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Crash Air India : Les Familles Déchirées par le Deuil

Cinq mois après la chute du vol Air India sur Ahmedabad, Suresh pleure encore son fils de 12 ans écrasé sous ses yeux. Les flammes ont tout emporté… mais les indemnisations promises tardent et l’enquête piétine. Que cache vraiment cette catastrophe ?

Imaginez une journée ordinaire qui bascule en quelques secondes. Un grondement sourd, un ciel qui s’effondre, puis le silence assourdissant des vies brisées. Le 12 juin dernier, le vol 171 d’Air India s’est écrasé juste après son décollage d’Ahmedabad, emportant avec lui 241 passagers et 19 habitants au sol. Cinq mois plus tard, les familles oscillent encore entre larmes et colère.

Une tragédie qui marque encore les esprits

Le Boeing 787 Dreamliner venait à peine de quitter la piste lorsqu’une défaillance totale de carburant a coupé les deux moteurs. L’appareil, privé de puissance, a piqué du nez et s’est abattu sur un quartier populaire situé en bout de piste. En quelques instants, un océan de feu a tout englouti.

Seul un passager a survécu par miracle. Tous les autres occupants de l’avion ainsi que dix-neuf personnes au sol ont péri carbonisés ou écrasés sous les débris. Aujourd’hui, les stigmates sont toujours visibles : un immeuble noircit, des carcasses de voitures rouillées, et surtout des cœurs irrémédiablement brisés.

Akash, 12 ans, fauché devant le stand de thé familial

Dans une petite maison aux murs nus, une photo trône sur une étagère. Akash Patni, 12 ans, regarde l’objectif avec la sagesse tranquille des enfants qui portent déjà les espoirs de toute une famille. Chaque soir, ses parents, ses frères et sœurs allument des bougies devant son portrait.

Suresh Patni, 48 ans, revoit encore la scène comme si c’était hier. « Mon fils était assis près de notre stand de thé quand un morceau de l’avion l’a écrasé. Il a été réduit en cendres. On n’a même pas pu l’emmener à l’hôpital. » Sa voix se brise. Il n’y a plus de mots possibles.

« C’était notre petit dernier, le plus aimé. Il travaillait bien à l’école… On voulait qu’il continue ses études pour faire quelque chose dans la vie. »

Suresh Patni, père d’Akash

Sita Patni, la maman, porte encore les cicatrices physiques de cette journée maudite. Elle était à quelques mètres de son fils quand l’enfer s’est déchaîné. Elle a couru, tenté de l’arracher aux flammes. En vain. Son bras et son dos gardent la trace brûlante de ce combat perdu d’avance.

« J’ai mal tout le temps », confie-t-elle entre deux sanglots. « Ça s’est passé sous mes yeux. Je n’arrive plus à lever la tête quand un avion passe dans le ciel. » Elle n’a jamais rouvert son stand de thé. Le quartier est devenu un fantôme pour elle.

Kiritsinh et la perte brutale de son frère

Kiritsinh Chavda, policier municipal de 49 ans, se souvient du coup de téléphone de son père. « Un avion s’est écrasé dans le quartier. Ton frère et sa femme ne répondent plus. » Quand il arrive sur place, l’horreur est totale.

Les corps sont méconnaissables, calcinés. Il faudra près d’une semaine d’analyses ADN pour identifier officiellement son frère et sa belle-sœur. Depuis, Kiritsinh vit avec cette image insoutenable collée aux paupières.

« Les corps étaient très abîmés et brûlés. Il a fallu attendre presque une semaine pour être sûrs que c’était bien eux. »

Kiritsinh Chavda

L’interminable attente des indemnisations

Très vite après la catastrophe, Air India a versé l’équivalent de 25 000 euros à chaque famille endeuillée. Le groupe Tata, propriétaire de la compagnie, s’est engagé à compléter jusqu’à 100 000 euros par victime. Cinq mois plus tard, la majorité attend toujours.

Kiritsinh fulmine. « Ça fait plus de cinq mois qu’on patiente. On nous demande encore d’être patients. » La compagnie assure que plus de 95 % des familles ont reçu l’acompte et que la procédure suit son cours. Mais sur le terrain, la frustration est palpable.

