298 vies fauchées
L’un des cas les plus emblématiques reste celui du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu le 17 juillet 2014 au-dessus de l’est de l’Ukraine, en guerre contre les séparatistes pro-russes. Les 298 occupants de l’appareil avaient péri. Après des années d’enquête, la justice internationale a conclu que le Boeing 777 avait été touché par un missile BUK de fabrication russe, et condamné par contumace trois suspects en novembre dernier. Moscou a toujours nié toute implication.
Téhéran-Kiev, aller sans retour
Plus récemment, le 8 janvier 2020, le vol PS752 d’Ukrainian Airlines a été la cible de deux missiles sol-air iraniens peu après son décollage de Téhéran. Un « erreur humaine » due à un contexte de vives tensions entre l’Iran et les États-Unis, ont reconnu les autorités iraniennes. Bilan : 176 morts, dont de nombreux binationaux iraniens-canadiens. Une « bavure » qui a suscité l’indignation internationale.
Une longue liste noire
Parmi les autres cas tristement célèbres, on peut citer :
- Juillet 1988 : l’Airbus d’Iran Air abattu par un navire américain (290 morts)
- Septembre 1983 : le Boeing sud-coréen détruit par la chasse soviétique (269 morts)
- Octobre 2001 : le Tupolev de Sibir Airlines touché par un missile ukrainien (78 morts)
En France aussi, le doute plane toujours sur le crash d’un avion d’Air France en Méditerranée en septembre 1968 (95 morts), qui pourrait avoir été causé par un missile lors d’un exercice militaire. Le secret-défense a été levé en 2019 sur ce dossier, sans dissiper toutes les zones d’ombre.
Des questions lancinantes
Chacun de ces drames soulève son lot d’interrogations. Comment un avion civil peut-il être confondu avec un appareil hostile ? Quelles sont les failles dans les procédures de tir ? La militarisation croissante des airs est-elle compatible avec le développement du trafic commercial ?
Les progrès technologiques, comme les systèmes d’identification ami-ennemi, n’ont pas éliminé le risque d' »erreur humaine » ou de défaillance en chaîne. Les conflits régionaux créent des tensions et un climat de méfiance propice aux réactions disproportionnées.
Un ciel paisible pour l’aviation civile reste un horizon lointain, au gré des soubresauts géopolitiques.
Le crash au Kazakhstan, s’il était lié à un missile russe, viendrait tragiquement le rappeler. Dans l’attente des conclusions de l’enquête, les familles de victimes espèrent obtenir la vérité. Pour que leurs proches ne soient pas morts pour rien. Et pour que le « plus jamais ça » tant invoqué dans ces circonstances ne reste pas un vœu pieux.