Alors que la France entière a été soumise à de strictes restrictions sanitaires durant la crise du Covid-19, une récente étude met en lumière l’ampleur des infractions constatées durant cette période si particulière. Zoom sur ces comportements révélateurs d’une société sous tension.
2,7 millions d’infractions en 28 mois d’état d’urgence
Selon un rapport du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), pas moins de 2,7 millions d’infractions liées au non-respect des règles sanitaires ont été enregistrées entre mars 2020 et juillet 2022, période correspondant à l’état d’urgence décrété face à la pandémie.
Sans grande surprise, c’est lors du premier confinement au printemps 2020, le plus strict, que le nombre d’infractions a atteint des sommets avec un pic à 670 000 rien qu’en avril. Lors du deuxième confinement à l’automne, plus souple, ce chiffre est redescendu à 250 000.
L’Île-de-France, région la plus indisciplinée
Sur l’ensemble de la période étudiée, l’Île-de-France concentre à elle seule 54% des infractions constatées sur le territoire. Une surreprésentation qui s’explique en partie par la forte densité de population de la région, mais pas seulement.
Paris est ainsi le département qui affiche le ratio infractions/habitants le plus élevé avec 116 infractions pour 1000 habitants, suivi par la Seine-Saint-Denis (80 pour 1000) et la Guyane (76 pour 1000). Les grandes agglomérations ont été davantage touchées.
79% des infractions liées aux déplacements
Que ce soit des sorties sans attestation ou hors du périmètre autorisé, les restrictions de déplacement ont été le plus massivement transgressées, représentant près de 8 infractions sur 10. Cependant, cette proportion a diminué au fil des mois, passant de 90 à 55%.
En parallèle, la part des infractions liées au non-port du masque a quant à elle progressé de 7 à 31% entre 2020 et 2022. Un basculement révélateur d’une certaine lassitude face aux contraintes au long cours.
135€ d’amende dans 98% des cas
La quasi-totalité des infractions relevées (98%) ont donné lieu à une simple contravention de 4ème classe assortie d’une amende forfaitaire de 135€. Les contraventions de 5ème classe (1,5% des cas) concernaient principalement la participation à des rassemblements interdits.
Les délits, au nombre de 7000, comprennent en majorité des réitérations d’infractions mais aussi des usages de faux passes sanitaires, en particulier de la part de personnes refusant la vaccination.
Des hommes jeunes en première ligne
Dernier enseignement de ce rapport : les individus les plus fréquemment verbalisés sont des hommes âgés de 18 à 29 ans, une catégorie surreprésentée en Île-de-France et dans les grandes agglomérations.
Ces chiffres montrent que le “civisme sanitaire” a parfois atteint ses limites, surtout lors des confinements qui ont profondément bouleversé nos libertés de mouvement.
– Une source proche du dossier
Si le port du masque est entré progressivement dans les mœurs, le respect des restrictions de déplacement a été plus difficile sur la durée, en particulier pour les jeunes et les citadins soumis à des conditions de confinement souvent plus contraignantes.
Même s’il convient de garder à l’esprit que ces infractions restent très minoritaires au regard de la population française, elles illustrent les difficultés d’une société à se plier durablement à des règles liberticides, fusse au nom de l’intérêt général sanitaire. Un constat qui questionne notre capacité collective à affronter une nouvelle crise de cette ampleur.