Promesses d’Air India :
• 25 000 € versés rapidement
• Engagement à compléter jusqu’à 100 000 €
• « Soutien et soins » promis aux familles
• Priorité absolue selon le porte-parole

Pour certaines familles, l’argent reste secondaire. Pour d’autres, il représente la seule forme de reconnaissance concrète de leur souffrance.

Badasab Saiyed : « L’indemnisation, c’est secondaire »

Badasab Saiyed, universitaire retraité de 60 ans, a perdu quatre membres de sa famille : son frère, sa belle-sœur, un neveu et une nièce. Ils avaient initialement réservé un vol depuis Delhi, mais celui-ci annulé, on leur a proposé le vol fatal au départ d’Ahmedabad.

Très vite, il a rejoint une plainte collective déposée par un cabinet d’avocats britannique. Pour lui, l’essentiel n’est pas l’argent.

« L’indemnisation est secondaire. Ce qui compte, c’est de savoir pourquoi c’est arrivé. Défaut de maintenance ? Problème technique ? Erreur humaine ? Cela n’aurait jamais dû se produire. »

Badasab Saiyed

Il veut des réponses claires. Il veut que les responsables soient identifiés. Il veut que plus jamais une telle horreur ne se reproduise.

Quand l’enquête piétine et la douleur s’installe

Cinq mois après les faits, les causes exactes de la double panne de carburant restent floues. Les boîtes noires ont-elles parlé ? Les premiers éléments semblent pointer vers un possible problème de contamination du carburant ou une erreur lors du ravitaillement, mais rien n’est officiellement confirmé.

Pendant ce temps, les familles continuent de vivre au ralenti. Certaines n’osent plus regarder le ciel. D’autres sursautent au moindre bruit d’avion. Le quartier, lui, porte encore les cicatrices noires de l’impact.

Le stand de thé de Sita reste fermé. Les affaires de classe d’Akash sont toujours rangées dans son cartable, intactes. Les photos de famille n’ont plus la même saveur. Le rire d’un enfant de 12 ans ne résonnera plus jamais dans la petite maison.

Un survivant miraculé, des centaines de vies éteintes

Parmi les 242 personnes à bord, une seule a survécu. Les médias du monde entier ont parlé de ce « miracle ». Mais pour les familles des 241 autres, le mot miracle sonne comme une insulte.

Comment accepter que le hasard ait choisi une vie à épargner parmi tant d’autres ? Comment comprendre que des enfants, des parents, des frères et sœurs entiers aient disparu en un instant alors qu’une personne s’en sort presque indemne ?

Cette unique survie rappelle cruellement l’ampleur du désastre. 260 vies fauchées en quelques secondes. 260 familles plongées dans l’abîme.

Un deuil qui ne trouve pas d’apaisement

Pour Suresh Patni, l’enquête, les indemnisations, tout cela n’a plus d’importance. « Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire avec de l’argent ? » demande-t-il, les yeux perdus dans le vide. Rien ne ramènera son petit dernier.

Chaque bougie allumée devant la photo d’Akash est une prière silencieuse. Chaque larme versée est un morceau de cœur qui s’effrite un peu plus. Cinq mois, cinq ans, cinquante ans… certains chagrins ne connaissent pas de date de péremption.

Dans le quartier d’Ahmedabad, le temps s’est arrêté un 12 juin ensoleillé. Et malgré les débris nettoyés et les rues reprises par la vie quotidienne, la plaie reste béante. Elle saigne encore. Elle saignera toujours.

260 vies perdues.
Un seul survivant.
Des centaines de familles qui ne seront plus jamais les mêmes.

Derrière les chiffres froids d’une catastrophe aérienne se cachent des histoires humaines déchirantes. Des enfants qui ne grandiront pas. Des parents qui ne vieilliront pas auprès des leurs. Des rêves réduits en cendres en même temps que des corps.

Au-delà des enquêtes techniques et des batailles juridiques à venir, il reste cela : des visages sur des photos, des bougies qui vacillent, et des cœurs qui refusent de cicatriser.

Parce que certaines blessures ne se referment jamais.

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